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Comment transformer une idée en or

« L’époque des Steve Jobs où l’on pouvait démarrer dans son garage et finir par créer un empire est plus une image de marketing que la réalité. Structurer une idée et en faire un produit commercial exige beaucoup, mais beaucoup d’étapes », raconte Hilel Hamadache, directeur des opérations et des finances d’Evey, qui entend révolutionner le concept de la domotique.

C’est en 2012 que Keaven Martin, mordu de domotique, songe à lancer un système d’assistant personnel simple et facile d’installation. Deux ans plus tard, en compagnie de Shan Bernard, il fonde Evey. Depuis, c’est la course pour arriver à mettre sur le marché un produit fini.

« Lorsque l’on innove, on doit se demander si ce que l’on crée sert à quelque chose. Est-ce que l’on règle un problème et répond à un besoin ? Pour commercialiser une idée, il faut qu’il y ait un marché », explique Jean-Philippe Pépin, vice-président et leader national des technologies à la BDC. La meilleure façon d’avoir les réponses à ces questions est d’aller rencontrer les clients potentiels. Ce qu’ont fait les gens d’Evey.

« Il faut être ouvert à la critique, car il y a toujours des choses auxquelles on n’a pas pensé et qu’il faut retravailler. »

— Hilel Hamadache, directeur des opérations et des finances d’Evey

Fort de ces commentaires, les entrepreneurs sont retournés faire leurs devoirs. Ils ont amélioré leurs procédés, intégré l’incubateur de Centech, structuré leur offre de service et effectué une ronde de financement.

Un laboratoire vivant

Encore fallait-il tester l’innovation dans un contexte réel. Coup de chance, la Corporation de développement économique de la MRC de Joliette (CDEJ) avait justement démarré un projet de « laboratoire vivant » et l’un de ses testeurs correspondait au marché recherché par les cofondateurs d’Evey.

Étonnamment, c’est dans une résidence pour personnes âgées, les Habitations Bordeleau à Saint-Charles-Borromée, qu’Evey teste en ce moment son système. « C’est un marché aux besoins énormes auxquels répond notre technologie, car en s’adaptant au mode de vie des gens, on est capable de faire économiser de l’énergie, de rendre les appartements plus sécuritaires, etc. », dit M. Hamadache.

Sébastien Buisson, directeur général adjoint des Habitations Bordeleau, raconte que c’est la troisième fois que des entreprises se servent de ses installations pour tester leur technologie, et toutes ne sont pas couronnées de succès. « Après la présentation, on se donne normalement un délai de trois mois pour voir si cela fonctionne. Il faut que ce soit le plus simple d’utilisation possible, que l’entrepreneur soit ouvert à s’adapter au milieu. Rien de pire que de dire “non, c’est impossible de faire des modifications”. Quand les réactions de mes employés et de mes résidants sont négatives et qu’on ne peut rien changer, on tire la prise assez rapidement. »

Nicolas Framery, directeur général de la CDEJ, confirme qu’il faut être déterminé pour mener à bien une idée. « Il ne faut pas se décourager. Lorsqu’on regarde plusieurs entreprises, il n’y a pas que des histoires à succès. On ne voit pas les faillites, mais cela arrive. L’innovation est une aventure qui demande de la patience. »

De la patience, mais aussi du dynamisme. « Il faut se demander si notre idée est vraiment innovante », affirme Nicolas Framery. C’est pour cette raison que les cofondateurs d’Evey évoluent rapidement. Leur objectif : éviter de se faire dépasser.

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