Santé

Plus de pouvoirs aux pharmaciens, c’est urgent !

La Presse révélait le 20 décembre dernier que près de 50 000 Montréalais étaient inscrits au guichet d’accès pour les clientèles orphelines, c’est-à-dire sans médecins de famille (« Peu d’espoir de trouver un médecin »).

La Loi 41, qui permettra aux pharmaciens de poser de nouveaux actes comme prolonger une ordonnance ou prescrire des médicaments pour des conditions de santé précises, est déjà prête et fait partie des solutions capables de faire une différence immédiate pour la population, dès le premier jour, afin d’améliorer l’accès au système de santé. Mais trois mois après son entrée en vigueur prévue, la population l’attend toujours.

En décembre 2011, soit un peu avant Noël, la Loi 41 était adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale. Les changements qu’elle amenait étaient à ce point attendus que, lors de cette adoption, la députée Agnès Maltais exigeait que des rapports soient déposés tous les six mois à la Commission sur la santé pour garantir l’avancée rapide de la rédaction des règlements et leur entrée en vigueur « urgente ».

Un an plus tard, soit en décembre 2012, le Collège des médecins du Québec et l’Ordre des pharmaciens du Québec adoptaient des règlements et répondaient à cette demande.

À la fin du mois d’août dernier, soit quelques jours avant l’entrée en vigueur prévue le 3 septembre 2013, et après des semaines de négociation entre le gouvernement et l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires, le ministre de la Santé et des Services sociaux annonçait son report. Les Québécois devraient encore attendre pour pouvoir bénéficier de ces nouveaux services. Quelques jours ? Quelques semaines ?

L’Ordre des pharmaciens du Québec n’intervient pas dans les négociations entre les syndicats et le gouvernement. Mais dans ce dossier, il est question d’améliorer l’accès aux soins pour l’ensemble de la population. Nous jugeons donc important de rappeler avec constance et détermination la pertinence et l’urgence de l’entrée en vigueur de cette loi. Ailleurs au Canada, d’autres provinces ont adopté les règlements des années avant de parachever les négociations sur les nouvelles activités. Pourquoi ne pas faire de même ici ?

Pour que chaque Québécois ait accès à un médecin de famille dans un GMF ou dans une clinique médicale, les bons soins doivent être donnés par le bon professionnel de la santé, au bon moment. Les pharmaciens font partie de l’équation pour l’atteinte de cet objectif. Lorsque 2 millions de Québécois sur une population de 8 millions n’ont pas de porte d’entrée dans le système de santé, on atteint un point de rupture. Sur un nombre aussi important de personnes, il y a inévitablement des gens qui ont des problèmes de santé graves qu’on détecte trop tardivement.

Une étude récente publiée dans le British Journal of General Practice a démontré que 68 à 94 % des conditions mineures prises en charge par les pharmaciens au Royaume-Uni, depuis déjà une dizaine d’années, ont été résolues sans besoin d’une consultation supplémentaire. Ne s’agit-il pas là d’une solution simple qui permet d’améliorer l’accès ?

Avec le Nunavut, le Québec est le seul endroit au Canada à ne pas encore avoir permis ces nouvelles contributions aux pharmaciens. Pourtant, les besoins sont criants. Lorsqu’on sait que, dans 30 % des cas, les patients qui se rendent à l’urgence sont conscients que leur condition ne justifie pas un tel recours, mais s’y présentent quand même, faute d’option, il apparaît évident que le Québec peut faire mieux.

Le Québec a tout à gagner avec la Loi 41. Faisons le vœu que ce dossier se règle rapidement dès le début de 2014. Les citoyens du Québec ont droit, eux aussi, à ces services.

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