Thermographie

Combler les fuites… sans ouvrir les murs

Angelina Chia et Claude Langlais avaient trouvé le condo de leurs rêves, l’été dernier, dans le Vieux-Montréal. Or, durant l’inspection préachat, des taches d’humidité suspectes ont été observées au plafond. Aiguillés vers un thermographe, ils ont fait faire une inspection thermique de l’appartement afin de déterminer le problème et de le régler.

Une caméra thermique professionnelle, capable de détecter un écart de température d’un dixième de degré, a décelé beaucoup de mouvement d’air dans les murs près des conduits de ventilation. La cause ? Ces conduits étaient mal attachés et mal scellés. Les fuites d’air à cet endroit faisaient de la condensation, qui dégoûtait sur le gypse. Elles entraînaient aussi une importante perte d’énergie.

Une solution leur a été proposée, qui ne les a même pas obligés à ouvrir les murs : l’injection de particules de résine à l’état gazeux dans le système de conduits pour sceller toutes les ouvertures et le rendre étanche. Les particules adhésives suivent l’air qui cherche à fuir par tous les trous, s’agglutinant pour finalement les boucher. Le colmatage des conduits à l’aide du procédé Aeroseal a permis de réduire de 81 % les fuites aérauliques des conduits. Avant de procéder, l’équipe avait pris soin de reconnecter un des branchements des conduits et de nettoyer ceux-ci.

« On cherchait un condo qui ne nécessiterait pas trop de rénovations. On a décidé d’investir dans ce type de travaux pour améliorer notre confort énergétique et pour notre santé. On ne voulait pas avoir de la moisissure. »

— Claude Langlais

Le coût ? 517 $ pour l’inspection thermique et 3450 $ pour la réparation, le nettoyage et le colmatage des conduits avec le scellant aux propriétés élastiques, qui émet très peu de composés organiques volatils (COV). Déjà, pour le chauffage d’appoint, Hydro-Québec prévoit que la facture annuelle passera de 2247 $ à 1549 $. Une diminution de 700 $.

En progression

Les inspections thermographiques commencent à se faire plus régulièrement au Québec, constate Jacques Wagner, thermographe de niveau 3 (le plus élevé) certifié en science du bâtiment et en thermographie par drone.

« Le balayage thermique avec des caméras de type professionnel, qui ont 76 800 pixels, soit 320 sur 240, se fait partout au Canada pendant l’inspection préachat, indique-t-il. Cela commence ici. »

Une telle caméra coûte au minimum 10 000 $ et son prix peut grimper jusqu’à 60 000 $. « Elle montre le manque d’isolation, les infiltrations d’eau, les infiltrations et les exfiltrations d’air, les nids d’insectes et même les problèmes dans les structures de bois ou de béton. »

« Le coût de la prévention revient à 10 % de celui de la réparation, note M. Wagner, qui est formateur depuis 18 ans pour l’organisme international Infrared Training Center et préside le Centre de thermographie du Canada. Mieux vaut le faire, avec notre climat extrêmement difficile. Des compagnies d’assurance exigent l’inspection des toits plats d’une vingtaine d’années par un thermographe spécialisé avant de renouveler une police. »

Le coût d’une inspection thermique par un thermographe ? Environ 600 $, autant pour une maison que pour un condo, puisque les aires communes sont aussi analysées. La facture du procédé Aeroseal revient habituellement à moins de 2000 $.

Améliorer une maison centenaire

Philippe Dunsky, expert en matière d’efficacité énergétique, s’est aussi tourné vers le procédé Aeroseal et la thermographie pour enrayer les problèmes causés par des travaux mal faits il y a environ six ans.

Quand il a acheté sa maison construite en 1906, dans le Plateau, il a fait installer un système géothermique, fait isoler la demeure et fait poser d’excellentes fenêtres écoénergétiques. Malgré tout, il perdait énormément de chaleur. À la tête de l’entreprise Dunsky Energy Consulting, qui conseille les gouvernements et les sociétés énergétiques sur les façons d’aider les consommateurs à économiser de l’énergie, il a décidé de régler la situation.

Le problème était de taille, puisque les conduits du système de chauffage et de distribution de la chaleur avaient été mal installés, tout comme les fenêtres et l’isolation. Pour s’assurer que sa demeure soit structurellement solide, sans risque d’infiltration d’eau, il a élaboré un plan d’action. « C’est mon domaine, explique-t-il. Je veux voir jusqu’à quel point on peut utiliser de nouvelles technologies pour diagnostiquer des problèmes et apporter des améliorations dans une vieille maison centenaire. Les conduits ont été scellés, et l’amélioration est dramatique. Nous avons maintenant en masse de chaleur. Nous attendons les résultats de la thermographie. » Il prendra alors les mesures nécessaires pour optimiser son domicile. Son but ? Obtenir une cote énergétique exemplaire. À suivre.

Parc immobilier entre bonnes mains

L’Office municipal d’habitation de Rimouski-Neigette veut s’assurer que les bâtiments résidentiels sous sa responsabilité soient performants. « Cela passe par l’innovation, en améliorant l’étanchéité et le niveau d’isolation des enveloppes des immeubles, indique Alain Hamel, directeur du service technique aux immeubles. On améliore aussi l’étanchéité des conduits des systèmes de ventilation pour un confort accru. » Dans le cadre d’un projet-pilote, l’automne dernier, l’organisme a eu recours aux scellants Aeroseal et Aerobarrier (de la même famille, utilisés différemment). Selon la situation, les conduits ou les logements ont été scellés. Dans ce dernier cas, les problèmes de transfert de son et d’odeurs (fumée de cigarette, marijuana ou cuisson) ont été éliminés. « Les résultats sont probants, révèle M. Hamel. C’est en train de se répandre dans le réseau. »

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