Plongeon

Les héritiers de Heymans et Despatie

Émilie Heymans et Alexandre Despatie sont à la retraite, mais leur influence est indéniable sur l’équipe de plongeon qui représentera le Canada aux Jeux olympiques de Rio. Pour la première fois de l’histoire, cette équipe sera entièrement composée de Québécois, athlètes comme entraîneurs.

« Nous en sommes très fiers », a confié Aaron Dziver, entraîneur de Philippe Gagné, qui découvrira les Jeux olympiques à l’âge de 18 ans. Le jeune homme de Mont-Royal, qui s’alignera au tremplin de 3 mètres, s’est mis à rêver aux JO en voyant Despatie gagner l’argent à Pékin, en 2008.

Le double médaillé olympique a lui-même présenté Gagné lors de la conférence de presse qu’il animait hier matin dans les locaux du Comité olympique canadien à Montréal.

« Alex a toujours été un modèle, pas seulement pour moi, mais pour presque tous les plongeurs », a dit Gagné, triple médaillé aux derniers Jeux panaméricains de Toronto. « Tu peux tellement apprendre d’un plongeur comme lui. Sa technique était tellement incroyable. On essaie encore de perfectionner la nôtre pour se rapprocher de celle d’Alex. »

« DEVENIR COMME ÉMILIE »

Vincent Riendeau a lui aussi été inspiré par l’ancien champion mondial à l’époque où il était bénévole à la Coupe Canada. En avril, aux Séries mondiales de Windsor, le Montréalais de 19 ans est devenu le deuxième plongeur canadien depuis Despatie à atteindre la marque des 500 points à la plateforme de 10 m. Cet exploit lui a permis de consolider sa place pour les Jeux de Rio.

« Émilie Heymans m’a aussi aidé dans mon cheminement », a souligné Riendeau, qui a côtoyé la quadruple médaillée olympique à ses dernières années au club de Pointe-Claire, partageant la même entraîneuse, Yihua Li. « La voir s’entraîner et se concentrer sur une base quotidienne a allumé mon désir d’atteindre ce niveau de compétition et d’aller un jour aux Jeux olympiques. »

Meaghan Benfeito a découvert le plongeon en admirant les exploits de Heymans au club CAMO. « À 7 ans, j’ai dit à ma mère que je voulais devenir comme Émilie », a-t-elle raconté lors d’une entrevue récente. Médaillée de bronze à Londres au 10 m synchro, Benfeito, 27 ans, disputera ses troisièmes JO à Rio, comme ses coéquipières et grandes amies Roseline Filion (10 m) et Jennifer Abel (3 m).

Héritière d’Annie Pelletier, médaillée à Atlanta en 1996, Filion s’en va au Brésil avec l’ambition affichée de remonter sur le podium. « Avant, c’était un peu épeurant de dire ‟je veux une médaille aux Olympiques”, a-t-elle admis. Cette fois, je n’ai pas peur. » 

« J’ai travaillé tellement fort dans les derniers quatre ans avec toute l’équipe. L’anticipation est longue. J’ai hâte d’arriver là-bas et de fermer la boucle de tout ce travail. »

— Roseline Filion

Invitée-surprise dans la course à la qualification pour Londres, Pamela Ware a acquis beaucoup d’expérience et de confiance. Son bagage comprend maintenant un podium individuel et deux en synchro avec Abel aux Championnats du monde. La Montréalaise de 23 ans, qui avait Filion comme modèle à ses débuts au club CAMO, vise deux médailles à Rio.

Sa partenaire Abel, elle, était bien trop jeune pour avoir des héros. À Pékin, en 2008, elle avait 16 ans quand elle a terminé 13e en demi-finale. « Je n’avais jamais regardé les Jeux, je n’ai pas eu le temps d’y rêver », a récemment confié la médaillée de bronze à la Coupe du monde de Rio.

ESPOIR

Depuis 2014, ce groupe s’entraîne ensemble à l’Institut national du sport du Québec au Stade olympique, sous la gouverne de Yihua Li, Aaron Dziver, Arturo Miranda et César Henderson. Ces quatre entraîneurs québécois ont aussi reçu leur veste officielle hier.

« C’est le groupe le plus dédié, le plus engagé et le plus concentré quotidiennement sur la tâche que j’ai vu depuis mes débuts dans le sport », a louangé le directeur technique de Plongeon Canada, Mitch Geller.

Si Gagné et Riendeau peuvent espérer une finale en attendant l’atteinte de leur plein potentiel en 2020, « chaque femme dans l’équipe a l’habileté de gagner une médaille en synchro et dans l’épreuve individuelle », a indiqué Geller. La fédération vise une conversion de 50 % de ses chances, ce qui équivaudrait à deux podiums à Rio. « C’est l’espoir, pas les attentes », a précisé le directeur technique.

Gagnants de plus de la moitié des médailles olympiques canadiennes en plongeon, Heymans et Despatie ont tracé la voie.

Deux plongeurs en attente

Deux autres plongeurs québécois pourraient se joindre à l’équipe olympique canadienne. François Imbeau-Dulac (3 m) et Maxim Bouchard (10 m) attendent l’allocation finale des places par la fédération internationale pour savoir s’ils pourront s’envoler pour le Brésil. Dans le cas de Bouchard, septième à la Coupe du monde, les chances sont de « 99 % », estime son entraîneur Aaron Dziver. Pour Imbeau-Dulac, 25e au même événement, les projections de Plongeon Canada laissent croire qu’il est tout juste à l’extérieur de la frontière du repêchage. Ils connaîtront leur sort d’ici la fin du mois.

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