Opinion : Le Québec dans l’œil du monde

Un été moche à tous points de vue

Les météorologues nous avaient prévu un été moche. Pour une fois, il faut leur donner raison. Dame Nature est sans doute la seule personne sur qui on peut casser du sucre tous les jours sans craindre une poursuite en diffamation. D’ailleurs, nos médias ont cru bon nous rappeler moins souvent de bien faire cuire notre hamburger, de boire de l’eau ou de faire attention au soleil et aux moustiques. Les conseils tout usage qui servent généralement à combler la faiblesse de l’actualité en basse saison ont chuté de 18 %. Entre vous et moi, qui s’en plaindra ?

L’image du Québec dans la presse internationale semble avoir suivi la tendance. Immigration illégale et intolérance ont donné le ton aux médias étrangers qui se sont penchés sur le Québec. C’est la pire saison depuis cinq ans. En 2012, les faits divers avaient exceptionnellement marqué l’intérêt du monde pour le Québec. L’affaire Magnotta, la corruption et les nombreuses manifestations marquées par la violence s’étaient retrouvées parmi les éléments dominants de l’archétype québécois.

Soyons réalistes, le Québec bénéficie en général d’une couverture «  bonbon  » dans la presse étrangère. Nous sommes présentés comme un peuple tolérant, accueillant et festif. «  Le Québec, c’est beau, c’est bon et c’est chouette.  »

La culture, le tourisme et la bonne table composent en moyenne 58 % de ce qui se dit et s’écrit sur nous à l’international.

Dans les faits, ce sont des données comparables à la plupart des destinations touristiques populaires et exotiques dans le monde. Dans la presse internationale, le portrait robot montréalais ressemble beaucoup plus à celui de Bâle (Suisse), Budapest (Hongrie) et Copenhague (Danemark) qu’à celui de New York, Toronto ou Chicago.

Immigration illégale et montée de la droite

Cet été, par contre, le tourisme, la bonne table et la culture n’ont généré que 24 % de l’intérêt pour le Québec. En comparaison, l’immigration illégale et la montée de la droite composaient 48 % du regard étranger à notre endroit.

Rassurons-nous, tout le monde a été montré du doigt : le populisme de certains médias, le mouvement souverainiste, le projet de charte des valeurs et la trop grande générosité de nos gouvernements. Le New York Times est même remonté jusqu’à John A. Macdonald pour expliquer la situation.

Personne n’a toutefois souligné que la question des relations avec les communautés culturelles avait pris la forme d’un bruit de fond au Québec depuis 10 ans, c’est-à-dire depuis l’émergence des enjeux liés aux accommodements raisonnables.

Par ailleurs, le changement de ton des médias internationaux est cohérent avec la croissance du poids médias de l’extrême droite dans notre corpus domestique de nouvelles. En cinq ans, 40 % de l’intérêt des médias québécois pour le sujet est survenu cet été seulement ! Il s’agit là d’une hausse de 680 % en 60 mois !

Trump omniprésent

L’intérêt à l’égard du Québec a été très concentré. Les médias américains (48 %) et français (25 %) en sont les grands responsables. À l’inverse, 91 % du poids médias des nouvelles internationales publiées ou diffusées au Québec ont porté sur les États-Unis. Sans surprise, celles-ci étaient composées à 88 % par nul autre que Donald Trump.

Parmi les particularités de l’été, soulignons que, pour la première fois depuis 2010, la ville de Québec a été le principal vecteur d’intérêt touristique pour la province. Soyez rassurés. Il ne s’agit pas ici du retour des Nordiques ou des Expos. Québec a été au centre de 46 % de la totalité de la couverture touristique sur la province contre 45 % pour Montréal.

Le Festival d’été de Québec a d’ailleurs joué un rôle important en générant des retombées médiatiques dans une quinzaine de pays.

L’été 2017 aura donc été une saison atypique pour le Québec. Je ne crois pas que l’on puisse remarquer, à court terme, l’impact de ce changement de cap sur la venue de touristes étrangers, mais celui-ci mérite certainement une attention soutenue. Si l’on se fie aux tendances des 20 dernières années, ce ne devrait être que passager.

La valeur de la couverture médiatique

Que ce soit une ville, une région, une province ou un pays, une entité géographique n’est rien d’autre qu’une marque de commerce pour la presse étrangère. Le propos médiatique peut avoir un impact important à court, moyen ou long terme sur l’intégrité de sa marque, c’est-à-dire sur sa valeur.

Les secteurs les plus sensibles à ce type d’impact sont le tourisme, les affaires, les investissements, l’immigration de travailleurs et d’étudiants ainsi que les relations politiques.

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