UN GARS, UNE PASSION

De la bière à perte de vue

Nicolas Bourgault 

41 ans 

Passion : la bière 

Occupation : brasseur 

Originaire de la Rive-Sud de Montréal

En entrant au Bedondaine à Chambly, on saisit immédiatement l’ampleur de la passion du brasseur Nicolas Bourgault. Propriétaire d’une des plus importantes collections d’objets relatifs à la bière dans le monde, il fêtait récemment les dix ans de son pub. 

Il est difficile pour Nicolas Bourgault de déterminer si sa passion est la collection ou si c’est plutôt le brassage, le produit et le bar. Il hésite : « Ce sont des choses tellement différentes : créer des bières, les présenter, être avec les clients, dans le pub, c’est une chose. La collection, avec plus de 25 000 items, c’est quasiment un travail à temps plein que de répertorier, classer et exposer. Comme j’aime autant le contenant que le contenu, je résumerais en disant que ma passion, c’est la bière, tout simplement. L’histoire, le brassage, les festivals, les livres, les brasseries, c’est tout ça qui m’enthousiasme. »

Stéphanie Lamarche et lui sont ensemble depuis 20 ans. La passion de l’un est devenue, avec le temps, la passion de l’autre. « Quand j’ai rencontré Stéphanie, je collectionnais les items de bière depuis déjà cinq ans. Nous avons terminé des études en sexologie ensemble. Mais elle a rapidement compris que la bière n’allait pas qu’être un hobby pour moi », explique Nicolas Bourgeault. « J’ai choisi de le suivre dans son projet de collection, puis dans son projet de brassage », explique-t-elle.

Pour Stéphanie, la solution pour que la passion de son conjoint puisse grandir en harmonie avec une vie familiale bien remplie passe par l’implication. « Au pub, en plus de travailler avec lui, je n’hésite pas à lui lancer des défis qu’il accepte de relever. Je lui demande d’aller vers quelque chose de nouveau, de se dépasser en tant que brasseur, de continuer à parfaire ses connaissances. On explore les saveurs, on réfléchit aux nouvelles bières », explique-t-elle. Ensemble, ils brassent, mais pas assez souvent, selon eux.

« J’aime m’impliquer dans le processus de brassage avec lui. Choisir les ingrédients, goûter, voir l’évolution du produit. On appelle ça des brassages à quatre mains, des bières d’amour. »

—Stéphanie Lamarche

Vivre avec un passionné a des implications majeures sur la vie du partenaire. « J’ai tout abandonné, j’ai laissé aller ma carrière de sexologue pour lui permettre de vivre son rêve. J’ai essayé de voir comment je pouvais l’aider, comment c’était possible de contribuer à son succès. J’ai vite compris que mon rôle le plus important allait être celui d’être un pilier, de garder l’équilibre, que la famille se maintienne, que Nicolas, lui aussi, reste debout. Il est allé jusqu’à travailler une centaine d’heures par semaine au moment où il préparait l’ouverture du pub… », explique Stéphanie, lorsqu’elle parle des effets collatéraux de la passion de son conjoint. Aujourd’hui, elle est très fière du parcours accompli, autant pour elle, Nicolas et leurs trois filles.

Non seulement les filles de Nicolas Bourgault ont-elles visité plusieurs brasseries dans le cadre de voyages en famille, mais encore elles ont participé au processus de brassage. Elles ont toutes été l’assistante de leur père pour une bière créée en fonction de ce qu’elles préfèrent. « Les filles ne m’ont pas vue brasser à la maison, alors pour elles, c’était difficile de comprendre ce que leur père faisait. Je les ai amenées ici, dans la brasserie, et on a travaillé ensemble, raconte le brasseur. J’ai joué avec des arômes qu’elles aiment et j’ai élaboré trois bières à partir de là. »

Malgré tout, le brasseur reconnaît que sa passion l’a éloigné de ses filles pendant plusieurs années. « Des activités comme apprendre à faire du vélo, c’est avec leur grand-père qu’elles ont fait ça. Ce temps-là est passé. Je l’ai manqué », confie Nicolas Bourgault. Par contre, il considère avoir transmis quelque chose de bien plus grand : l’importance de se dédier à quelque chose que l’on aime parce que, pour lui, c’est aussi ça, le bonheur. « Pour obtenir quelque chose, il faut travailler, il faut prendre les moyens pour y arriver et c’est comme ça qu’on peut être heureux. Selon moi, les passionnés sont des gens qui ont une grande capacité d’émerveillement, et je suis fier de montrer ça à mes enfants. »

Bedondaine et Bedonds Ronds, 255, rue Ostiguy, Chambly (Québec) J3L 2Z7

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