légalisation du cannabis

Le cannabis sera légal dans moins de 24 heures au Canada. État des lieux, tant à Québec qu’à Ottawa.

Légalisation du cannabis

« Le gouvernement est prêt »

QUÉBEC — Bien que le Québec soit « prêt » à faire face à la légalisation du cannabis, le gouvernement désigné de François Legault souhaite légiférer dans les « prochaines semaines » pour resserrer les règles, jugeant que celles adoptées par le gouvernement Couillard comportent des « incohérences ».

À 24 heures du début de la vente légale de cannabis, tout est en place pour que l’entrée en vigueur de la loi fédérale se déroule dans l’ordre, a assuré le porte-parole du gouvernement désigné, le député Simon Jolin-Barrette.

« Les corps de police sont prêts, le gouvernement est prêt, a dit M. Jolin-Barrette en entrevue hier. Il y a certains ajustements qui devront être effectués, comme toute substance qui devient licite, mais une chose est certaine, c’est que le gouvernement, les corps de police et le réseau seront prêts. »

Le nouveau Conseil des ministres sera formé jeudi, au lendemain du premier jour de la légalisation. Le gouvernement désigné s’en remet donc aux policiers ainsi qu’aux experts en santé et en éducation pour assurer la phase de transition.

« On a déjà travaillé depuis plus d’un an là-dessus et nous, en tant que gouvernement, on va épauler ces professionnels pour s’assurer que la légalisation du cannabis se fasse dans l’ordre et on va déployer les ressources pour s’assurer de cela. »

— Simon Jolin-Barrette, député et porte-parole du gouvernement désigné

Les parlementaires québécois ont planché pendant plus d’un an sur un projet de loi qui vise à encadrer la consommation de cannabis dans la province. Certains pans de la loi ont fait consensus, par exemple la mise sur pied de la Société québécoise du cannabis (SQDC) pour vendre le produit.

Or, depuis plus d’un an, la Coalition avenir Québec (CAQ) promet de réformer deux volets de la loi. Elle souhaite hausser l’âge minimal de consommation de 18 à 21 ans et interdire le cannabis récréatif dans les lieux publics.

« Prévisibilité » des règles

Le gouvernement précédent avait élaboré une liste de lieux où la consommation serait proscrite, mais il avait permis aux municipalités d’élaborer leurs propres cadres réglementaires. Résultat : des cas où il est interdit de fumer un joint sur une piste cyclable, mais pas sur un trottoir, a illustré Simon Jolin-Barrette.

Le gouvernement caquiste compte rétablir la « prévisibilité » des règles et mettre fin aux « incohérences » de l’ancienne loi, a dit le député, réitérant un engagement électoral de la CAQ.

« On est conscients de la nécessité d’agir rapidement avec ce dossier-là », a dit M. Jolin-Barrette.

« Donc il faudra dans les prochaines semaines réaliser le plan d’action que nous avons promis en campagne électorale, c’est-à-dire faire passer l’âge à 21 ans pour l’achat et interdire la consommation dans les lieux publics. »

— Simon Jolin-Barrette

Le gouvernement caquiste souhaite, si possible, présenter un projet de loi pendant la session parlementaire qui se déroulera avant le temps des Fêtes.

« Le gouvernement de la CAQ procédera avec une modification législative au cours des prochaines semaines, à partir du moment où la transition sera complétée », a résumé le député.

Un tel changement n’a rien d’anormal, poursuit-il. Au Colorado, on a compté une vingtaine de changements réglementaires depuis que la substance y a été légalisée, en 2014.

Légalisation du cannabis

La pression augmente sur le gouvernement Trudeau

Ottawa — La pression a augmenté de plusieurs crans sur le gouvernement Trudeau, hier, alors qu’une série de sondages, études et mises en garde scientifiques ont révélé les nombreuses inquiétudes qui persistent partout au pays à moins de 48 heures de la légalisation du cannabis.

La journée a commencé avec une sortie cinglante de la rédactrice en chef du Journal de l’Association médicale canadienne, qui a qualifié la légalisation « d’expérience incontrôlée », ajoutant que toute hausse de la consommation devrait être considérée comme « un échec de la législation » fédérale.

Une étude du Centre universitaire de santé McGill, commandée par l’Association canadienne des automobilistes (CAA), a en parallèle révélé que les conducteurs étaient plus à risque d’être impliqués dans un accident de la route, même cinq heures après avoir consommé de la marijuana. Un sondage Léger réalisé pour la Fondation Jean Lapointe auprès de 500 parents québécois d’adolescents de 11 à 16 ans a enfin confirmé que 75 % d’entre eux sont « inquiets », dont 36 % « très inquiets », par rapport à ce qui se produira après la légalisation du pot.

