NAUTISME

Mylène Paquette et sa phobie… de l’eau

Fini les tempêtes et l’immobilité pour Mylène Paquette. Profitant d’un courant favorable et d’une météo clémente, elle est enfin parvenue à reprendre sa traversée de l’océan Atlantique à la rame, à un rythme beaucoup plus rapide que celui des dernières semaines.

La navigatrice progresse en effet de belle façon depuis qu’elle a réussi à atteindre le Gulf Stream, la semaine dernière. « C’est beaucoup plus facile maintenant, se réjouit-elle. Après ce que j’ai enduré dernièrement, je pense que je le mérite bien ! »

Mylène se situait à une distance d’environ 330 milles nautiques (611 kilomètres) de la moitié de son parcours lorsque La Presse s’est entretenue avec elle, hier. Elle tentera maintenant de garder le cap vers l’est autant que possible.

Si elle parvient à réussir sa mission de ramer approximativement 45 milles nautiques par jour, c’est donc dire qu’elle devrait arriver à mi-chemin d’ici une semaine.

« Mon objectif, c’est d’ouvrir la bouteille de champagne que je m’étais amenée pour souligner ma mi-parcours la semaine prochaine », confie-t-elle.

Mais avant toute chose, Mylène devra d’abord effectuer sa première plongée dans les eaux de l’océan afin de nettoyer le dessous de la coque de son navire, où se sont accumulés de nombreux petits mollusques qui ralentissent son élan.

N’allez cependant pas croire qu’il s’agit là d’une tâche de tout repos pour elle. Bien au contraire. Pour mener à bien cette opération de nettoyage, elle devra affronter sa plus grande phobie : celle de l’eau.

Mylène et son équipe ont d’ailleurs fait appel aux services d’une psychologue sportive du Royaume-Uni afin de l’aider à relever ce défi.

« Je pense que ça vient du temps lorsque j’étais plus jeune et que je faisais du ski nautique avec mon père, explique-t-elle. Je tombais toujours dans les algues. Je me rappelle que je restais prise et que je criais. Aujourd’hui, même dans une piscine, je ne veux pas être seule. Mes oreilles bourdonnent et j’ai des vertiges. »

Une navigatrice traversant l’Atlantique à la rame et en solo qui craint l’eau. Ironique, dites-vous ?

« C’est ironique, mais je pense que d’affronter nos peurs, c’est un peu ça, la vie. On ne peut pas rester prisonnier de ça éternellement », estime-t-elle.

Décalage horaire

Par ailleurs, à mesure qu’elle progresse vers Lorient, en France, Mylène doit composer avec un autre obstacle incontournable : le décalage horaire.

Son embarcation est munie de cadrans programmés selon quatre fuseaux horaires différents. Ceux de la France, du Québec et du Grœnland, de même que l’heure universelle.

« Je ressens le décalage presque tous les jours, explique Mylène. Le problème, c’est que je vais me fier à l’heure qui fait mon affaire. Par exemple, si j’ai envie de me lever tard, je vais prendre l’heure du Québec. Mais mon équipe se fie toujours sur l’heure universelle. »

A-t-elle de la difficulté à gérer l’épuisement lié au décalage, qui s’ajoute à celui qui vient au terme des longues journées passées à ramer ? « Je peux négocier avec ça, mais quand je suis fatiguée, il faut que je m’autorise à m’arrêter, sinon je pourrais me blesser », répond-elle.

Chose certaine, la fatigue ne l’empêche pas de garder contact avec la terre ferme. Elle a justement eu l’occasion de faire part de son expérience aux élèves de son alma mater, le Collège Reine-Marie, situé dans le quartier Ahuntsic. Une expérience qu’elle a particulièrement appréciée.

« Ce sont certains de mes anciens professeurs qui m’ont approchée. J’étais vraiment surprise et flattée qu’ils se souviennent de moi. Les jeunes me posaient des questions super pertinentes. Ce fut vraiment un honneur pour moi que de pouvoir leur parler. »

Parions qu’elle en aura encore beaucoup à leur raconter une fois arrivée à destination. 

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