Accès aux soins de santé

Une journée dans la vie d’une « super infirmière »

Infirmière praticienne spécialisée depuis 2011, Manon Couture a été recrutée par des médecins de famille pour travailler dans une clinique de la Rive-Sud. Elle a 500 patients à sa charge. Nous l’avons accompagnée dans sa journée de travail.

8 H 30

Avant l’arrivée des premiers patients, Manon Couture révise ses dossiers pour préparer sa journée. Posée sur son bureau, sa tablette numérique est à portée de main, contenant plusieurs documents sur les médicaments, les lignes directrices, les interactions. Elle s’y réfère souvent.

9 H

Sa première patiente arrive avec sa mère. C’est une fillette de 2 ans qui vient pour son suivi périodique. « Boit-elle du lait ? Combien de mots connaît-elle ? Est-elle capable d’attraper un ballon ? », demande Mme Couture. Elle prodigue quelques conseils de prévention à l’aube de la belle saison. « Attention aux piscines. » À l’examen physique, Mme Couture constate que le pied de l’enfant tourne légèrement à l’intérieur. Elle met le dossier de côté pour faire voir l’enfant par un médecin de la clinique qui décidera ensuite s’il fallait ou non la référer à un spécialiste.

9 H 45

Un nouveau patient se présente, c’est un jeune père de famille de 30 ans. Mme Couture prend le temps de bien lui expliquer son rôle qui a certaines limites, mais qui lui permet de le prendre en charge. « C’est parfait pour moi, je n’ai pas de médecin. » Il traîne de petits malaises depuis quelques années, dont des brûlures d’estomac récurrentes. Mme Couture fait un examen général, puis prescrit un médicament pour les brûlures. « Essayez-le pendant deux semaines et je veux qu’on se revoie pour voir si ça fonctionne. » Pour son mal de genou, elle lui montre à faire certains exercices et lui suggère de voir un physiothérapeute.

10 H 30

C’est au tour d’une petite fille de 3 ans qui n’a plus de médecin de famille. Mme Couture la voit pour la première fois. « Ce serait une bonne idée de faire transférer son dossier médical », dit-elle. La mère est visiblement soulagée d’avoir trouvé quelqu’un pour s’occuper de ses enfants. « Je suis inscrite au CLSC depuis septembre (sur la liste d’attente du GACO – le guichet d’accès pour les clientèles orphelines), mais ils ne m’ont même pas encore appelée pour faire l’évaluation et le tri ! »

11 H 45 

Une jeune femme consulte pour des rougeurs au cou. Mme Couture lui prescrit une crème contenant de la cortisone. Au passage, elle s’informe de l’état général de sa patiente. Sa pression est élevée. « Je suis stressée ces temps-ci, je termine mon cours. Après, je retourne au gym », promet la jeune femme tandis que Mme Couture l’encourage à faire de l’activité physique.

12 H 15 

Pause dîner. Quand ça déborde, Mme Couture prolonge un peu l’horaire pour voir plus de patients, mais ce ne sera pas nécessaire aujourd’hui.

13 H 30

L’après-midi est généralement consacré à la clinique sans rendez-vous. Comme les médecins de la clinique, Mme Couture voit alors ses patients qui ont besoin d’une consultation d’urgence. Si elle a du temps, elle dépanne aussi ses collègues.

14 H 

C’est le tour d’un bébé de 7 mois, couvert de boutons. Pied-main-bouche ou varicelle ? « J’ai regardé sur internet, mais les boutons se ressemblent », dit la mère. Il s’agit d’une varicelle, tranche Mme Couture. Les problèmes de peau étant complexes, elle demande l’avis d’une collègue médecin qui corrobore le diagnostic. Un bain avant le dodo calmera les démangeaisons. « Mon aîné est le premier bébé qu’elle a suivi. Depuis, elle suit toute la famille. C’est la première fois que j’ai un médecin de famille… euh, je veux dire une infirmière de famille. Pour moi, c’est la même chose, elle répond à nos besoins », confie la mère, Marie-Andrée Joncas, en quittant la clinique.

14 H 30 

Période plus calme. Mme Couture en profite pour appeler des patients pour qui elle a reçu les résultats d’examens et qu’elle veut revoir. Elle profite de quelques instants libres pour discuter de certains cas avec les médecins qui la supervisent.

15 H 30

Une adolescente est incommodée par une forte toux depuis plusieurs jours. Après l’avoir auscultée, Mme Couture lui prescrit un sirop avec de la codéine. Il faut calmer la toux qui irrite ses bronches et qui la fatigue. « Tu le prends quelques jours. Si ça ne va pas mieux, tu reviens me voir. Peut-être qu’avec le sirop, on pourra éviter des antibiotiques. »

15 H 45

Une patiente de dernière minute se présente avec un mal d’oreille intense. Le tympan est correct, mais il y a beaucoup de congestion, conclut Mme Couture. La jeune fille est sujette aux rhinites. « Tu dois recommencer à prendre le Nasonex. Je vais t’en prescrire de nouveau. »

16 H

Le dernier patient parti, Mme Couture finalise ses dossiers et révise ses notes pour clore la journée.

Accès aux soins de santé

CE QUE MANON COUTURE
A DIT À PROPOS…

DE LA PRÉVENTION

« Les infirmières, nous sommes formées pour faire de la prévention et de la promotion des saines habitudes. Si on joue sur les habitudes de vie, on va prévenir l’obésité, l’hypertension, le contrôle du diabète. »

DE L’EXPRESSION « SUPER INFIRMIÈRES »

« On est prise avec ce terme. On a tenté de le changer, mais on dirait que ça ne passe pas dans la population.
On n’est pas à l’aise avec ce mot pour l’ensemble des infirmières en général. Elles font un travail extraordinaire
et c’est comme si on les défavorisait au profit des praticiennes. »

DE LA RELATION AVEC LE PATIENT

« J’aime le contact avec les patients. J’aime pouvoir trouver une solution avec eux, être capable de boucler la boucle
de mes consultations en demandant des tests nécessaires ou un traitement. Quand mes patients reviennent et me disent que ça a fonctionné, c’est gratifiant. »

DES LIENS DE CONFIANCE

« Quand un de mes patients me demande de suivre aussi son conjoint ou ses enfants, pour moi, c’est une preuve que j’ai répondu à ses besoins. C’est une belle marque de confiance. »

DE L’IMPORTANCE DE PRENDRE LE TEMPS 

« Je prends le temps qu’il faut avec mes patients pour faire le tour et répondre à leurs questions. Plusieurs d’entre eux m’en parlent. C’est quelque chose qu’ils apprécient. »

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