États-Unis

Un ex-leader républicain rattrapé par son passé sexuel

NEW YORK — De 1999 à 2007, Dennis Hastert a été second dans l’ordre de succession présidentielle des États-Unis en tant que président de la Chambre des représentants. L’ancien dirigeant républicain a aussi été un prédateur sexuel, à en croire la sœur d’une de ses victimes présumées.

Les ennuis de Dennis Hastert ont commencé la semaine dernière lorsqu’il a été inculpé pour avoir menti sur le versement de centaines de milliers de dollars pour cacher un épisode indéterminé de son passé sexuel.

Ils ont pris une tournure encore plus sensationnelle hier lorsqu’une femme a accusé l’ancien président de la Chambre des représentants d’avoir agressé sexuellement son frère alors qu’il était entraîneur de l’équipe de lutte d’une école secondaire d’Illinois, à la charnière des années 60 et 70.

Étrange retour des choses : Dennis Hastert, surnommé « Coach » par ses collègues républicains, a été élu par ces derniers président de la Chambre à la suite d’un scandale sexuel en janvier 1999. Bob Livingston, alors représentant de Louisiane, avait dû renoncer à succéder à Newt Gingrich à ce poste après des révélations sur ses infidélités conjugales. Tout comme Livingston et Gingrich, dont les propres infidélités conjugales allaient bientôt être connues du public, Hastert avait voté quelques semaines plus tôt pour l’impeachment de Bill Clinton dans la foulée de l’affaire Monica Lewinsky, autre scandale sexuel.

Or, selon Jolene Burdge, Dennis Hastert avait lui-même des squelettes dans le placard. Lors d’une interview diffusée hier matin à l’émission Good Morning America d’ABC, cette femme a affirmé avoir été informée des abus sexuels présumés du futur président de la Chambre en 1979 lorsque son frère, Steve Reinbolt, lui a révélé son homosexualité.

« Je lui ai demandé quand il avait eu sa première expérience sexuelle. Il m’a regardée et m’a dit : ‘‘C’était avec Dennis Hastert’’. J’étais estomaquée. »

— Jolene Burdge

Quand elle a demandé à son frère pourquoi il n’avait rien dit, il a répondu : « Qui va me croire ? »

ENTRAÎNEUR DE L'ANNÉE

Selon Jolene Burdge, son frère a été abusé sexuellement pendant les quatre années où il a été gérant de l’équipe de lutte du Yorkville High School, soit de 1967 à 1971. En 1976, Dennis Hastert devait confirmer son statut de héros local en recevant le titre d’« entraîneur de l’année » en Illinois pour avoir mené son équipe à un championnat d’État.

Steve Reinboldt est mort du sida en 1995. Il n’est donc pas l’« Individu A » dont fait mention l’inculpation contre Dennis Hastert. En 2010, le politicien devenu lobbyiste a discuté avec cet homme et accepté de payer 3,5 millions de dollars « pour compenser et cacher le comportement inapproprié qu’il avait eu à son encontre », selon un document judiciaire.

Entre 2010 et 2015, Hastert a effectué des retraits de 1,7 million de dollars dans plusieurs comptes bancaires, dont 15 totalisaient 50 000 $ chacun. Or, selon l’inculpation, il a ignoré les obligations bancaires sur les transactions d’un tel montant. Interrogé par les autorités, il a répondu qu’il avait fait ces retraits parce qu’il ne se fiait plus au système bancaire.

Lors de son entrevue à ABC, Jolene Reinboldt a affirmé ne pas connaître l’identité de l’« Individu A ». Après avoir été contactée par le FBI, elle croit cependant que cet homme est au courant des abus subis par son frère.

Dennis Hastert, aujourd’hui âgé de 73 ans, n’a fait aucun commentaire depuis le début de cette affaire. Il doit comparaître devant un juge la semaine prochaine.

DENNIS HASTERT EN SEPT DATES

1965 Devient professeur d’histoire et entraîneur de l’équipe de lutte au Yorkville High School.

1976 Nommé « entraîneur de l’année » en Illinois après avoir mené l’équipe du Yorkville High School au championnat de lutte de l’État.

1980 Élu à la Chambre des représentants de l’État d’Illinois.

1981 Quitte l’enseignement.

1986 Élu à la Chambre des représentants des États-Unis.

1999 Élu président de la Chambre des représentants.

2007 Démission du poste de président de la Chambre après avoir établi un record républicain de longévité à ce poste.

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