Alaphilippe veut se faire plaisir

Les Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal fêteront cette semaine leur 10e anniversaire avec un autre peloton de choix.

Québec — Les traits tirés des meilleurs cyclistes de la planète contrastaient avec le visage radieux des soldats canadiens débarqués une heure plus tôt à l’aéroport international Jean-Lesage, hier après-midi.

Après un vol en provenance de Cologne, les femmes et les hommes en uniforme tombaient dans les bras de leurs enfants.

Les cyclistes, eux, poussaient leur valise à roulettes après avoir traversé l’Atlantique depuis Paris à bord d’un appareil d’Air Transat nolisé par l’organisation des Grands Prix de Québec et de Montréal.

Premier à passer la douane, Guillaume Boivin s’est présenté devant les journalistes 10 bonnes minutes avant le peloton. Sourire fendu, le Montréalais de 30 ans avait voyagé en classe affaires, privilège accordé au seul coureur local à bord.

« Ma valise était la première à sortir, d’après moi, les bagagistes le savaient aussi », s’amusait Boivin, peu habitué à ce genre d’égards réservés aux vedettes de sa discipline.

Durant le vol, l’ancien champion canadien n’avait qu’à tourner la tête pour mesurer l’ampleur du défi qui l’attendra vendredi dans le Vieux-Québec et dimanche sur le mont Royal pour cette 10e présentation des Grands Prix, seules épreuves de ce niveau disputées en Amérique du Nord.

Son voisin de siège était l’Australien Richie Porte, multiple gagnant de courses par étapes et ex-lieutenant de Christopher Froome. Assis devant lui, son futur coéquipier irlandais Dan Martin, vainqueur du Tour de Lombardie et de Liège-Bastogne-Liège, deux des monuments du cyclisme. Pas très loin, l’Italien Vincenzo Nibali et le Britannique Geraint Thomas, gagnants du Tour de France en 2014 et en 2018.

Encore une fois, l’affiche des GP est emballante, offrant peut-être le peloton le plus dense de la dernière décennie. « C’est certainement parmi les plus relevés », a évalué Boivin, rappelant que la tenue des Championnats du monde sur un parcours apparenté dans le Yorkshire (en Angleterre), le 29 septembre, a peut-être incité quelques grands noms de plus à faire le déplacement.

C’est le cas de Julian Alaphilippe, l’homme qui a enflammé le dernier Tour de France en bousculant les favoris et en portant le maillot jaune pendant 14 jours. Le Français de Deceuninck–Quick-Step est évidemment très attendu pour sa première visite au Canada depuis 2016 (10e à Montréal).

« Mes deux gros objectifs de fin de saison sont le Championnat du monde et le Tour de Lombardie, a indiqué Alaphilippe. Ça fait partie de ma préparation, c’est des courses qui sont très relevées avec des circuits exigeants. »

« Je vais voir où j’en suis, je vais essayer de faire la plus belle course possible et d’aller chercher un résultat avec l’équipe. »

— Julian Alaphilippe

Incandescent depuis le début de l’année – 12 victoires au total, dont deux étapes du Tour –, Alaphilippe n’a pas touché à son vélo pendant 12 jours après la Classique San Sebastian, début août. Il espère ainsi éviter la fatigue de l’an dernier alors qu’il avait coincé dans le final des Mondiaux d’Innsbruck, où il partait comme l’un des grands favoris.

Sa motivation est intacte, assure-t-il : « C’est une saison exceptionnelle pour moi depuis le début de l’année. Le Tour a beaucoup marqué les esprits, mais le corps aussi. Donc j’ai fait un bon petit break. J’ai repris l’entraînement et les courses sur le Tour d’Allemagne, où ça s’est plutôt bien passé. Depuis, ça va de mieux en mieux et j’espère me faire plaisir sur les classiques canadiennes qui m’ont manqué. »

« On verra… »

Plus circonspects que leur collègue francophone, Nibali et Thomas n’ont pas affiché les mêmes ambitions, souhaitant plutôt mesurer leur forme avant de confirmer leur présence à l’épreuve en ligne des Mondiaux.

« Sur le plan des résultats, je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre », a indiqué Thomas, deuxième du dernier Tour derrière son coéquipier colombien Egan Bernal.

« Mes sensations ont été en montagnes russes depuis le Tour, comme c’est généralement le cas pour moi maintenant. J’ai juste hâte de courir à fond en espérant aider l’un des gars à l’emporter. »

— Geraint Thomas

Nibali, qui participera aux GP pour la première fois de sa carrière, plonge dans l’inconnu. « Je suis allé au Tour de l’Allemagne [16e], ma condition s’améliore, mais je ne sais pas à quel point, a prévenu dans sa langue maternelle l’un des sept cyclistes à avoir remporté les trois grands tours (France, Italie, Espagne). Je ne connais pas trop les parcours de Québec et de Montréal. On verra ce qui arrivera. »

D’autant qu’à cette brochette de choix, il faut ajouter les noms de prétendants comme l’Australien Michael Matthews, auteur d’un doublé spectaculaire l’an dernier, et le Belge Greg Van Avermaet, qui tentera de relancer sa saison sur des circuits qui lui ont toujours souri (12 tops 10, dont 1 victoire en 14 départs !).

Sans oublier l’incontournable Peter Sagan, couronné trois fois au Canada, qui a annoncé son arrivée depuis l’Utah avec une vidéo de vélo… de montagne.

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