SOCIÉTÉ

Faire le bien

Les bonnes nouvelles font rarement les manchettes. L’altruisme n’est pas non plus la valeur la plus médiatisée – une fois la saison des Fêtes passée, du moins. L’actualité se concentre surtout sur les scandales, la corruption, les massacres et autres catastrophes, qu’elles soient grandes ou petites. Le constat est sombre. Or, il fait aussi écran à une réalité un peu plus ensoleillée.

« Après chaque catastrophe, il y a des gens qui agissent pour le bien commun », fait valoir Laurent Imbault, cofondateur de GoodnessTV, diffuseur qui se consacre aux nouvelles positives et aux projets inspirants. Le site de réseautage E-180, fondé par Christine Renaud, démontre quant à lui qu’il existe partout des gens disposés à partager leurs connaissances avec de purs étrangers. Gratuitement.

Charles Imbault et sa compagne, Katherine Adams, ont mis sur pied GoodnessTV il y a six ans déjà. L’objectif : proposer un contre-discours à la noirceur des bulletins de nouvelles télévisés. « Il n’y a rien à la télévision pour nous réconforter ou nous conforter dans l’idée que l’être humain va survivre, qu’il y a de l’espoir », dit le comédien et désormais producteur.

D’où cette idée d’une plateforme vidéo (éventuellement une vraie chaîne de télévision) qui mettrait en valeur des projets positifs réalisés partout dans le monde et « qui nous solidarisent autour d’idées et d’actions ». Le mot clé ici est d’ailleurs « action ». GoodnessTV permet à diverses organisations de diffuser ce qu’ils veulent pour faire connaître leur travail, mais la série La minute positive, produite à l’interne, s’est fixé un objectif très concret : faire bouger les choses.

« La nouvelle positive est basée sur la possibilité de passer à l’action, insiste Laurent Imbault. Il faut qu’on puisse inciter les gens à faire un geste. Des nouvelles qui informent, il y en a plein à la télé. On veut aller plus loin et motiver le passage à l’action. On se dit que si chaque personne fait une action positive chaque jour, ça ferait des millions d’actions positives et ces millions d’actions changeraient le monde. »

RECOUDRE LE TISSU SOCIAL

Laurent Imbault croit qu’il suffit de donner aux gens l’occasion d’agir pour faire la preuve qu’ils ne sont pas aussi dégoûtés et désabusés que le veut le discours en vogue. Christine Renaud en fait la démonstration, d’une certaine manière, au moyen de son site de réseautage, E-180, qui favorise l’échange de connaissances et le partage de compétences entre particuliers.

Le principe est simple : d’une part, des membres offrent de partager une compétence (comment bâtir un blogue, corriger des textes, des conseils de voyage, etc.), alors que d’autres tendent la main pour apprendre à parler une langue étrangère ou à choisir un instrument de musique. L’inscription et l’utilisation sont gratuites pour les particuliers. Christine Renaud assure d’ailleurs que si un membre cherchait à monnayer ses services, il serait exclu.

« Plusieurs de nos membres disent qu’ils ont retrouvé foi en l’humanité à travers E-180 », affirme Christine Renaud. Cet impact sur le plan des valeurs est un résultat qu’elle juge plus significatif que des statistiques telles que le nombre de particuliers inscrits (5000 au Québec, 16 000 dans le monde) ou le nombre de rendez-vous rendus possibles par le site.

« Les gens sont émerveillés que ça fonctionne », dit-elle encore. L’intérêt des gens pour ce genre de service répond à un besoin et constitue selon elle une manière de contribuer à la « reconstruction du tissu social ». « Je crois que les gens en ont besoin parce qu’ils sont de plus en plus nombreux à participer à des initiatives d’économie collaborative », ajoute-t-elle. Elle cite notamment Airbnb, qui ne sert pas seulement à économiser, mais aussi à changer les façons de voyager.

« Ce n’est plus un comportement marginal. On est rendu à un point de bascule où le grand public utilise les possibilités de l’économie collaborative », analyse Christine Renaud. 

« Il y a un mouvement global de gens qui carburent à autre chose qu’à la catastrophe », estime pour sa part Laurent Imbault. Mettre en valeur la bonté et le partage, c’est assurément stimuler l’optimisme.

SOCIÉTÉ

Dans une société où les nouvelles négatives et l’inaction semblent trop souvent prédominant, deux entreprises encouragent les gens à agir autrement et à penser positivement.

GOODNESSTV.ORG

Plateforme vidéo lancée à Montréal en 2009. Elle permet à diverses organisations non gouvernementales (ONG) de faire connaître leur travail sur le terrain et même de diffuser du matériel faisant partie de campagnes de financement ou de sensibilisation. GoodnessTV produit aussi des reportages sur le thème La minute positive et réalise des vidéos à la demande d’organismes privés.

www.goodntesstv.org

E-180

E-180, qui mise sur le partage de connaissances, met en contact des particuliers disposés à offrir gratuitement un peu de leur temps et de leurs compétences pour aider une personne qui a besoin d’un coup de main ou envie d’apprendre de nouvelles choses. Le volet destiné aux particuliers est 100 % gratuit. E-180 a aussi mis sur pied un volet commercial.

www.e-180.com

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