APPRENTISSAGE

De l’importance du découpage pour les enfants

Découper, une activité banale ? C’est plutôt « un jalon important du développement de la motricité fine chez l’enfant », selon l’ergothérapeute Josiane Caron Santha. Elle publie L’apprentissage du découpage chez l’enfant (éditions MadyMax), un recueil de 50 projets de découpage pour enfants de deux ans et demi à sept ans. La Presse a joint Mme Caron Santha pour parler de ce sujet tranchant.

C’est important, le découpage ?

Oui. C’est plus qu’une activité parmi d’autres. C’est d’une grande importance pour développer différentes capacités, premièrement la motricité fine. Découper renforce les muscles à l’intérieur de la main. Ça fait aussi travailler le pouce séparément des autres doigts. On n’y pense pas, mais ce sont de ces muscles qu’on a besoin pour acquérir une bonne prise du crayon, bien orienter une brosse à dents, attacher des boutons et tenir sa fourchette comme un grand.

Deuxièmement, découper favorise la coordination œil-main. Il faut absolument regarder ce qu’on fait pour avoir un bon résultat. C’est nécessaire pour monter une fermeture éclair ou fermer un bouton.

Troisièmement, découper permet l’intégration bilatérale, ou la coordination des deux mains. C’est une des premières activités où l’enfant utilise ses deux mains pour faire des choses différentes. Une main tient le papier et l’autre découpe. C’est nécessaire pour attacher des lacets, ouvrir des contenants, utiliser un couteau et une fourchette en même temps.

Il y a un lien entre le découpage et l’écriture ?

Oui, parce que la prise du crayon a un grand impact sur l’écriture. Si vous tenez un crayon sans utiliser votre pouce, ce sera plus rigide, les muscles à l’intérieur de votre main vont compenser ou se contracter. En mettant le pouce face à l’index, seuls les doigts bougent. Ça donne plus de mouvement au crayon et plus d’endurance, pour écrire plus longtemps. Cette fonction du pouce ne se développe pas en utilisant un crayon, il faut qu’elle soit déjà développée.

Les enfants découpent-ils suffisamment en garderie ?

Il y a des milieux de garde qui font du bricolage tous les jours, d’autres qui en font très peu. Si on n’a pas au moins deux ou trois découpages qui reviennent à la maison chaque semaine, ce n’est pas assez, selon moi. C’est alors intéressant d’en faire à la maison. On ne peut pas développer une musculature et des habiletés en faisant quelque chose juste une fois par semaine.

Si notre enfant de 3 ans a beaucoup de mal à découper, faut-il s’inquiéter ?

Ce n’est pas nécessaire de s’inquiéter outre mesure tout de suite. Il faut d’abord se demander si on lui a donné des activités bien adaptées à son âge. Si on donne un cercle à découper à un enfant de 3 ans, on va trouver qu’il a de la difficulté. Un enfant commence à découper juste en tenant un papier et en faisant de petites entailles. À 2 ou 3 ans, on donne des activités très simples et motivantes. On peut aller couper des fleurs dehors, de l’herbe, un bout de pain ou de la pâte à modeler.

Quand faut-il consulter ?

Si le problème est juste avec le découpage, on peut stimuler davantage l’enfant à la maison. S’il a de la difficulté à tenir sa cuillère, qu’il n’expérimente pas avec un crayon à 3 ans, qu’on voit que l’utilisation de ses mains présente des difficultés généralisées, il peut être intéressant de consulter un professionnel, pour voir d’où vient le défi.

Le découpage selon les âges

De 18 à 24 mois : phase de l’intérêt

L’enfant s’intéresse à l’utilisation des ciseaux, au fait que ça sert à couper et à transformer le papier.

De 24 à 36 mois : phase de l’expérimentation

L’enfant ouvre et ferme les ciseaux avec ses deux mains, fait des entailles dans un papier tenu par un adulte, puis en le tenant seul.

De 3 à 7 ans : phase du perfectionnement

L’enfant découpe sur une ligne droite, puis découpe des formes qui nécessitent des changements de direction ponctuels (carrés) et graduels (courbes). Il découpe ensuite des formes plus petites, plus complexes, irrégulières, en raffinant fluidité et vitesse.

Source : L’apprentissage du découpage chez l’enfant (éditions MadyMax)

Cinq autres activités pour améliorer la motricité fine des enfants

Miam-miam

Prendre de petits objets avec des pinces et les donner à « manger » à des jouets.

Peinture à l’eau

« Peindre » sur du papier de construction avec des bâtonnets ouatés humectés d’eau.

Langue des signes

Apprendre quelques lettres de la langue des signes.

Bébé crayon

Colorier avec de petits bouts de crayon de cire ou des craies.

Ouragan

S’arroser avec une bouteille à vaporiser.

Source : L’apprentissage du découpage chez l’enfant (éditions MadyMax)

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