Mécanique
du couple

Cette semaine, ma truculente patronne m’a suppliée de vous écrire quelque chose sur le couple. J’avoue, elle n’a pas eu à me tordre le bras bien fort. Le couple, c’est pas mal avec ça que je fais mon beurre. J’écris même un livre sur le sujet. Mais ça, vous le savez déjà. Pis ceux qui l’ignoraient, suivez donc un peu. Ça ne se fait pas, manquer l’une de mes chroniques. La preuve : vous ratez tout.

Ça fait que c’est ça, j’écris un billet sur le couple. C’est parce que mon journal a mené une grande enquête sur la vie à deux. Et, pour m’aider à rédiger mon billet, truculente patronne m’a envoyé les résultats de ce sondage amoureux avant qu’ils ne soient publiés. Oui, je suis très VIP à La Presse. La seule affaire, c’est que le sondage ne m’a pas appris grand-chose que je ne savais pas déjà. C’est grâce aux lettres que vous m’envoyez que je connais les relations matrimoniales de bord en bord. Mais résumons quand même : l’argent est la cause première de chicane, les couples les plus heureux sont ceux qui s’accordent du temps de qualité ensemble, les enfants sont une source de tension et la fréquence des rapports sexuels est importante, surtout pour les hommes (euh… pardon ?). Il y a aussi la question de l’infidélité qui vous turlupine. Mais je pense que vos parties de jambes en l’air hors mariage mériteraient un sondage à elles seules. Nous y reviendrons un autre samedi.

Maintenant qu’on a fait le tour des lieux communs de notre bonheur conjugal, on va se dire les vraies affaires. Le problème, ce n’est pas l’argent, les enfants, le manque de temps ou l’unique baise de la semaine, le dimanche, après 125, Marie-Anne. Non, ce qui cloche, c’est que beaucoup de gens forment un couple pour de drôles de raisons.

Prenez les high school sweethearts. Ceux-là sont ensemble depuis qu’ils ont 12 ans et demi et partagent l’hypothèque, trois enfants et deux paiements auto. Ils vont habituellement dans le Sud l’hiver et boivent des cocktails tropicaux en série pour oublier qu’ils se dirigent à pleine vitesse vers la crise de la quarantaine. Puis, il y a les trentenaires un peu désespérés qui se casent avec quelqu’un qui fait à peu près leur affaire. Plus honnêtement, ils cherchent une personne avec qui ils s’obstineront moins de 15 minutes avant de choisir un film sur l’Apple TV. Et si cette personne consent à donner son sperme ou à faire office d’incubateur dans la prochaine année, c’est un gros gros atout.

Il y a aussi les couples qui font des efforts incommensurables pour passer le moins de temps possible ensemble. Monsieur veille dans le garage avec ses chums de gars pendant que madame, bien assise à la table de la cuisine, fait du scrapbooking avec ses trois sœurs. Ceux-là, je ne comprends pas vraiment ce qu’ils font ensemble. Mais eux autres non plus, donc ça s’annule.

Venons-en à la catégorie de couple que je redoute le plus, ceux qui se haïssent. On connaît tous un couple qui se déteste au grand jour. Habituellement, on peut les démasquer à la façon dont un des deux soupire ou lève les yeux au ciel à chaque fois que l’autre parle. Cette catégorie me fait vraiment peur parce que j’en ai déjà fait partie une fois. Et je vous jure que ce n’était pas beau à voir. Disons seulement que j’avais un moins beau teint dans ce temps-là. L’aigreur, ce n’est pas bon pour la peau.

Bref, tout ça pour vous dire que je pense qu’on devrait arrêter de passer ce qui fait ou non le bonheur conjugal au rayon X. On devrait plutôt se demander pourquoi on forme un couple avec notre partenaire. Moi, je suis folle de délicieux mari et je sais pourquoi. Je l’ai même écrit sur un Post-it, une fois. Ne pensez pas que je vais aller vous dire ce qui est écrit dessus drette-là, par exemple. Il faut que je me garde du stock pour mon livre. La seule affaire sur laquelle j’insiste, c’est qu’il faut vraiment savoir pourquoi on a choisi de partager sa vie avec une personne en particulier et pas une autre. Si vous ne le savez pas, prenez une petite heure en ce joyeux samedi matin pour y réfléchir et écrivez-le vous aussi. Comme ça, vous pourrez ressortir la feuille quand la tempête fera rage dans votre couple. Parce que c’est vrai qu’au bout du compte, l’amour ne suffit pas. Il y a l’argent, les rénos, les enfants et le fameux sexe qui viennent mêler les cartes. Ce n’est même pas moi qui le dis. C’est vous autres pis votre maudit sondage.