Prostitution juvénile

Un effet dissuasif sur les « abuseurs »

« Ce ne sont pas des clients. Ce sont des abuseurs. »

D’entrée de jeu en entrevue avec La Presse, le responsable des enquêtes criminelles à la police de Laval Serge Gaignard nous corrige.

« Un client, ça sous-entend une transaction économique légitime. Ici, on a affaire à des abuseurs qui achètent le consentement de jeunes filles », insiste ce directeur adjoint de la police de Laval.

Bien qu’un seul accusé ait plaidé coupable jusqu’à présent, M. Gaignard soutient que le projet Défensif a eu un effet dissuasif important sur d’autres « abuseurs ». D’autant plus que son corps policier n’a pas hésité à publier l’identité et la photo des 13 hommes arrêtés.

« On le voit dans nos enquêtes en cours. Les gars sont plus méfiants dans leurs échanges sur le web et par textos. »

— Serge Gaignard, Service de police de Laval

« Ils font référence au projet Défensif en demandant : “Comment je fais pour savoir que tu n’es pas une police ?”, ou encore :  “Es-tu majeure ou mineure ?”, raconte l’officier supérieur de la police. En ce sens, on atteint notre objectif de protéger notre jeunesse », explique le policier.

Le corps policier s’attend à des contestations judiciaires, puisque l’utilisation d’un agent d’infiltration pour coincer des clients est une première au Québec. D’autant plus que les conséquences pour les accusés, s’ils sont reconnus coupables, sont énormes (peine minimale de six mois de prison).

« On a bon espoir de passer le test de la Cour. On va suivre les procès de très près, soutient le policier d’expérience. Et en fonction des résultats, on va adapter nos enquêtes. »

« On va continuer nos opérations contre les abuseurs », insiste M. Gaignard.

Résultats attendus

Les autres corps policiers québécois suivront de près les prochaines étapes judiciaires de cette opération sans précédent.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) confirme son intérêt marqué pour les décisions du tribunal qui seront rendues dans cette affaire.

« Le développement de la jurisprudence va nous aiguiller pour nos prochaines interventions contre les clients », indique le commandant Michel Bourque, des crimes majeurs au SPVM.

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