Fête des Mères
L’ère
des mères branchées
La Presse
Ni parfaite ni indigne, une nouvelle génération de mères prend sa place. En témoignent la naissance de nouveaux blogues consacrés à la maternité, façon
, et l’arrivée de nouvelles boutiques pour enfants à la page, à Montréal. Un créneau jusque-là laissé vacant, selon leurs instigatrices.« En tant que mère, t’as deux choix : soit t’es une mère DIY et tu fais tes petits pots biologiques, soit t’es une mère indigne. Mais peut-on être une mère normale, qui essaie de faire son possible ? »
La question, c’est une des mères les plus connues des nouveaux médias qui la pose : Carolane Stratis. Comme sa sœur jumelle Josiane, Carolane a eu son premier enfant l’an dernier, et l’indissociable lot de questions et découvertes déconcertantes qui vient avec.
Mais pour les deux filles à qui l’on doit Ton Petit Look (TPL) – un blogue mode dont le ton drôle et irrévérencieux a fait école –, pas question de s’interroger ou de s’indigner dans l’intimité de son salon.
Moins d’un an après la naissance de leurs bébés, les jeunes femmes ont ainsi lancé le mois dernier TPLMoms, un site auquel collaborent une cinquantaine de mamans et qui, un mois après son lancement, ne compte pas moins de 400 000 pages vues.
Oui, être jeune maman, c’est aussi manger des toasts et faire tomber les miettes sur la tête de son bébé qui dort contre soi. C’est aussi allaiter aux toilettes, tirer son lait dans les embouteillages, se demander à quel âge on peut amener bébé chez le coiffeur.
Autant de sujets qui, selon les deux sœurs, sont habituellement délaissés. « Toute la littérature sur la grossesse et la maternité est hyper positive, pour ne pas faire peur au monde, croit Josiane. Nous, on aimait beaucoup le storytelling des blogues américains, mais il n’y avait rien du côté québécois. »
La réponse, enthousiaste, des lectrices comme des collaboratrices semble bien leur donner raison.
Après la vague, au cours des dernières années, des blogues mode, cuisine et déco, les blogues « famille », alimentés par de jeunes mères, semblent prendre le dessus.
Tous les tons sont dans la blogosphère : il y a les très drôles, qui s’intéressent à la vie des mères (Scary Mommy), ceux des mamans très à la mode (Bleubird), ceux des familles très bobo, branchées déco (notamment The Socialite Family qui, comme son nom l’indique, est parisien).
À Montréal, la tendance est récente.
Il y a eu l’automne dernier le magazine en ligne anglophone
, qui titille la créativité des parents et des enfants. Toujours en anglais, la Montréalaise Kathryn Jezer-Morton devrait lancer son blog dimanche : youaremom.com. Dans une veine tantôt humoristique, tantôt réaliste, les blogues Les ptits pis moé et Maman a un plan font le plaisir des jeunes mères.Et il y a aussi Les Loupiots, un blogue mode et déco de Sabrina Hammoum, réalisatrice de documentaires de 28 ans et maman d’un petit Edgar. « Il y a un boom parmi les lecteurs, même ceux qui ne sont pas parents », constate la jeune femme. Oui, il y a, chez les jeunes parents, un appétit pour les belles choses. « Je crois qu'on peut avoir des enfants et préserver l’esthétique de ses décors », explique-t-elle. Les succès de son blogue ? Les chambres d’enfants, vues sur d’autres sites, et le mini-look de la semaine.
Les vêtements pour enfants signés par des designers européens ont aussi la cote.
Au moment où Amélie Thellen lançait sa boutique de vêtements en ligne Billie & Axel, une nouvelle boutique jouets et décoration pour enfants ouvrait ses portes dans le Mile End : Comme des enfants. On est loin des gammes pour enfants traditionnelles. « Je sélectionne par coups de cœur, en regardant quel design est beau et si c’est un objet avec lequel un enfant de 3 ans peut jouer, mais aussi plus tard », explique Marie-France Simard, propriétaire de la boutique.
À 34 ans, dont 10 ans passés dans le milieu du cinéma comme deuxième assistante à la caméra, Marie-France a senti le besoin d’amener une touche nouvelle dans l’offre des magasins pour enfants de Montréal. Comme des enfants, fruit de trois ans de réflexion, proposera ainsi un espace atelier pour adultes et enfants.