RÉUSSITE SCOLAIRE

La CAQ veut interdire aux employeurs d'embaucher des décrocheurs

Entre autres mesures pour contrer le décrochage, la Coalition avenir Québec (CAQ) propose qu’on interdise aux employeurs d’embaucher des jeunes qui auraient abandonné l’école avant l’obtention d’un diplôme.

« Nous souhaitons que soit modifiée la loi du travail pour que les employeurs ne puissent pas embaucher de jeunes décrocheurs, que ce soit à temps plein ou à temps partiel », a déclaré en entrevue à La Presse Jean-François Roberge, porte-parole de la CAQ en matière d’éducation.

À L'ÉCOLE DE 4 À 18 ANS

Cette proposition s’inscrit dans une réflexion de la CAQ qui, de façon générale, souhaite réclamer que les jeunes soient à l’école de 4 ans jusqu’à 18 ans. Ainsi, comme plusieurs autres acteurs du milieu de l’éducation, la CAQ souhaite notamment que la prématernelle devienne universelle, sans être obligatoire, que tous les enfants de 4 ans y soient donc admissibles sans y être contraints. La CAQ présentera le tout lors d’un colloque sur la réussite scolaire, qui se tiendra à Trois-Rivières ce dimanche.

Yves-Thomas Dorval, président-directeur général du Conseil du patronat, salue la volonté de la CAQ de lutter contre le décrochage. Il croit aussi que les entreprises ont « une responsabilité sociale à l’égard des jeunes ».

Il est cependant opposé à l’idée d’interdire aux décrocheurs d’investir le milieu du travail et d’obliger les employeurs à jouer à la police. 

« Si le jeune décrocheur ne peut pas travailler, de quoi va-t-il vivre ? Va-t-il devenir un sans-abri ? Un membre de gang de rue ? Faire de la prostitution ? Aller chercher des revenus illégaux ? Si tel est le cas, comme société, on ne sera pas plus avancé. »

— Yves-Thomas Dorval, président-directeur général du Conseil du patronat

Il fait aussi remarquer qu’un jeune peut facilement s’inscrire à l’école sans la fréquenter et que l’employeur n’en saura rien.

M. Dorval fait enfin remarquer qu’il peut être très souhaitable que des jeunes décrocheurs obtiennent un emploi pénible et peu rémunéré. « Cela peut être un très bon incitatif à retourner à l’école », dit-il.

Égide Royer, professeur en adaptation scolaire à l’Université Laval, est lui aussi opposé à l’idée d’empêcher les jeunes décrocheurs de travailler. « On ne peut quand même pas empêcher un jeune de gagner sa vie », dit-il.

Pour le reste, il est d’autant plus d’accord avec la majorité des propositions mises de l’avant par la CAQ qu’il milite pour ces mêmes idées « auprès de trois des quatre partis politiques » depuis des années, fait-il remarquer.

« Je crois que, par défaut, il faut faire en sorte que les jeunes soient à l’école de 4 à 18 ans. Nous avons 900 jeunes au Québec qui, chaque année, abandonnent l’école alors qu’il ne leur manquait qu’un ou deux cours pour obtenir leur diplôme de cinquième secondaire. Je pense que pour avoir le droit de décrocher, les jeunes et leurs parents devraient au préalable être obligés de demander une dérogation au ministère de l’Éducation. Au moins, en étant obligés de faire cette démarche, les jeunes seraient obligés de réfléchir à la gravité de leur décision. »

Aussi bien la CAQ que M. Royer – qui est l’un des experts appelés à prendre la parole au colloque de à Trois-Rivières – souhaitent que le Québec imite l’Ontario dans sa lutte très serrée contre le décrochage scolaire.

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