Arrondissement d'Outremont

Une juive hassidique fait le saut en politique municipale

Montréal pourrait bientôt avoir une première élue de confession juive ultra-orthodoxe dans ses rangs.

Mindy Pollack, 24 ans, fera campagne pour le poste de conseillère de l’arrondissement d’Outremont, sous la bannière du parti Projet Montréal.

Cette nouvelle constitue un immense précédent. Car si Mme Pollack n’est pas la première personne de sa communauté à faire le saut dans l’arène municipale (Sydney Pfeiffer fut conseiller à Outremont, de 1991 à 2002), elle sera la toute première femme à le faire. Une révolution, considérant les préceptes extrêmement conservateurs de la religion juive ultra-orthodoxe.

Mindy Pollack admet que sa candidature a de quoi surprendre. Mais elle affirme que la situation ne lui laissait plus le choix. Les relations entre les communautés juive et francophone se sont dégradées à un tel point que la seule option était de s’impliquer politiquement, dit-elle.

« Je crois que c’est un pas dans la bonne direction, lance Mme Pollack. La situation doit changer et la meilleure façon de la changer est de se donner une voix. Le plus important est de rétablir le dialogue, car sans dialogue, on ne trouvera pas de solution. Le but est que tout le monde y trouve son compte. »

L'appui du grand rabbin

Certains leaders hassidiques ont apparemment exprimé leur scepticisme devant l’initiative de Mme Pollack. Mais la jeune femme dit compter sur l’appui du grand rabbin de Montréal, qui reconnaît l’importance de la démarche. « Je ne peux pas parler pour tout le monde dit-elle. Mais ceux à qui j’ai posé la question sont derrière moi. Ils savent que le changement doit passer par là. »

Candidat à la mairie de cet arrondissement pour Projet Montréal, Étienne Coutu reconnaît que ce « pavé dans la mare » n’est pas dénué d’intérêt politique. Les Juifs hassidiques représentent en effet environ 20 % des électeurs d’Outremont, une quantité non négligeable. Mais qu’on le veuille ou non, dit-il, l’arrondissement doit dorénavant faire une place à ce groupe de moins en moins marginal. « On ne peut pas être représentatif de notre population sans avoir quelqu’un de cette communauté pour dialoguer à même les élus », souligne M. Coutu.

Mindy Pollack, 24 ans, travaille dans un salon de beauté qui n’a rien d’hassidique. Elle parle français, anglais et yiddish. Elle a cofondé le groupe citoyen Amis de la rue Hutchison, dont la mission est de rebâtir des ponts entre les résidants d’Outremont. Si les tiraillements entre les communautés juive et francophone n’ont rien de nouveau, rappelons que les tensions se sont accentuées ces dernières années, avec l’adoption de règlements municipaux de plus en plus contraignants pour la pratique religieuse ultra-orthodoxe et des conflits ouverts entre certains citoyens et la communauté hassidique.

Porte-parole de la Coalition des organisations hassidiques d’Outremont (COHO), Alex Werzberger reconnaît que la candidature de Mme Pollack constitue une intéressante « nouveauté ». Mais selon lui, la communauté ultra-orthodoxe en était peut-être arrivée là.

« Homme ou femme, cela ne fait pas grande différence. Elle (Mindy) représente bien la nouvelle génération (d’ultra-orthodoxes), qui se sent plus à l’aise et incluse dans la société. Sa candidature pourrait être le début de quelque chose. La situation est au plus bas pour notre communauté. C’est un bon moment pour se présenter. Elle pourrait être à la bonne place au bon moment… »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.