OPINION

SOMMET DU G20 À BUENOS AIRES Un espoir mitigé

Demain et samedi, le premier ministre du Canada participera au sommet des chefs d’État du G20 à Buenos Aires, en Argentine.

À ce jour, le pays hôte subit un ralentissement économique auquel s’ajoute une grogne populaire à l’encontre de son gouvernement. Ce mécontentement populaire est également présent dans plusieurs pays du G20 et se traduit par une montée des partis politiques populistes prônant le protectionnisme. 

Paradoxalement, la communauté internationale des affaires des pays du G20, surnommée Business 20 (B20-G20), a présenté une série de recommandations sous le thème de « Construire un consensus pour un développement économique équitable et durable ».

Le Business 20, représentant 1200 entreprises et membres de fédérations nationales du secteur privé, a proposé plusieurs solutions aux gouvernements du G20 pour favoriser l’égalité des chances et l’inclusion économique. En voici trois.

Offrir une éducation de qualité pour tous

Le B20-G20 recommande de renforcer le système d’éducation afin que personne ne soit laissé pour compte en raison de son sexe, de sa situation socioéconomique ou de son lieu de résidence. De plus, avec l’avènement des perturbations technologiques, les gouvernements devront investir dans l’infrastructure numérique afin que les étudiants puissent avoir accès à des méthodes d’apprentissage innovantes.

Instaurer des mesures en faveur de l’égalité hommes-femmes sur le marché du travail

Alors que la participation des femmes sur le marché du travail dans les pays du G20 est 26 % moins élevée que celle de leurs collègues masculins, il est urgent d’enlever toute restriction légale qui peut nuire à la pleine participation des femmes sur le marché du travail et de renforcer le cadre légal afin d’éliminer toute forme de discrimination envers les femmes.

Investir dans l’accompagnement des entrepreneurs, notamment les femmes, les immigrants et les jeunes

Pour souligner cette recommandation, le B20-G20 a cité un exemple de réussite québécoise : le programme d’incubateur entrePrism de HEC Montréal qui œuvre particulièrement auprès des femmes et des hommes entrepreneurs issus de l’immigration et de la diversité. Financé par la Fondation Mirella et Lino Saputo, entrePrism a permis la création d’une centaine d’entreprises en cinq ans.

Bien que les hôtes argentins espèrent un consensus lors du sommet du G20, nous pouvons supposer qu’une telle possibilité est moins envisageable, considérant les récentes positions de notre voisin frontalier envers les accords multilatéraux ou ses attaques à la suite du G7 de Charlevoix en juin dernier.

D’ailleurs, l’absence du président Trump au dernier sommet de l’APEC il y a deux semaines laisse présager à nouveau un désintérêt envers les sommets multinationaux.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2016, on peut résumer les actions de l’administration Trump sur la scène internationale en quelques mots : protectionnisme, guerre commerciale, et une forme d’isolationnisme face aux alliances stratégiques mises en place depuis la période de l’après-1945.

Dépeindre les États-Unis comme la victime du commerce international plutôt que l’instigateur est l’approche privilégiée par Trump. Il faut avouer que si l’administration Trump interprète les propositions du B20-G20 comme des menaces pour son pays, le consensus tant souhaité par les pays membres sera alors mis en péril.

À quelques heures du sommet, on garde néanmoins un certain espoir, mais qui reste mitigé en raison de l’imprévisibilité du président américain. Reste à savoir si sa présence servira à développer les consensus nécessaires entre les pays membres pour améliorer leurs économies respectives, ou si elle deviendra une tribune du président Trump pour diminuer la pertinence du G20.

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