DE L’ÎLE

Celles qui brodent

Ces temps-ci, la broderie revient au goût du jour. Et ce ne sont pas des grands-mères à l’origine du mouvement, mais bien trois jeunes femmes qui veulent redonner au fait main ses lettres de noblesse.

La maison de broderie De L’île est née en prenant son temps, un peu comme l’art qu’elle représente. Fraîchement diplômées de l’Université du Québec à Montréal en design de l’environnement, Marilyne Gauthier-Leduc, Judith Lemay-Bonin et Naïma Alibay ont commencé à broder sur des chandails pour confectionner des cadeaux personnalisés à leurs amis. Mais le concept a fait mouche et, rapidement, ce sont les amis d’amis qui ont commencé à passer leurs commandes, jusqu’à ce que les filles décident de lancer une vraie collection.

C’était il y a un an. Aujourd’hui, les entrepreneures dans la mi-vingtaine sont agréablement surprises par leur succès, et la marque a plus que jamais le vent dans les voiles : la semaine dernière, l’animatrice de l’anti.tapis rouge de l’anti.gala KARV, Vanessa Pilon, a porté une de leurs créations. Il s’agit d’une robe noire de la styliste Sarah Hall-K, sur laquelle ont été brodées – à la main – des images de Sarah Chien, le bouledogue français de l’animatrice, adoré autant de sa propriétaire que du public.

CRÈME GLACÉE, LIMONADE SUCRÉE

Les images colorées qu’on trouve dans la collection De L’île, qui vont du Jell-O au sandwich « pas de croûte » en passant par le cornet de crème glacée, se veulent des clins d’œil à l’enfance des créatrices, toutes nées dans les années 90.

Les broderies sont apposées sur des vêtements classiques, aux coupes neutres, qui servent de canevas. Les cotons ouatés, t-shirts, casquettes et manteaux sont dénichés dans une sorte d’entrepôt, une « caverne d’Ali Baba » qui vend du stock vintage en gros. Mais la quantité augmentant sans cesse, les filles ont dû penser à un plan B pour les t-shirts, et ont ainsi récemment conclu une entente avec American Apparel. « On ne fournissait plus, on a terminé toutes leurs boîtes ! »

Chaque morceau est cousu à la main, dans la plus grande patience. Mais le temps investi (près de trois heures par vêtement) en vaut la peine, puisque toutes les pièces sont uniques.

« C’est ce qui fait la beauté de la chose, affirme Marilyne. On voulait faire différent du fast fashion, prendre le temps de fabriquer une pièce et y mettre un peu d’amour, comparativement à la manufacture. »

– Marilyne Gauthier-Leduc

Les jeunes femmes souhaitent d’ailleurs aller de plus en plus vers la personnalisation de chaque morceau.

Éventuellement, elles voudraient que les vêtements soient conçus de A à Z, ici même – d’où le nom, qui fait référence à « l’île de Montréal ». Mais la griffe est encore toute petite et, à défaut d’avoir un atelier à proprement parler, les filles travaillent toujours dans l’appartement de Marilyne. Elles brodent pendant de longues heures sur le divan, parfois en écoutant des films.

Et même si leur bébé prend presque tout leur temps, elles ont encore des emplois à côté. « Je travaille dans un restaurant, Naïma dans un café et Marilyne dans un bar, dit Judith. Si jamais ça ne fonctionne pas, on s’ouvrira un restaurant ! », conclut-elle dans un éclat de rire.

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