À VOTRE TOUR

Humour facultatif

Mine de rien, la fin des vacances approche. Bientôt, il sera temps de choisir les activités que feront nos enfants à l’automne. Recommencera alors ce rythme quotidien effréné qui a parfois tendance à les épuiser. En les bombardant d’activités, contribuons-nous bien involontairement à un certain décrochage scolaire ?

En faisant deux ou trois activités simultanées à l’extérieur de l’école, l’enfant comprend-il que l’école n’est pas très importante, intéressante, utile ? Cela est-il confirmé, par exemple, quand l’entraîneur peut en tout temps retirer les jeunes de l’école pour aller jouer une partie, peu importe ce qu’il y a au programme scolaire ?

Il faut s’entendre : il n’y a pas que l’école dans la vie. L’équilibre est nécessaire. Je comprends tout cela. Cependant, vu l’état actuel du décrochage (celui qui est comptabilisé dans les statistiques bien sûr, mais beaucoup plus grave, le décrochage intellectuel qui se produit à un âge de plus en plus précoce), il faut se questionner sur les causes.

Stéphane Laporte disait que l’enseignant doit être passionné par sa matière et je suis tout à fait d’accord. Cependant, il ne faut pas s’attendre à ce que nos enseignants soient des amuseurs publics ou des artistes de variétés au quotidien ! Premièrement, nombre d’entre eux vous diront que ce n’est pas leur tasse de thé. Deuxièmement, ce n’est pas leur mandat ! Si on s’attend à assister à un spectacle d’humour chaque fois qu’on arrive en classe, nos attentes sont irréalistes.

Analogies

Si j’entre dans un restaurant pour acheter des chaussures, il est fort probable que je serai déçue… très déçue, même !

Si je vais voir mon médecin pour qu’il me fasse rire, je me suis visiblement trompée d’adresse.

Si je vais voir mon mécanicien pour un nettoyage de dents… Vous voyez ce que je veux dire.

Comment, alors, en est-on arrivé à s’attendre à ce que tout soit « le fun » à l’école ? Instruire. Socialiser. Qualifier. Voilà la mission de l’école québécoise. Amuser, faire rire, distraire n’y est pas inscrit ; c’est un bonus facultatif. Tant mieux si ça se produit, mais ça ne doit pas être la motivation première. Il faudra trouver cela ailleurs !

Si on revenait aux activités… Bien sûr, par le biais de celles-ci, nos jeunes peuvent compléter leur éducation au sens large, s’amuser, s’entraîner, se dépasser. Aussi, loin de moi l’idée de bannir les activités qui enrichissent nos enfants, mais je nous encourage à réfléchir à l’équilibre nécessaire pour que l’éducation conserve (ou retrouve…) l’importance qui doit lui revenir.

Une certaine retenue est certainement souhaitable. Pensez-y avant de signer allègrement des chèques pour inscrire vos enfants à mille et une activités… Est-ce que ce sera trop si on tient compte des responsabilités scolaires ?

On connait les aptitudes de nos enfants. Pour bâtir leur estime de soi, on doit les placer dans un cadre qui leur permettra de vivre des succès et des défis à la hauteur de leurs capacités. Tenons-en compte pour les activités. Bonne rentrée !

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