Griffintown

Des condos toujours prisés

L’attrait qu’exerce Griffintown ne semble pas se démentir.

Depuis 2011, 933 condos ont été bâtis. À l’heure actuelle, 1761 sont en construction. Dans deux coopératives d’habitation, 263 logements prennent aussi forme, révèle l’arrondissement du Sud-Ouest. Et c’est loin d’être fini. Plus de 5000 autres logements (dont au moins 600 logements communautaires) pourraient s’ajouter au cours des prochaines années.

« Depuis le début, nous sommes très enthousiastes devant la revitalisation de Griffintown, indique Michel Leblanc, président et chef de la direction de la chambre de commerce du Montréal métropolitain. Il y a eu de nombreuses critiques, mais on voit que les gens veulent y habiter. Beaucoup désirent demeurer en ville et sont intéressés par ce qui est proposé. »

En 2004, quand Prével a offert ses premiers condos dans l’ancienne usine Lowney, où a longtemps été fabriquée la célèbre Cherry Blossom, on le regardait comme un extraterrestre, se rappelle en riant Jacques Vincent, coprésident de l’entreprise. « Ç’a été dur pendant quelques années, mais ça a valu la peine », dit-il.

Le complexe Lowney, qui a innové avec ses petits condos et ses espaces communs sur les toits, compte maintenant 11 tours d’habitation ! S’ajoute dorénavant le Lowney sur Ville.

« La clientèle n’a pas beaucoup changé, constate M. Vincent. Le Lowney attire des jeunes et des célibataires au tempérament audacieux et au budget serré. Les couples et les familles plus établies vont plutôt aux Bassins du Havre, dans un environnement plus tranquille. »

À sa façon, Serge Goulet contribue aussi à la métamorphose de Griffintown depuis 2005. Le projet initial de Devimco, loin de faire l’unanimité, a été révisé à la baisse. Mais la vision demeure la même et elle se concrétise avec la construction des trois complexes District Griffin.

« On veut créer un milieu de vie où les gens pourront habiter, travailler, se divertir, magasiner et aller au restaurant, indique M. Goulet, président de Devimco Immobilier. C’est plus compliqué et cela coûte plus cher d’amalgamer différentes composantes dans un même complexe, mais cela vaut la peine. »

L’accueil réservé aux projets d’une douzaine de promoteurs dans Griffintown demeure très favorable, même si le marché est plus hostile qu’avant, note Mathieu Collette, directeur des études de marché du condo au sein du Groupe Altus.

« On voit deux catégories, précise-t-il. Les projets bien situés, qui offrent des condos répondant aux besoins du marché, à un prix compétitif, se vendent bien. Ceux-ci représentent environ 80 % du marché. Les 20 % restants, moins bien placés, trop chers et mis en marché par un promoteur peu expérimenté, ont plus de difficulté depuis environ six mois. On s’attend à ce que certains de ces projets soient retirés du marché. »

Malgré l’abondance de projets offerts tout près, au centre-ville de Montréal, le marché demeure très dynamique, précise M. Collette. Alors que les condos au centre-ville se vendent en moyenne entre 475 et 575 $ le pied carré, ils coûtent en moyenne entre 375 et 475 $ (taxes incluses) dans Griffintown. Un écart de 100 $ le pied carré.

Les acheteurs sont exigeants, constate Patrice Groleau, propriétaire de l’agence immobilière McGill, qui représente le quart des condos neufs à Montréal.

« Ils veulent de la qualité, au-delà uniquement des cuisines, des planchers et des salles de bains, précise-t-il. Ils s’informent, par exemple, sur l’insonorisation et la qualité des fenêtres. Ils veulent sentir qu’ils font un bon investissement à long terme.

« À Griffintown, ils recherchent un quartier d’avenir avec un urbanisme de nouvelle génération unique à Montréal, ajoute-t-il. Avec le Vieux-Montréal historique, l’eau, le centre-ville, plusieurs universités et le marché Atwater comme voisins, c’est difficile de trouver un meilleur emplacement. »

Et la revente ? Comme ailleurs à Montréal, on se retrouve avec un marché qui favorise les acheteurs, note Geneviève Pelletier, courtier immobilier chez Re/Max McGill.

« Les condos des nouvelles constructions s’ajoutent aux condos en revente, dit-elle. Les acheteurs ont l’embarras du choix et sont en meilleure position pour négocier. Si le prix n’est pas compétitif et que rien ne la distingue, la propriété restera plusieurs mois sur le marché. »

Il ne faut pas acheter un condo en espérant faire rapidement un coup d’argent, met en garde le promoteur Luc Poirier, qui finit de construire avec Diamond Trust le complexe Griffix. Car beaucoup de condos sont offerts dans le même secteur.

« L’argent se fait à l’achat, explique-t-il. Si le prix est moins élevé au départ et que le propriétaire habite un petit bout de temps dans l’appartement, il n’y a pas de problème. Il pourra bien s’en tirer au moment de la revente. »

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