Il n’y a pas que le vin rouge qui accompagne à merveille une pièce de viande grillée. La bière peut aussi très bien faire l’affaire. Et François Chartier veut le prouver. Le sommelier s’est associé à la brasserie québécoise Glutenberg pour lancer des bières gastronomiques.

La brasserie Glutenberg, créée en 2011, est connue pour ses bières sans gluten qui ont été primées à maintes reprises. Pour élaborer ses petites mousses sans gluten, la société a mis de côté les céréales plus classiques comme l’orge, l’avoine, le seigle ou le blé, et utilise plutôt le sarrasin et le millet.

L’un des propriétaires, Julien Niquet, a voulu aller encore plus loin. Il s’est inspiré du livre Papilles et molécules de François Chartier pour créer une bière au goût d’érable, l’Impérial Sotolon. Son succès a été immédiat. La boisson a remporté le prix de la meilleure bière expérimentale au Canadian Brewing Award l’an dernier.

Le jeune entrepreneur a alors pris contact avec
François Chartier pour lui présenter sa bière et, surtout, pour lui proposer un partenariat. Le sommelier a sauté sur l’occasion.

« La majorité des bières sur le marché sont produites à base de malt (orge), explique M. Chartier. De pouvoir travailler avec d’autres ingrédients, c’était pour moi un terrain de jeu sans fin ! »

Avec les conseils du sommelier, Glutenberg a retravaillé sa cuvée Impérial Sotolon. Ils ont ajouté du fenugrec grillé, du sirop d’érable très foncé et du café. La touche finale : ils ont élevé le tout pendant quatre mois dans des barriques de chêne ayant servi pour la production de rhum de Guyane.

« C’est à mi-chemin entre une bière et un rhum, décrit Julien Niquet. C’est facile à boire, même si la bière a 8 % d’alcool. Il n’y a rien qui ressemble à ça. »

François Chartier abonde dans ce sens. L’Impérial Sotolon est selon lui dans « une catégorie à part » n’hésitant pas à comparer la boisson à un sauternes de Bordeaux.

UNE BIÈRE À TABLE

Les vins de François Chartier, vendus à la SAQ depuis l’automne, se distinguent par leur étiquette présentant les différents aliments pouvant les accompagner. Vous ne trouverez cependant ni dessin de poulet ni de poivron sur l’étiquette de la nouvelle bière de Glutenberg.

« La bière est vendue dans une bouteille de 750 ml (le même format que le vin) pour envoyer le message "vin", dit M. Chartier. On veut que les gens créent des harmonies “bières et mets” autres qu’avec le fromage. »

Si la bière est surtout servie à l’apéritif au Québec, la boisson prend de plus en plus place sur les tables des États-Unis et de l’Italie aux côtés des grands crus.
Julien Niquet avoue s’être inspiré de cette nouvelle tendance pour créer sa nouvelle gamme de bière.

Pour mettre en valeur les arômes uniques de cette boisson, les deux associés conseillent de plus de le servir dans un verre à vin.

L’Impérial Sotolon est la première d’une série de quatre bières qui seront lancées d’ici la fin de l’année, chaque saison. La prochaine cuvée sera disponible cet été. D’ici là, impossible de savoir sur quelles pistes aromatiques travaille le tandem Glutenberg-Chartier. Le sommelier indique toutefois qu’elle ressemblera à un vin à base de sauvignon blanc.

Impérial Sotolon, 750 ml, 11,99 $

En vente dès le 25 mars.

ENGOUEMENT POUR LES VINS DE CHARTIER

Le sommelier François Chartier a lancé sa gamme de vins à l’automne et déjà, ses quatre cuvées se trouvent au sommet des ventes de la SAQ. En moins de six mois, il s’est vendu
80 000 bouteilles des vins de Chartier.

François Chartier commercialise quatre vins : deux rouges et un blanc français ainsi qu’un rouge d’Italie. Ce dernier, le IGT de Toscane, est le plus populaire de sa gamme. Plus de
24 000 bouteilles se sont écoulées au cours des derniers mois. Cette cuvée se trouve au 25e rang dans le résultat des ventes (en dollars) des vins dans la province.

Les trois autres bouteilles du sommelier ne sont pas en reste. Elles figurent parmi les 100 vins les plus populaires disponibles au Québec.

« Difficile d’être plus heureux ! », commente François Chartier.

Deux autres vins s’ajouteront sous peu à la gamme du sommelier : un rouge d’Espagne et un rosé seront mis en vente avant l’été.

Une bière à la cabane à sucre ? Pourquoi pas ! Le sirop d’érable est un ingrédient à privilégier pour réussir son accord bière et mets. Que ce soit avec un met salé-sucré comme le jambon à l’érable ou un dessert comme le pouding chômeur, il suffit d’oser.

Le curry et le sirop d’érable partagent la même molécule mise en valeur dans cette bière, le sotolon. C’est pourquoi la boisson fera un tabac avec les plats indiens à base de curry.

Julien Niquet propose une idée surprenante : servir sa bière avec des sushis. La clé de l’accord réussi est la sauce soya. Idem pour les plats japonais ou encore avec une viande nappée d’une réduction de sauce soya et d’érable.

Le vinaigre balsamique partage aussi la molécule sotolon, raconte François Chartier. Alors, on n’hésite pas à en ajouter dans nos salades ou nos réductions pour accompagner sa bière.

C’est la viande par excellence pour accompagner cette bière, dit le sommelier. On la fait griller ou on la sert avec de la noix de coco, des abricots ou des pêches.