« Actuellement, tout le monde se pose des questions », a lancé en point de presse le député conservateur Pierre Paul-Hus, porte-parole en matière de sécurité publique.

« Les provinces, les villes ont encore beaucoup de questions. Imaginez la population, et les parents qui ne savent pas quoi répondre à leurs enfants. Pour nous, c’est allé beaucoup trop vite. »

— Pierre Paul-Hus

Sa collègue Sylvie Boucher, élue conservatrice dans Beauport, a pour sa part fait valoir que le projet de loi C-45, qui concrétisera demain la légalisation du cannabis, était « incomplet ».

« Plusieurs personnes sont inquiètes parce qu’on a l’impression qu’on est laissés à nous-mêmes, a-t-elle lancé. Les parents, je les comprends totalement. »

« Précipitation »

Le bloquiste Mario Beaulieu a de son côté dénoncé « la précipitation et l’improvisation » dont a fait preuve, selon lui, le gouvernement Trudeau dans ce dossier. Une critique partagée par le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, qui accuse les troupes libérales de ne pas en voir fait assez pour épauler les provinces et territoires en vue de ce changement.

Bill Blair, ministre de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé, a dû réagir aux critiques à plusieurs reprises tout au long de la journée. Il a affirmé que le gouvernement Trudeau avait « travaillé très fort » depuis deux ans et demi en vue de mettre en place un « cadre réglementaire vraiment global » qui chapeautera la production, la distribution et la consommation de marijuana.

M. Blair, qui pilote le dossier du cannabis, a aussi avancé que les parents devraient s’inquiéter davantage de l’accès qu’ont actuellement leurs enfants au cannabis offert sur le marché noir.

« Nous faisons tout ce qui est possible pour restreindre l’accès et éliminer le marché illicite qui fournit de la drogue aux enfants en ce moment. »

— Bill Blair, ministre de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé

Questionné plus tard à la Chambre des communes, le ministre a cité avec satisfaction une déclaration faite quelques moments plus tôt par le président de l’Association canadienne des chefs de police, Adam Palmer. Celui-ci a déclaré en conférence de presse que les corps de police du pays étaient « prêts » à affronter les effets de la légalisation.

Le gouvernement Trudeau promet malgré tout d’accentuer les efforts de prévention et de sensibilisation aux méfaits du cannabis, bien insuffisants à l’heure actuelle aux yeux de l’opposition.

Les campeurs pourront consommer dans les parcs nationaux fédéraux

Les campeurs seront autorisés à fumer du cannabis sur les emplacements de camping des parcs nationaux du Canada, a annoncé Parcs Canada. De plus, les randonneurs qui se promèneront dans les parcs nationaux de certaines provinces, dont l’Alberta, la Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec, seront autorisés à fumer dans les sentiers de randonnée et dans l’arrière-pays. Il sera toutefois interdit de fumer dans les aires de camping communes et autour des terrains de jeux. Les règles applicables aux zones publiques varient en fonction de la province où se trouve le parc national. Au Québec, par exemple, il sera permis de consommer la substance dans les sentiers et dans l’arrière-pays, mais les fumeurs devront s’éloigner dans un rayon de neuf mètres lorsqu’il y a des bâtiments. — La Presse canadienne

Comment « rouler un joint en cinq étapes » au Nouveau-Brunswick

L’agence Cannabis Nouveau-Brunswick pousse sa responsabilité d’informer le consommateur jusqu’à offrir en ligne un petit cours sur la façon de « rouler un joint en cinq étapes ». Le site de Cannabis NB comprend une section « Cannabis 101 » pour renseigner les nouveaux utilisateurs de la drogue, légalisée par le gouvernement fédéral demain. On y décrit notamment les effets secondaires, les différents produits et la façon de conserver la fraîcheur de sa marijuana. Sous la rubrique « rouler un joint en cinq étapes », on illustre, photos à l’appui, « comment en rouler un parfaitement ». On précise qu’il faut d’abord émietter le cannabis « jusqu’à ce qu’il ait la texture de l’origan ». On pourra ensuite créer un filtre, pour éviter que des fleurs broyées ne pénètrent dans la bouche et pour aider « à obtenir un joint uniforme ». — La Presse canadienne

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