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Opinion : Investissement éthique

Mes placements ne doivent pas servir à ça !

Faisant fi de toute morale, la Caisse de dépôt continue d'investir massivement dans les énergies fossiles

Je fais partie des 2 millions de Québécois qui retirent un revenu d’un régime de retraite ou d’assurance public administré par la Caisse de dépôt et placement du Québec. Je suis également grand-père et le bien-être de la génération de mes enfants et petits-enfants, de même que celui des générations futures me tiennent particulièrement à cœur.

Je suis donc interpellé à double titre par le rendement obtenu par la Caisse et les impacts de son mode de gestion sur les générations futures. Je ne peux qu’être d’accord avec son président, Michael Sabia, lorsqu’il affirme : « Il est temps d’investir sur la base des valeurs fondamentales à long terme plutôt qu’en fonction de la volatilité à court terme. »

Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que la Caisse investit encore 16,7 milliards de dollars dans diverses entreprises d’énergie fossile au Canada et à l’étranger !

Alors que l’objectif de l’Accord de Paris de limiter à 2°C, idéalement à 1,5°C, le réchauffement du climat par rapport à l’ère préindustrielle appelle l’urgence de désinvestir des énergies fossiles, la Caisse demeure sourde à cette exigence de responsabilité envers les générations futures.

Non seulement ne désinvestit-elle pas, mais de 2015 à 2016, elle a augmenté de 67 % ses investissements dans TransCanada et de 48 % dans Enbridge, atteignant la somme de plus de 1 milliard dans la première et de 930,6 millions dans la seconde.

Pas à ce prix !

Je n’aurais jamais cru que l’argent que j’ai investi toute ma vie pour assurer la sécurité de ma retraite soit investi dans une activité économique qui favorise l’insécurité des conditions de vie de nos enfants, de nos petits-enfants et de leurs descendants. Ce n’est pas du tout à ce prix que je veux que ma retraite soit assurée ! Cela s’avère carrément irresponsable et immoral et va totalement à l’encontre des présumées « valeurs fondamentales à long terme » de M. Sabia.

La science du climat est limpide : participer à la production, au transport et à la consommation des énergies fossiles, c’est contribuer au dérèglement dangereux et irréversible du climat. La Caisse se sert de notre argent pour contribuer à l’avènement d’un climat qui inonde, qui assèche, qui assoiffe et qui affame. Un climat, aussi, qui multiplie et augmente l’intensité des feux de forêt, des tempêtes, des ouragans et des tornades. Est-ce vraiment cela que nous voulons léguer comme héritage à nos héritiers ?

Cessons de nous défiler derrière l’argument que « la transition énergétique prend du temps et qu’elle doit se faire progressivement ».

Cet argument n’a servi qu’à retarder des décisions nécessaires et urgentes. Ne soyons pas dupes. Les énergies renouvelables ont le vent dans les voiles et offrent des rendements supérieurs aux énergies fossiles. Nous ne gagnons rien à retarder cette transition.

Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU, se réunit cette semaine à Montréal. Il nous revient à tous d’être à l’affût des conclusions que tireront ces scientifiques et d’agir en conséquence. Tout cela relève d’un devoir de justice environnementale et intergénérationnelle. La Caisse de dépôt et placement administre notre argent. Il nous revient de passer un message clair à ses dirigeants : l’argent de nos retraites ne doit pas servir à appauvrir nos enfants.

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