Boxing Day

Rien ne sert de courir

Le scepticisme à l’endroit du Boxing Day est déjà élevé. Environ 70 % des Canadiens croient que les rabais y sont surévalués, selon un sondage récent (voir autre onglet).

Rares sont les Canadiens qui ont l’intention de coucher à la belle étoile devant un magasin pour être les premiers à profiter d’un rabais, selon le même sondage. Des relevés de prix effectués par La Presse avant, pendant et après le dernier Vendredi fou auprès de certains détaillants, en particulier dans le domaine de l’électronique, tendent effectivement à confirmer l’impression qu’il ne vaut pas la peine de faire la queue.

Ainsi, la grande majorité des soldes annoncés par Best Buy, Centre Hi-Fi et Future Shop en vue de cet événement du vendredi était encore valable cinq ou six jours plus tard. Certains étaient aussi déjà disponibles au moins une journée plus tôt.

Pas de presse

C’était particulièrement le cas de la chaîne Centre Hi-Fi. Une douzaine de produits mis en valeur dans sa circulaire du Vendredi fou portaient les mentions « Door crasher » et « Premier arrivé ! Quantité limitée ! », destinées à inciter les clients à se précipiter. Or, tous ces produits étaient encore disponibles au même prix le mercredi suivant, quand La Presse a fait la vérification.

Selon le vice-président de la chaîne, Mike Sciscente, il « n’y a rien là-dedans qui est une attrape ». Si le rabais est prolongé, fait-il valoir, c’est que les stocks n’ont pas été écoulés la journée même. Et ce, même si au moins un des articles visés n’était disponible qu’en 100 exemplaires, selon la circulaire.

Ces « surplus de stock » seraient attribuables selon lui à un Vendredi fou « bon, mais pas autant que l’année passée ». Pourquoi ? Il est trop tôt pour se prononcer fermement, juge-t-il.

Sans être aussi généralisés, ces soldes « prolongés » étaient aussi nombreux dans les magasins Best Buy et Future Shop, propriétés de la même entreprise. Dans le cas de Best Buy, certains produits comme une imprimante Canon et des téléphones intelligents Galaxy S4 de Samsung étaient même déjà soldés la veille.

Les cahiers publicitaires (circulaires) des deux chaînes faisaient pourtant allusion à un solde de trois jours seulement. Les soldes du Boxing Day des deux entreprises s’étireront eux aussi au-delà du 26 décembre. Ils ont déjà commencé en ligne le 24, en soirée, et se termineront officiellement demain soir. Un autre solde, intitulé Boxing Week, prendra toutefois le relais pendant encore quelques jours.

Erreur chez Walmart

Il ne valait pas non plus la peine au Vendredi fou de se précipiter sur le site de Walmart pour acheter la Corvette Power Wheels de Fisher-Price annoncée à 199 $ (prix habituel 239 $), puisqu’elle était encore moins chère la semaine suivante (150 $), a découvert La Presse.

« C’est une erreur. Descendre un prix après un solde, ce n’est pas quelque chose qu’on veut faire, ce n’est pas dans nos pratiques usuelles », a alors affirmé le porte-parole Alex Roberton, précisant qu’il y avait eu deux erreurs du genre. Le prix d’un téléviseur Samsung 80 pouces a lui aussi été baissé après le Black Friday. Walmart a promis de rembourser tous les clients lésés. « Étant donné qu’il s’agissait d’achats sur le web, il est très facile de retrouver leur trace. »

Nos observations des soldes de Canadian Tire et Toys’R Us, elles, n’ont pas permis de relever quoi que ce soit d’anormal.

Pas de loi précise

S’il existe bel et bien des dispositions législatives pour s’assurer qu’un produit annoncé comme étant en solde est disponible au prix affiché dans les publicités en quantité suffisante, rien, à l’inverse, n’empêche spécifiquement un solde de durer plus longtemps qu’on le fait croire, constate l’avocat Alexandre Plourde, d’Option consommateurs.

« Il y a un principe général qui dit que toute représentation fausse ou trompeuse est interdite, rappelle-t-il néanmoins. C’est sûr que si on fait croire au consommateur qu’un rabais dure seulement une journée et que finalement, il s’étend sur d’autres journées, peut-être que ça pourrait être une représentation fausse ou trompeuse. »

— Avec la collaboration de Marie-Eve Fournier

Quelques exemples

Un très long Black Friday

En page 3 de son cahier publicitaire, Best Buy annonçait un prix de 68,74 $, après rabais de 90 $, pour une imprimante Canon MG5420. Ce prix spécial était toutefois déjà en vigueur le jeudi précédent le Vendredi fou et l’était toujours le jeudi suivant.

Pour les initiés ?

Très populaire, le téléphone intelligent Galaxy S4 de Samsung faisait l’objet d’une offre annoncée en page frontispice du cahier publicitaire de Best Buy, soit un prix de 0 $ avec un contrat de deux ans chez Rogers, Bell ou Telus, un rabais de 180 $. Il était toutefois déjà offert à ce prix le jeudi soir précédent et était annoncé à 99 $ la semaine précédente.

Quantité limitée ?

La douzaine de produits affichés comme étant en quantité limitée par la publicité du Centre Hi-Fi, notamment une tablette Android Hisense de 7 pouces à 99 $, étaient tous toujours disponibles au même prix le mercredi suivant, a constaté La Presse. Il n’était donc pas nécessaire d’aller faire la file au froid, comme le suggérait la publicité en leur apposant la mention « Door crasher ». La chaîne explique le prolongement du solde par le fait que le stock n’avait toujours pas été écoulé.

De moins en moins cher

Walmart a admis son erreur lorsque La Presse l’a contacté au sujet de la Corvette Power Wheels de Fisher-Price. Le vendredi, le géant du détail la vendait 199 $, 40 $ de moins que son prix habituel affiché de 239 $. Ceux qui croyaient faire une bonne affaire ont toutefois eu la désagréable surprise de constater le mercredi suivant que le même produit était maintenant vendu 150 $. Walmart assure qu’il s’occupe de rembourser les clients concernés.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.