Accès aux soins de santé
Six écueils
à la profession
LA RÉTICENCE
DES MÉDECINS
Les médecins qui ont fait une place aux infirmières praticiennes dans leurs cliniques ne pourraient plus s’en passer. Mais d’autres sont encore réticents à partager et déléguer les tâches. « Il faut se donner le temps de déployer ces nouveaux rôles, c’est un changement qui est long à faire », indique Lucie Tremblay. Le médecin a besoin du soutien de tous, et donc pas seulement des « super infirmières », mais aussi des cliniciennes et des auxiliaires, explique le D
Louis Godin. Québec verse aux groupes de médecins 30 000 $ annuellement pour payer les frais de cabinet quand ils embauchent une infirmière et jusqu’à 31 000 $ pour sa supervision – obligatoire – par les médecins. La FMOQ ne croit pas aux cliniques uniquement dirigées par des infirmières praticiennes, comme cela se voit ailleurs. « Ce n’est pas la voie à emprunter. Le travail en silo est moins efficace. Si on travaille ensemble de manière à tabler sur les compétences propres à chacun, on optimise le travail », dit le D Godin.LA
FORMATION
Une cinquantaine d’infirmières praticiennes spécialisées obtiennent leur diplôme chaque année. Pour arriver au chiffre de 2000, il en faudrait 200 par année. Un gros défi, estime Chantal Fortin. « En 2010, le gouvernement libéral avait promis 500 postes et on n’en a pas encore atteint la moitié. » Lucie Tremblay croit quant à elle que le processus va s’accélérer maintenant que la formation est donnée dans huit universités. « On est encore dans le début de cette profession. À mesure qu’il va y avoir des diplômés, il va y avoir un effet exponentiel. »
LES
STAGES
Beaucoup de candidates peinent à trouver un stage, explique Chantal Fortin. « Cette année, il manquait 13 places de stages à minuit moins une. » Avec la hausse des admissions en médecine, la pression est forte. Il faut trouver des stages pour les résidents en médecine et pour les infirmières praticiennes. Ces dernières peuvent être supervisées par un médecin ou une autre infirmière praticienne spécialisée. Le médecin reçoit de 47 à 93 $, selon les endroits, par demi-journée de stage supervisé, mais l’infirmière n’a droit à aucune rémunération supplémentaire, affirme M
Fortin. « Il y a une dichotomie. »LA LISTE DE MÉDICAMENTS
Les infirmières praticiennes ont le droit de prescrire les médicaments inscrits sur leur liste. Mais cette liste évolue moins rapidement que celle des nouveaux médicaments mis sur le marché. Un exemple ? Les infirmières praticiennes ont le droit de prescrire la molécule A et la molécule B séparément, mais pas un médicament qui combine les deux molécules, explique Lucie Tremblay. « On doit constamment remettre la liste à jour, et ça peut prendre des mois. C’est un frein. »
LES
TRAITEMENTS
La « super infirmière » peut faire le suivi d’un patient et ajuster sa médication, mais elle ne peut pas amorcer un traitement pour une maladie chronique comme l’hypertension ou le diabète, comme c’est le cas ailleurs au Canada. C’est au médecin qu’incombe cette responsabilité.
LA CSST
ET LA SAAQ
La CSST et la SAAQ ne reconnaissent pas l’expertise de l’infirmière praticienne. C’est le médecin qui doit remplir les formulaires, même s’il ne connaît pas le patient. « C’est un peu illogique, explique Manon Couture, qui travaille dans une clinique. Je peux évaluer le patient, je peux le traiter, mais je ne peux pas remplir le formulaire. »