Grossesse

Moins de risques d’accouchement prématuré à 30 ans qu’à 20 ans

C’est étonnant, mais adapté à notre époque. Statistiquement, le meilleur âge pour qu’une femme ait un risque bas d’accoucher prématurément, « ce n’est pas 20 ans », dit le Dr François Audibert, chef du service de médecine fœto-maternelle au CHU Sainte-Justine et professeur à la faculté de médecine de l’Université de Montréal. « C’est entre 30 et 34 ans. »

Voilà ce qu’indique une étude épidémiologique qui a recensé 165 195 naissances dans 32 hôpitaux du Québec, entre 2008 et 2011. Les mères de moins de 20 ans, les grossesses multiples, les malformations fœtales et la mort intra-utérine ont été exclues de l’échantillonnage, pour ne pas fausser les données.

Le risque de prématurité – c’est-à-dire de bébé naissant à moins de 37 semaines de gestation – suit une courbe.

Styles de vie

« On pense que c’est relié à des variables sociodémographiques et à des styles de vie, avance le Dr Audibert. On comprend bien qu’aujourd’hui, une femme de 20 ans qui a un enfant ne vit pas nécessairement dans les mêmes conditions qu’une femme de 30 ans, qui a fini ses études, qui a un travail stable, etc. »

« À 30 ans, les grossesses sont probablement bien suivies. Il y a moins de tabac, moins de drogue, moins d’alcool. Il y a plein de choses que les femmes de 20 ans ont tendance à faire et qu’on ne fait plus à 30 ans. »

— Le Dr François Audibert, chef du service de médecine fœto-maternelle au CHU Sainte-Justine

« Il faut toutefois rester prudents, parce qu’on n’avait pas dans notre banque de données des informations démographiques ou socioéconomiques très détaillées. »

Une chose est sûre, cela tombe bien. Au Québec, les femmes ont accouché en moyenne à 30,6 ans en 2016 et 2017, tous rangs de naissance confondus, rapporte l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Depuis 2013, c’est chez les femmes de 30 à 34 ans que la fécondité est la plus élevée.

« La société a évolué, observe le Dr Audibert. On reporte volontairement l’âge moyen de sa première grossesse, et donc des suivantes aussi. C’est assez rassurant de voir que c’est tout à fait sécuritaire, et peut-être même conseillé, entre guillemets, d’attendre la trentaine. Évidemment, on ne va pas déconseiller à une femme de 22 ans d’être enceinte, si tout va bien par ailleurs dans sa vie. Il ne faut pas qu’on soit trop prescriptif ou dirigiste suite à cette étude. »

Effets de l’âge maternel avancé

Au départ, « nous voulions confirmer d’autres études qui disent que plus l’âge maternel avance, plus on a des complications de type hypertension ou diabète de grossesse, qui en elles-mêmes peuvent conduire à des accouchements prématurés, explique le Dr Audibert. Nous voulions savoir : est-ce que c’est juste parce que la mère est plus âgée qu’elle a un accouchement prématuré ou est-ce par le biais des complications médicales de la grossesse, qui sont plus fréquentes ? »

La réponse, c’est qu’à la fois la prématurité spontanée et les complications médicales « sont un peu plus fréquentes après 35 ans, et surtout au-delà de 40 ans », indique le Dr Audibert.

Ce qui n’était pas aussi prévisible, c’est « qu’il y a un peu plus de risques d’accoucher prématurément, sans raison médicale intercurrente, entre 20 et 25 ans, et même entre 25 et 30 ans, qu’entre 30 et 34 ans », détaille le professeur d’obstétrique-gynécologie, qui a coordonné cette étude cosignée par quatre autres chercheurs. Le risque de souffrir d’hypertension de grossesse, c’est-à-dire de prééclampsie, suit cette même courbe.

« Heureusement, que la mère ait 20 ans ou 40 ans, la majorité des grossesses se passent bien, souligne le Dr Audibert. Il ne faut pas perdre ça de vue. »

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