Yvan Dufresne 1930-2016

Mort d’un pilier de l’industrie musicale

Yvan Dufresne, un des fondateurs et piliers de l’industrie québécoise de la musique, est mort hier, à 86 ans. Impresario et producteur, M. Dufresne fut entre autres directeur artistique de la célèbre maison de disques Apex. Il avait, de ce fait, travaillé avec les Jacques Michel, Michel Louvain, Chantal Renaud, Pierre Lalonde et plusieurs autres. À d’autres fonctions, il a aussi travaillé avec les Sinners, Ginette Reno, Steve Fiset, etc. Le 27 octobre dernier, au Gala de l’Industrie, l’ADISQ lui avait remis un Félix hommage. En 2011, l’Association des éditeurs de musique du Canada lui avait remis le prix Héritage CMPA.

—André Duchesne, La Presse

Critique

Poutine format familial

Dimanche napalm
Texte et mise en scène de Sébastien David
Au Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 26 novembre
3 étoiles et demie

Sébastien David trace, dans Dimanche napalm, un portrait saisissant de la société québécoise actuelle. Désillusionné, mais très drôle aussi.

Entre le Viêtnam des années 60 et le printemps érable, 50 ans plus tard, le Québec est devenu une sorte de poutine ramollie. C’est un peu ce qui ressort de la pièce Dimanche napalm, écrite et mise en scène par Sébastien David.

Après ce qui semble être une tentative de suicide, un jeune homme (Alex Bergeron) décide de rester muet. Ses parents (Henri Chassé et Sylvie Léonard), sa sœur (Geneviève Schmidt) et son ex-copine (Cynthia Wu-Maheux) tentent de le faire parler, en vain. Prisonnier de son fauteuil roulant, il deviendra leur confesseur involontaire. 

Chacun livrera sa vie en petits morceaux et en gros clichés au jeune homme. Et l’on comprendra bien vite, devant ce ramassis de vies à la petite semaine, sans envergure ni ambition, pourquoi le jeune homme, ex-carré rouge, a décidé de garder le silence.

Seules la candeur et la truculence de sa sœur arrachent une certaine satisfaction au jeune homme. Celui-ci s’identifie d’ailleurs davantage à sa grand-mère (impayable Louison Danis), clouée elle aussi dans un fauteuil roulant dans un centre d’accueil.

Construite en tableaux, la pièce donne à tous les acteurs la chance d’effectuer de très solides solos. 

Sébastien David met en scène un texte très inspiré – qui contient malgré tout quelques clichés poétiques – de façon exemplaire au sein d’une scénographie plutôt dépouillée. 

Avec intelligence et acuité, le dramaturge constate l’incompréhension entre les générations et la solitude de tout un chacun. Les révolutions appelées n’ont pas comblé les espoirs d’hier ou d’aujourd’hui. 

Sébastien David nous dit le non-lieu d’une famille et d’une société dont la désillusion est totale. Quelque part entre le confort et l’indifférence. Il fait passer cette poutine difforme avec le rire, mais l’image finale est claire : ce n’est pas en rampant que le Québec se relèvera. 

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