Violence conjugale et familiale

Qui sont-ils ?

Les « groupes de suivi » chez Option sont ouverts, c’est-à-dire qu’ils accueillent de nouveaux participants au fur et à mesure que la thérapie progresse. « L’expérience des anciens inspire les nouveaux à se dévoiler », explique la thérapeute conjugale et familiale Lucie Saint-Pierre. Un matin de novembre, les hommes ont expliqué à deux « nouveaux » ce qui les avait amenés à suivre une thérapie. Voici quelques-uns de leurs portraits.

PIERRE

Il a 64 ans, est titulaire d’un diplôme de maîtrise et a passé des années dans la rue, à « vagabonder ». Il a été dépendant à la codéine pendant 17 ans et s’est rétabli avec les Cocaïnomanes anonymes. « J’ai toujours l’impression que je ne suis pas à la bonne place », dit-il, avant de souligner qu’il est venu en thérapie de son plein gré, contrairement à bien d’autres, contraints par la Cour. « Mais il y a la violence psychologique, admet-il. Je me rends compte, de plus en plus, que c’est ça, mon mode de fonctionnement. »

ALEXIS

Le père d’une famille nombreuse en est à sa deuxième thérapie. Il a menacé sa femme de tuer leurs enfants quand elle a rompu avec lui. « J’étais intimidé, terrorisé. Elle me demandait de quitter [la maison] et instinctivement, j’ai dit : "Je vais m’arrêter la vie plutôt que de quitter. Et je ne partirai pas seul." Après, j’ai été arrêté. » Alexis achève les 21 rencontres que la Cour lui a prescrites. « Avant, c’était comme si j’étais une maison sans avertisseur de fumée. Mais après, j’ai compris qu’il y avait des signaux », illustre-t-il.

EDUARDO

Il est mal à l’aise quand il doit expliquer ce qui l’a conduit en thérapie. Il est chez Option « pour éviter la prison ». L’événement qui l’a mené devant la Cour est un vol. « J’ai un problème de jeu et j’ai perdu des gros montants. J’avais arrêté de consommer, mais j’ai décidé de recommencer. J’ai pris deux grammes de crack et 21 Rivotril [médicament psychotrope] et sur le manque, je suis allé voler un sac à main », relate-t-il. Eduardo a un long passé de violence conjugale et il a déjà été incarcéré pour cette raison.

ARNAUD

« Je me suis pris la tête avec ma copine et je l’ai poussée. Elle a appelé son père parce qu’elle avait peur et lui, il a appelé la police. Je suis allé au poste pour la première fois de ma vie », laisse-t-il tomber. Il assiste à sa première rencontre et il est visiblement mal à l’aise. C’est après avoir lu un échange de textos entre sa copine et un autre homme qu’a eu lieu cet épisode de violence. Mais Arnaud ne veut pas préciser sa pensée. « C’est une des raisons pour lesquelles je n’aime pas le groupe. Si on va creuser, ça va devenir vraiment personnel », lâche-t-il. « C’est ta première rencontre. Que tu aies parlé, c’est déjà bon », dit Pierre.

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