Sylvie Vachon, PDG du Port de Montréal

Le Port de Montréal prend sa place

Les activités au port de Montréal ont beau être touchées par la faible reprise économique qui stigmatise toujours ses principaux clients que sont les pays de l’Europe du Nord, le deuxième port en importance au Canada réussit tout de même à enregistrer des niveaux records de marchandises manutentionnées grâce à la hausse constante du trafic en provenance des pays asiatiques.

Il y a deux semaines, les autorités du Port de Montréal ont officiellement inauguré les activités du nouveau terminal à conteneurs localisé dans le secteur de la rue Viau.

Les nouvelles installations permettront au port d’accueillir dès l’an prochain 350 000 conteneurs additionnels et – une fois les travaux terminés – de hausser de 600 000 conteneurs sa capacité annuelle qui passera ainsi de 1,5 million à 2,1 millions de conteneurs par an.

Sylvie Vachon, PDG du Port de Montréal, explique qu’il était urgent d’agir parce que les installations portuaires existantes avaient atteint leur pleine capacité opérationnelle, malgré le retard qu’accusent encore ses principaux clients d’Europe du Nord.

Sylvie Vachon est bien placée pour en parler puisqu’elle est entrée en fonction comme PDG en 2009, en pleine récession mondiale.

« Le Port de Montréal venait d’enregistrer en 2008 la meilleure année de son histoire. Puis la récession mondiale a frappé, et le trafic de marchandises a été réduit d’un coup de 10 % à Montréal en 2009. »

— Sylvie Vachon, PDG du Port de Montréal

« À chaque crise, on voit toujours ce type de réaction, mais le trafic finit toujours par se rétablir. Cette fois, ç’a été plus long de retrouver nos niveaux de marchandises manutentionnées de 2008 parce que l’activité économique en Europe n’a jamais pleinement repris », observe la PDG.

Nouveaux usagers

Si le Port de Montréal est de nouveau en mesure de hausser chaque année son volume de marchandises, c’est parce que les pays d’Asie ont pris le relais des clients européens qui n’ont toujours pas renoué avec les volumes de 2008.

« Depuis 2010, les pays asiatiques expédient des super-cargos via le canal de Suez où ils transbordent leurs conteneurs dans des cargos qui traversent l’Atlantique. Les pays asiatiques génèrent aujourd’hui 20 % des activités de transbordement de conteneurs du Port de Montréal », souligne Sylvie Vachon.

C’est pourquoi dès 2013, les deux gros opérateurs de terminaux Termont et MSC ont entrepris avec les autorités du Port la planification des travaux du terminal Viau.

L’ajout de ces nouvelles capacités de manutention va se traduire, selon Sylvie Vachon, par une activité économique additionnelle de 340 millions par an et entraîner la création de 2500 emplois directs et indirects.

« Ce sont des emplois de camionneurs, d’opérateurs de chemin de fer, de débardeurs, de pilotes additionnels », précise la PDG.

Même si ses installations s’étendent sur une superficie de 26 kilomètres entre le pont Victoria et Pointe-aux-Trembles et qu’elle exploite son propre réseau de 100 kilomètres de voies ferrées pour le compte du CN et du CP, l’institution va déborder prochainement de son cadre.

Une fois terminés les travaux du terminal Viau, le Port compte entreprendre une nouvelle expansion en développant les quatre kilomètres de berges et de quais qu’il possède à Contrecoeur pour y redéployer un terminal de conteneurs. Le projet devrait voir le jour d’ici 2020-2021.

« On prévoit aller plus loin avec le terminal Contrecoeur pour en faire un centre de super-logistique où vont venir se greffer des entreprises manufacturières pour y réaliser des activités d’assemblage. On s’est associés avec CargoM, la grappe de logistique et transport de Montréal. »

— Sylvie Vachon, PDG du Port de Montréal

Assurer la fluidité

Le port de Montréal doit vivre quotidiennement avec le défi de la fluidité. Plus de 2000 navires viennent y accoster chaque année, et plus de 2500 camions le fréquentent tous les jours.

« Montréal est un port où les bateaux se vident complètement et se remplissent complètement. On n’est pas une escale dans une run de lait où on décharge une partie de la cargaison.

« Un bateau arrive ici avec ses 3600 conteneurs qu’on décharge avant de repartir, deux ou trois jours plus tard, avec un nouveau chargement de 3600 conteneurs. Tout doit être réglé au quart de tour », observe Sylvie Vachon.

Lorsqu’un camion arrive au portail d’entrée du port, il a déjà été identifié par un logiciel. Le temps moyen de transaction d’un camion – entre son arrivée et sa sortie finale après transbordement et embarquement – est de 50 à 60 minutes.

« Le défi de la circulation routière à Montréal est immense. Chaque retard a un impact sur la suite des événements. Heureusement, les camionneurs vont bientôt avoir un accès direct par l’autoroute 25 pour l’entrée au port. Le ministère des Transports est en train d’aménager ces nouvelles bretelles, à proximité du pont-tunnel Louis-H.-La Fontaine », se réjouit la PDG.

Responsable de l’accueil des dizaines de milliers de passagers de paquebots de croisière qui transitent par Montréal, le Port de Montréal pourra dès le début de la prochaine saison compter sur la jetée Alexandra, dans le Vieux-Montréal, présentement en rénovation.

Montréal devrait accueillir le nombre record de 110 000 passagers et membres d’équipage en 2017.

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