Portfolio Énergie

Place à l’hydroélectricité et à la biomasse

Au mois de juillet 2013, la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, confiait à Normand Mousseau et Roger Lanoue le mandat de « dresser un tableau fidèle de l’approvisionnement, de la production, de la mise en valeur et de la consommation des différentes formes d’énergie au Québec ».

En janvier dernier, les deux coprésidents de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec ont déposé le rapport Maîtriser notre avenir énergétique. Les auteurs y remettent en question certains choix stratégiques de l’État québécois. Ils ont répondu aux questions de La Presse.

Quel est, selon vous, l’enjeu énergétique le plus important actuellement au Québec ?

Comment réduire notre dépendance et notre consommation de pétrole. Cela nous affecte à la fois d’un point de vue économique et environnemental. Il faudrait remplacer le pétrole, notamment par la biomasse forestière et l’hydroélectricité. Nous serions alors une économie encore plus compétitive.

Il a beaucoup été question des surplus énergétiques d’Hydro-Québec, que la société d’État estime à 75 térawattheures pour les 10 prochaines années. Qu’en est-il ?

C’est Hydro-Québec Distribution qui évalue ces surplus à 75 TWh. Globalement, il y en aurait plus que ça. Si on ajoute Hydro-Québec Production, on est plus aux alentours de 30 TWh par année, dont 10 TWh peuvent être exportés à profit, si les conditions sont idéales. Les autres 20 TWh trouvent preneurs, mais à des prix variant entre 3 et 12 ¢/TWh, ce qui n’est pas rentable. Nous estimons que d’ici 2017, le déficit associé aux surplus sera de 1,2 milliard annuellement et qu’il pourrait atteindre 1,5 milliard.

Que doit-on faire pour réduire, sinon écouler ces surplus ? Les trois futures lignes de transmission en Nouvelle-Angleterre deviennent-elles intéressantes ?

Ces lignes ne sont pas encore construites. Si, en partant, elles coûtent, disons, 6 ¢/kWh, pensez-vous que nous allons être capables de leur vendre notre électricité à gros prix ? Ces lignes seront intéressantes dans la mesure où elles donneront accès à un important marché durant les heures de pointe qui, à notre avis, représentent environ 1200 heures par année. Il faut donc investir ailleurs, arrêter les projets de barrages, comme La Romaine, et d’éoliennes. On ne doit plus en rajouter. Il faut plutôt mettre l’argent dans la biomasse forestière, qui crée deux fois plus d’emplois pour le même dollar investi. Ça ne passe pas non plus par les alumineries qui veulent payer 3 ¢/kWh. Ça prend des projets plus porteurs.

Si vous étiez au pouvoir, quels gestes feriez-vous dans les plus brefs délais ?

Nous ne sommes pas au pouvoir. Notre rapport montre des directions à suivre, des recommandations. Nous espérons que le gouvernement en tiendra compte au moment de mettre en place une politique énergétique.

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