MISE EN ÉCHEC

Le RSEQ veut ramener des écoles au bercail

Après avoir perdu des dizaines de ses équipes de hockey en un peu plus d’un an au profit de « ligues parallèles », le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) s’apprête à riposter. Une nouvelle entente avec Hockey Québec assouplira les règles sur la mise en échec dans l’espoir de convaincre des écoles de revenir au bercail.

Le RSEQ, partenaire de la fédération dans le hockey scolaire, annoncera aujourd’hui une série de mesures. Elle va notamment créer dès la prochaine saison une ligue juvénile (15 et 16 ans) de division 2 où la mise en échec restrictive sera permise ; elle est entièrement interdite à l’heure actuelle à ce niveau.

Le spécialiste des commotions cérébrales Dave Ellemberg sera impliqué dans ce projet-pilote. Il tiendra un registre des blessures dans cette nouvelle ligue scolaire. « Si on voit que ça cloche, on pourra apporter des correctifs », a dit hier en entrevue le directeur général du RSEQ, Gustave Roel.

Avec ce changement, le RSEQ veut regagner du terrain sur les ligues parallèles dans le hockey scolaire. Ces ligues, comme la Ligue de hockey préparatoire scolaire (LHPS) et la Ligue de hockey interscolaire du Québec (LHIQ), évoluent hors du giron de la fédération. Elles sont pour l’instant tolérées par Québec. Leur légalité est toutefois remise en question par M. Roel.

« La responsabilité d’une direction scolaire, c’est la sécurité des jeunes en ses murs. Les écoles doivent respecter les règles au Québec. »

— Gustave Roel, directeur général du RSEQ

« Les directions d’école auront des questions sérieuses à se poser, ce sera mon cheval de bataille, a affirmé M. Roel. Je ne suis pas convaincu que les directions d’école sont conscientes qu’elles ne sont pas protégées au niveau de la responsabilité civile. Je ne suis pas certain que les parents sont au courant non plus. »

Rappelons qu’à l’été 2015, Hockey Québec a annoncé de nouveaux règlements sur la mise en échec. Dans le hockey scolaire, la fédération a interdit la mise en échec complète dans les catégories équivalentes au bantam (13 et 14 ans). Elle l’a aussi beaucoup réduite chez les élèves-athlètes de 15 et 16 ans.

La décision a créé bien des remous dans le hockey scolaire. Le RSEQ a accepté à contrecœur de se conformer au nouveau règlement. L’autre ligue scolaire, la LHPS, a choisi de quitter Hockey Québec et de conserver la mise en échec chez ses meilleurs hockeyeurs de 13 et 14 ans.

La décision du RSEQ a mené à un exode de ses équipes. La LHIQ a notamment été créée avec plusieurs écoles privées de Montréal anciennement au RSEQ.

En décembre 2015, l’ancien ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport François Blais avait dit que les ligues parallèles « devaient réintégrer Hockey Québec ». Depuis, rien n’a bougé et le flou persiste.

« Si un accident majeur arrivait dans une école de ces ligues, est-ce que le parent pourrait poursuivre l’entraîneur, la direction d’école ? demande M. Roel. Il y a des règles connues au Québec et il faut les respecter. Ça fait un an et demi que ça dure. »

MATHIEU DARCHE RASSURANT

En entrevue avec La Presse, le nouveau président de la LHPS affirme que sa ligue est en ordre. « On a la même assurance que Hockey Canada et plus, on est même couverts pour les commotions. On n’a rien à envier ni à Hockey Canada ni à Hockey Québec avec notre couverture, on a au minimum ce qu’ils ont », a expliqué l’ancien joueur du Canadien.

Mardi, M. Darche s’est assis avec le nouveau patron de Hockey Québec, Paul Ménard. « Paul Ménard m’a dit qu’il croit beaucoup au hockey scolaire, qu’il travaillait fort avec le RSEQ. Donc ç’a été une belle rencontre et il a été réceptif », note M. Darche.

De son côté, M. Ménard assure vouloir travailler pour le développement du hockey scolaire. Il aimerait que la LHPS rejoigne le RSEQ. « L’exode des équipes du RSEQ, ça nous touche. Le RSEQ est notre partenaire dans le hockey scolaire, c’est l’organisation qu’on reconnaît, dit le directeur général de Hockey Québec. Si la LHPS réintègre les rangs, elle le fera dans le RSEQ. On le souhaite, d’ailleurs. »

Il reste toutefois des différends entre les deux groupes, notamment la présence de mises en échec chez les meilleurs joueurs de niveau bantam dans la LHPS. Mathieu Darche n’entend pas plier sur cette question.

« S’il y a des ouvertures pour intégrer le RSEQ, pourquoi pas ? Mais ça ne doit pas se faire à leurs conditions seulement. Là, on travaille de façon parallèle parce qu’on n’a pas eu le choix », dit-il.

« On offre une belle option de hockey d’élite. À un moment, ils n’auront pas le choix de nous reconnaître, dit M. Darche. Il faut qu’ils arrêtent de penser qu’on a du hockey inférieur. Ils ont de la misère à admettre qu’on est du niveau élite aussi. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.