Déménagement

Adieu Saint-Luc, bonjour  nouveau CHUM

Hier matin, après une décennie d’efforts, un tout nouveau mégahôpital est né au cœur de Montréal… et de nouveaux bébés ont aussitôt commencé à y voir le jour. Bilan d’un déménagement tout en douceur.

LE PREMIER BÉBÉ DU NOUVEAU CHUM

Le premier poupon né au nouveau Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), un garçon de 2,4 kilos, est arrivé par césarienne à 12 h 30, soit environ sept heures et demie après la grande ouverture des urgences de la rue Sanguinet.

Le nouveau-né avait été devancé de peu par cinq autres bébés, dont Ophelia Mathieu, née vendredi dans l’ancien hôpital Saint-Luc. À 7 h, la toute petite et sa mère, Fatima Radics, ont été les premières à se voir transférer au CHUM, où les attendait l’humoriste Yvon Deschamps, qui a été porte-parole de la Fondation du centre hospitalier.

UN TRANSFERT ÉCLAIR

Après la nouvelle maman et son bébé, 111 autres patients ont été transportés d’un hôpital à l’autre, certains en civière et d’autres en fauteuil roulant. Les quatre patients qui nécessitaient des soins intensifs étaient tous accompagnés par un médecin.

Le déménagement s’est terminé une heure et demie plus tôt que prévu, à 10 h 15, car une quarantaine de patients s’étaient fait donner leur congé avant le grand chambardement. Le fait qu’un court couloir intérieur sépare les deux établissements a aussi beaucoup facilité les choses.

« Il n’y a pas eu de pépin. […] Tous les patients sont installés dans leur lit, dans leur chambre, et tout se passe bien », s’est réjouie la présidente-directrice générale adjointe du CHUM, Danielle Fleury.

« Pendant le transfert, des gens tenaient des pancartes disant de garder le silence, et ç’a été bien suivi ; c’était très calme », a renchéri la coordonnatrice des bénévoles, Lise Pettigrew. « On sentait vraiment la fébrilité au début, mais les gens étaient plus excités que stressés. »

Environ 600 médecins, infirmiers, employés et bénévoles ont pris part à l’opération.

DES PATIENTS MIEUX TRAITÉS

« La vue est superbe au nouveau CHUM ! Les patients ne voudront plus obtenir leur congé ! a lancé à la blague le président du syndicat des infirmiers et infirmières, Guy Brochu. Quand j’ai fait ma tournée, on m’a raconté qu’un monsieur installé au 18e étage a dit : “Je ne sors plus d’ici ; c’est plus beau que chez moi !” »

Les 772 chambres du nouvel hôpital sont toutes individuelles et disposent toutes d’une interface murale, d’un interphone et d’une télécommande permettant au personnel ou aux patients de communiquer leurs demandes.

Afin de prévenir les infections, le CHUM s’est également doté de 41 centrales de traitement, qui permettront aux patients de bénéficier d’air totalement neuf en permanence. C’est le seul hôpital en Amérique du Nord à disposer d’un tel système.

D’autres équipements à la fine pointe de la technologie permettront de traiter les cancers avec plus de précision, tout en protégeant davantage les tissus sains.

UN ÉTABLISSEMENT GIGANTESQUE

Le nouveau CHUM s’étend sur une superficie de 300 000 mètres carrés, répartis sur 25 étages. « Les infirmières vont se chercher beaucoup au début, ce qui est normal, affirme M. Brochu. Mais elles m’ont dit qu’elles vont devoir trouver des trucs, car c’est beaucoup de marche. »

Plus de 70 robots assureront la livraison des fournitures, tandis qu’un circuit de conduits pneumatiques de 9 km permettra de livrer chaque jour environ 6000 médicaments. Les robots effectueront leurs 3500 déplacements quotidiens dans des couloirs et des ascenseurs distincts, pour ne pas nuire à la circulation des humains.

Des puces électroniques permettront aussi de déclencher automatiquement le processus de ravitaillement, sans que les employés n’aient à tenir d’inventaire.

UN VENT DE NOSTALGIE

Tout comme la présidente-directrice générale adjointe du CHUM, le président du syndicat des employés, Claude Talbot, a été frappé par l’attachement des employés à leur ancien établissement. « C’est plein de messages d’adieu écrits partout sur les murs », rapporte-t-il.

À tous les étages – de la maternité jusque dans certains blocs opératoires –, des nostalgiques ont dessiné des cœurs, des seringues ou griffonné de petits mots : « Tu vas nous manquer beaucoup, Saint-Luc » ; « Tu as été ma famille » ; « Demain, un nouveau départ, bonne chance à tous ». D’autres ont simplement inscrit leur nom.

Leurs messages seront éphémères, puisque la démolition de l’hôpital Saint-Luc, qui était sur le point de fêter ses 110 ans, doit débuter cet automne et durer un an. Un nouveau bâtiment abritant des cliniques, des bureaux et l’auditorium du nouveau CHUM sera ensuite érigé à sa place.

PROCHAINES ÉTAPES

Dans les prochaines semaines, l’Hôtel-Dieu et l’hôpital Notre-Dame réduiront graduellement leurs activités et en détourneront d’autres pour se préparer à déménager à leur tour, les 5 et 26 novembre.

Leurs patients devront être transportés au mégahôpital en ambulance, ce qui compliquera les choses.

Le CHUM demande aux Montréalais d’éviter de se présenter aux urgences de l’Hôtel-Dieu à partir du 29 octobre et d’éviter de se présenter à celles de Notre-Dame du 19 novembre au 3 décembre.

Dans un tweet, le ministre de la Santé Gaétan Barrette a remercié les équipes qui assurent la transition.

LE NOUVEAU CHUM EN CHIFFRES

10 000 locaux

400 salles d’examen

39 salles d’opération

772 chambres (soit 272 de plus qu’au CUSM)

66 lits aux soins intensifs

51 lits aux urgences

3,6 milliards

Un investissement de 3,6 milliards, dont 20 %, pour les équipements

rectificatif

Hôpital Saint-Luc

Une erreur de chiffre s’est glissée dans notre texte « La fin de Saint-Luc, l’hôpital “du peuple” » publié hier matin. Il était écrit qu’à sa fermeture, « la capacité d’accueil de Saint-Luc atteignait plus de 814 lits ». Or, sa capacité était plutôt de 320 lits. Nos excuses.

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