Chronique

Menteur, menteur, c’est encore meilleur !

Les épisodes de Mensonges 4 s’empilaient dangereusement dans mon enregistreur, comme une tour instable de Jenga, et je commençais à angoisser.

Comment la troisième saison de cette série policière finissait, déjà ? Et est-ce que j’allais être aussi perdu et mêlé dans l’histoire que Nanette Workman pouvait l’être à La voix  ?

Réponses : aucun signe de confusion dans mon salon. D’abord, Mensonges 4 décolle quatre ans après la fin du troisième chapitre, b) le brillant auteur Gilles Desjardins a rebrassé son jeu de cartes et c) à quelques détails facilement « googlables » près, nul besoin d’avoir suivi les saisons précédentes pour sauter dans cette grande enquête captivante.

Après quatre épisodes diffusés sur la chaîne AddikTV, Mensonges ne déçoit pas. C’est un thriller policier diablement bien ficelé.

La lieutenante-détective Julie Beauchemin (Fanny Mallette), pourtant allergique aux manœuvres sur le terrain, abandonne sa sacro-sainte salle d’interrogatoire pour diriger l’escouade secrète Catharsis, qui se spécialise dans l’orchestration d’opérations Mr. Big. Dans le jargon des flics, un Mr. Big consiste à extirper des aveux en immergeant un suspect dans un scénario digne d’un film hollywoodien.

Concrètement, ce virage « infiltration » permet à Mensonges 4 de descendre dans la rue avec la racaille qu’elle traque. Fini les longues interviews derrière la vitre-miroir, qui frôlaient parfois la redondance. L’action ne se passe plus dans un milieu aseptisé, mais dans des motels miteux et des bars à vidéopokers avec le « vrai monde ». Mention spéciale à la comédienne Mylène Mackay, qui a été extraordinaire dans la peau d’une joueuse compulsive au troisième épisode.

Ce revirement permet aussi à Fanny Mallette d’élargir sa palette de jeu, puisque sa Julie Beauchemin devient une agente double qui se déguise, charme ses personnes cibles et emprunte plusieurs identités différentes. Super défi pour une actrice.

Mon personnage préféré de Mensonges demeure Carla Moreli (Mélissa Désormeaux-Poulin), ex-actrice de porno qui sort de prison. C’est une femme sans filtre, rusée et attachante. Un atout parfait pour l’équipe de Catharsis, qui a besoin de l’expérience de rue de notre Carla.

Membre du trio originel, le sympathique Bob Crépault (Sylvain Marcel) a été promu chef de la division des homicides. Malgré lui, il croisera le fer avec son ancienne complice Julie, dont il ignore les nouvelles fonctions. Par contre, les scènes de ménage de Bob et de son épouse jalouse Cindy (Olivia Palacci) ont occupé trop d’espace au début, je trouve.

Quant à Maxime Moreli (Éric Bruneau), il ne reste pas bien longtemps affecté à la sécurité des diplomates d’Ottawa. Ses talents de limier manquent à Julie, qui le greffe – supposément de façon temporaire – à son escouade Catharsis.

Le personnage de tueur en série campé par Claude Legault est vraiment bien construit. Ce copieur de crimes se dévoile couche par couche et sa complexité n’a pas fini de nous surprendre.

Non, ce n’est pas une menterie d’écrire que Mensonges, c’est épatant. Je suis prêt à passer le test du polygraphe si vous ne me croyez pas.

Un meilleur Divorce

La première saison de la comédie dramatique Divorce, qui marquait le retour de l’enfant prodigue Sarah Jessica Parker à HBO, avait été extrêmement décevante. Comme si le ton de la série, noir et étouffant, n’avait jamais été bien cerné ou compris par les auteurs.

La deuxième, qui ne comprend que huit épisodes de 30 minutes, est beaucoup plus pétillante et touchante.

Elle s’ouvre avec la signature des papiers qui officialisent (enfin !) la douloureuse dissolution du mariage entre Frances (Sarah Jessica Parker) et Robert (Thomas Haden Church). Une fois l’encre séchée sur les contrats, ta-dam ! ça devient amusant et, comme dans toute séparation qui se respecte, un peu compliqué.

Les deux célibataires se remettent sur le marché des joueurs autonomes, tout en apprivoisant la garde partagée de leurs deux ados. 

L’esprit général de Divorce s’est ainsi allégé, sans oblitérer le côté plus sombre de l’évènement, qui gruge toutefois moins de temps d’antenne.

La superbe garde-robe boho-chic du personnage de Frances fera rêver la modeuse en vous. Divorce se déroule à Hastings-on-Hudson, en banlieue nord de New York, une municipalité que le New York Times avait qualifiée d’hipsturbia. Vous pouvez y trouver des restos végétaliens sans devoir payer les prix débiles de l’immobilier à Brooklyn. Vous pouvez même y pédaler en fixie (vélo à pignon fixe) ! C’est fou de même.

Pas besoin d’avoir vu la première saison de Divorce pour embarquer dans la suite. Et tous les épisodes de Divorce 2 sont disponibles en vidéo sur demande autant chez HBO et iTunes que Super Écran. Ça se dévore en une seule délicieuse bouchée.

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