Science

Quel est le secret des « super-aînés » ?

On les appelle les « super-aînés ». Ils atteignent 85 ans et plus sans développer de cancer, de démence ou de maladie grave. Le secret se cache-t-il dans leurs gènes ? Leur alimentation ? Leur mode de vie ? Des chercheurs veulent le savoir. Et pour ça, ils ont décidé de regarder vieillir des milliers de Canadiens.

Boom démographique

Pourquoi étudier les secrets du bon vieillissement ? Tout simplement parce que les aînés sont de plus en plus nombreux au Canada, et en particulier au Québec. « Le gros boom démographique, ce sont les centenaires en ce moment. Ce sont eux qui ont le plus fort taux de croissance. Je dis toujours à la blague que si la reine écrit à chaque centenaire, elle va bientôt avoir des crampes ! », dit Yves Joanette, directeur scientifique de l’Institut du vieillissement des Instituts de recherche en santé du Canada. En 2035, on prévoit que le Québec atteindra le statut « d’État super-âgé », soit un endroit où au moins 30 % de la population a 60 ans et plus. Actuellement, seul le Japon répond à cette définition.

Regarder vieillir les Canadiens

Pour comprendre le secret du bon vieillissement, les chercheurs ont décidé de regarder vieillir pas moins de 51 000 Canadiens. Les scientifiques ont recruté les participants alors qu’ils avaient 45 et 85 ans et les suivront jusqu’en 2033 ou jusqu’à leur mort. Cette étude colossale, qui se planifie depuis 2003 et a été lancée en 2012, a déjà coûté 80 millions et implique pas moins de 160 chercheurs de 26 universités. « Les premiers résultats commencent à être livrés, se réjouit Yves Joanette. Il faut réaliser qu’il s’agit de la première étude canadienne longitudinale sur le vieillissement. Avant, on ne pouvait qu’envier les pays nordiques européens qui, eux, ont compris l’importance de ces études depuis longtemps. »

Un cocktail de facteurs

Les chercheurs savent déjà que le secret pour vieillir en bonne santé n’est pas associé à un gène précis, à un aliment miracle ou à une habitude en particulier. « Il n’y a pas de recette isolée, c’est un cocktail très complexe. C’est pourquoi on regarde tous les déterminants ensemble. On a des informations sur les habitudes de vie, l’audition, la vision, la nutrition, le travail, la retraite, l’environnement dans lequel vit la personne. On fait passer des échographies Doppler des vaisseaux cérébraux, des prises de sang, des examens corporels complets », énumère Yves Joanette.

Remonter dans le temps

L’un des grands avantages d’une telle étude est qu’elle permettra en quelque sorte de remonter dans le temps. « On sait que ce qui cause l’alzheimer commence de 20 à 25 ans avant l’apparition de la maladie, illustre Yves Joanette. Aujourd’hui, si un patient se présente avec la maladie, on ignore ce qui se passait avec lui il y a 20 ans. Avec l’étude, on va avoir des informations uniques sur sa trajectoire. Ça va nous donner des indices sur les facteurs qu’on peut contrôler. »

Objectif santé

Yves Joanette précise que le but n’est pas de découvrir comment vivre longtemps, mais bien comment vivre longtemps en santé. « L’objectif est que la mauvaise période, à la fin, soit la plus courte possible, dit-il. Et on sait qu’on va y arriver. »

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