Poehling et la confiance
Ryan Poehling l’a vécu en arrivant à l’université, mais aussi à son premier Championnat du monde junior ou à ses débuts dans la Ligue américaine.
« Chaque fois que j’ai grimpé d’une ligue, ça m’a toujours pris un peu de temps à trouver mes marques, disait-il lundi soir. Cette saison est toutefois tellement plus longue, donc ça donne plus de temps pour s’adapter. J’espère m’améliorer de match en match et bâtir ma confiance d’ici la fin de la saison. »
Poehling a vécu à la dure la transition vers la LNH. Il souhaite maintenant que son important but d’assurance, marqué lundi dans une victoire de 2-0 contre les Flames de Calgary, lui permette d’accélérer cette transition.
Ce but était longuement attendu. On se souvient tous de son spectaculaire premier match dans la LNH, en avril dernier, match qu’il avait conclu avec un tour du chapeau. Mais il ne fallait pas y voir l’indice de l’arrivée d’un grand marqueur. Ses trois saisons à l’université l’ont prouvé (29 buts en 107 matchs) et sa saison jusqu’ici en ajoutait une couche (aucun point en 19 matchs avant la rencontre de lundi).
Une telle séquence, ça peut jouer sur le moral, surtout quand le joueur en question était habitué à produire près d’un point par match depuis deux ans. Alors dans ce cas, on s’accroche à des principes vrais sur le fond, mais en lesquels il faut avoir une sorte de confiance aveugle. Du genre : « Si tu fais les bonnes choses, tu seras récompensé », comme il l’a dit à quelques reprises dans le vestiaire après le match.
Même Claude Julien le notait, lors de son point de presse d’avant-match, lundi matin.
« Il obtient encore un temps d’utilisation raisonnable. Il est très bon en désavantage numérique, il travaille fort. J’aimerais qu’il obtienne quelques points en récompense. »
— Claude Julien, un tantinet prophétique
Le Canadien a un passé assez terne. On ne parle pas du passé de Maurice Richard, mais du dernier quart de siècle, qui fait en sorte que les 35 ans et moins n’ont jamais vécu de finale de la Coupe Stanley par ici.
Le présent suscitait un certain espoir chez les plus jovialistes. Mais après deux séries de huit défaites de suite, il est temps de faire comme avec l’Halloween et de reporter le présent. Au moins à l’an prochain.
Reste l’avenir, qui est radieux ou moyen, selon le degré de cynisme de votre interlocuteur. Quand Poehling livre des performances comme celle de lundi, il contribue à rendre cet avenir plus radieux, justement. Nick Suzuki aussi, en général, même s’il est parfois plus effacé, comme lundi.
Reste maintenant à voir si Poehling se servira du match comme d’un tremplin. C’est dans son intérêt, car pour l’heure, même si la situation du CH au classement est critique, Julien dirige encore ses troupes comme un entraîneur qui pense à la victoire avant le développement. Comme un coach qui ne baissera pas les bras à moins d’un avis contraire de son patron.
À ce sujet…
Si le Tricolore était en pur mode « développement », on devine que le jeune duo de défenseurs formé de Victor Mete et de Cale Fleury passerait plus de temps sur la patinoire. Et que les minutes des quatre autres vétérans seraient plus dosées.
Mais Mete a joué 10 min 25 s et Fleury, 11 min 21 s. Le cas de ce dernier est moins préoccupant, car il est encore une verte recrue de 21 ans qui ne manque visiblement pas de confiance, si on en juge par la renommée de ceux qu’il estampe dans la bande.
Le cas de Mete laisse un peu plus perplexe. Même s’il a lui aussi 21 ans, il en est à une troisième saison dans la LNH et pourtant, son temps d’utilisation est en baisse par rapport à la saison dernière.
« On est réalistes, c’est un gars qui transporte bien la rondelle, mais on aimerait le voir tuer les jeux un peu plus fréquemment dans notre territoire. On a quatre défenseurs qui jouent beaucoup, ce sont de gros défenseurs d’expérience. On a besoin de ça pour faire une poussée. »
— Claude Julien
« Tuer les jeux »… Le même reproche que Julien faisait à Mete, l’an dernier, quand le Tricolore a renvoyé le jeune homme à Laval pour quelques matchs.
Le message de Julien ne pourrait pas être plus clair. Les jeunes devront mériter leurs minutes. L’entraîneur-chef a ce luxe en défense, avec un groupe en santé. Il l’a moins à l’attaque, avec Brendan Gallagher, Jonathan Drouin, Joel Armia et Paul Byron à l’infirmerie.
Ce sera donc à Poehling, mais aussi à Suzuki et Jesperi Kotkaniemi, même, de prouver qu’ils peuvent poursuivre leur développement sans nuire à l’équipe au présent, et ainsi garder un rôle important quand les éclopés reviendront.