Cueillette sauvage

L’amélanchier

Nous vous présentons des produits sauvages comestibles qui se cueillent sur le beau, grand territoire québécois.

Le fruit de l’amélanchier a un goût qui rappelle un peu le bleuet et l’amande. C’est si délicieux qu’il est difficile de comprendre pourquoi l’amélanche (ou petite poire) a quasi disparu de notre alimentation (autour des années 60). Il a pourtant été consommé très abondamment par les autochtones d’Amérique, qui le mangeaient nature, mais aussi dans le pemmican, un mélange de viande, de gras et de fruits séchés.

« On a surtout cessé de consommer des fruits sauvages dans les années 60. La cueillette qui faisait autrefois partie de la vie de bien des gens est devenue plus rare et les gens ont préféré s’approvisionner dans les épiceries plutôt que dans les bois. Et puisque l’amélanche n’a pas fait l’objet d’une culture intensive comme les bleuets ou les fraises, eh bien, personne ou presque ne connaît cette petite baie si délicieuse et si abondante », nous explique Ariane Paré-Le Gal, de l’entreprise Gourmet sauvage.

Heureusement, l’amélanchier fait un retour, tant en cueillette qu’en culture. Plusieurs pépinières en vendent, comme arbre ornemental ou fruitier. Il en existe au moins sept espèces au Québec. Certaines deviennent de petits arbres atteignant jusqu’à 10 mètres de haut (les fruits sont ainsi plus difficiles à récolter !). D’autres sont arbustives et font de deux à quatre mètres.

L’amélanchier est présent dans presque toutes les régions du Québec. Il aime le soleil et pousse dans des environnements variés, comme les bords de lac, l’orée des bois et même en pleine ville. Mais c’est dans les Prairies que le fruit est le plus populaire. Au Manitoba ou en Saskatchewan, on va à la cueillette de « saskatoons » (le nom amérindien de la petite baie) et on en fait tartes et confitures.

Selon la saison et la région, les fruits sont mûrs vers la fin de juin ou le début du mois de juillet. À la fin de juillet, on n’en trouve plus.

Le Gourmet sauvage est l’une des rares, sinon la seule entreprise à commercialiser l’amélanche. Elle produit de la compote d’amélanches et vend le fruit congelé, au Marché 3 Piliers de la rue Gilford à Montréal, au Marché de solidarité de Rivière-du-Nord, à Saint-Jérôme, qui ouvrira ses portes sous peu, et aux restaurants.

« L’amélanche est probablement un des fruits sauvages les plus intéressants et “grand public”, en matière de goût et d’accessibilité, si le marché se développe un peu », conclut Ariane Paré-Le Gal.

LES PLANTES SAUVAGES ET LES COCKTAILS

Quelques mixologues travaillent avec les produits sauvages pour développer des cocktails à saveur locale. C’est le cas de Patrice Plante, à Québec, et d’Alexandre Taillon, barman au restaurant Manitoba, à Montréal.

« Le boréal est de plus en plus à la mode, tout comme le cocktail, mais quand on combine les deux, les gens sont un peu dépassés ! Le mieux, c’est de proposer des produits qui sont déjà sur le marché et faciles à utiliser, comme le sirop du thé du Labrador des Jardins sauvages (fameux dans un Tom Collins), le sirop de bouleau, le gin Ungava infusé aux plantes québécoises, etc. »

Patrice Plante pousse un peu plus loin en utilisant des petits fruits acides comme l’argousier pour remplacer les jus d’agrumes, en infusant des épices de la maison d’Origina dans ses sirops, en faisant des purées de petits fruits québécois comme l’amélanche, justement.

RECETTE

Pocahontas

INGRÉDIENTS

1 1/2 oz de rhum épicé

1 oz de sirop de baies d’amélanchier*

1 lime coupée en quartiers, pilée

PRÉPARATION

1. Mélanger tous les ingrédients dans un shaker. Ajouter de la glace et secouer vigoureusement pendant 6 à 8 secondes.

2. Filtrer dans un verre rempli de glace et décorer de quelques pousses de notre forêt et de 3 baies d’amélanchier.

* Pour réaliser le sirop d’amélanches, extraire le jus des baies fraîches ou décongelées à l’aide d’un presse-agrumes. Ensuite, faire frémir sur le feu une partie de sucre pour une partie de jus d’amélanches jusqu’à ce que tout le sucre soit dissous. Refroidir. Le sirop se conservera 2 semaines au réfrigérateur.

NOTE

La cueillette de produits sauvages ne s’improvise pas. Beaucoup de plantes se ressemblent, et si plusieurs sont délicieuses, certaines se révèlent toxiques. Histoire de garder la santé, mais aussi de protéger la ressource, nous ne saurions trop vous recommander de vous les procurer au marché ou auprès de cueilleurs chevronnés.

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