Victoire de Justin Trudeau

Vent d'optimisme pour les transports au Québec

Le ministre des Transports du Québec, Robert Poëti, a indiqué hier qu’il a bon espoir que le nouveau gouvernement libéral tiendra promesse en n’imposant pas de péage sur le pont Champlain, comme l’a assuré Justin Trudeau en campagne électorale.

Au lendemain du scrutin fédéral qui a porté le Parti libéral du Canada au pouvoir, lundi soir, le ministre Poëti a affirmé hier qu’« on a entendu clairement de la part des libéraux qu’il n’y aura pas de péage sur le pont Champlain. C’est une excellente nouvelle pour les Montréalais et pour tous les gens de la grande région métropolitaine ».

En plus de l’abandon du péage prévu sur le nouveau pont qui remplacera le pont Champlain actuel, à la fin de 2018, le Québec devrait aussi tirer profit des engagements libéraux d’investir massivement dans des projets de transports collectifs partout au pays.

Le plan libéral en matière d’infrastructures, auquel Justin Trudeau a maintes fois fait référence au cours de la longue campagne électorale, prévoit des crédits de 5,8 milliards, d’ici 2020, pour financer des projets de transports en commun, et des investissements totalisant près de 20 milliards sur 10 ans dans les réseaux de transport urbain, d’un bout à l’autre du pays.

« On n’a jamais autant entendu parler d’infrastructures et d’investissements dans les transports collectifs que durant cette campagne électorale », a souligné Philippe Cousineau-Morin, porte-parole de l’alliance Transit pour le financement des transports en commun au Québec.

« La reconnaissance que ces infrastructures ont des besoins de financement pressants est fondamentale. On reconnaît le problème d’investissements et, en soi, c’est très positif. Je suis optimiste pour la suite des choses. »

— Philippe Cousineau-Morin

Au moins trois grands projets de transports en commun sont en cours de planification dans la région métropolitaine. La Caisse de dépôt et placement du Québec étudie la faisabilité d’implanter un train léger sur le nouveau pont Champlain et de relier le centre-ville de Montréal et l’ouest de la métropole par un mode de transport électrique, qui desservirait notamment l’aéroport Montréal-Trudeau. Le ministre des Transports attend pour sa part une étude de faisabilité pour le prolongement de la ligne bleue du métro jusqu’à Anjou. Les investissements nécessaires à la réalisation des trois projets pourraient s’élever à quelque 7 milliards au cours des sept ou huit prochaines années.

LE QUÉBEC À LA TRAÎNE

Pour Normand Parisien, consultant privé en matière d’économie des transports et de gouvernance des réseaux, la région de Montréal accuse néanmoins un « retard important » en matière de planification et de développement quand on la compare à celle de Toronto, qui met actuellement en œuvre un plan estimé à 50 milliards sur 25 ans.

Ce plan, baptisé « Big Move », ambitionne d’allonger de 1200 kilomètres les réseaux de transport rapide du Grand Toronto afin que 80 % de la population régionale ait accès à ces services à moins de 2 km de son domicile.

« Le développement des transports en commun au Canada est présentement dans un cul-de-sac à cause de l’inertie du gouvernement sortant de Stephen Harper, et les provinces, autant que les villes, sont à court de ressources », observe M. Parisien.

« Les engagements des libéraux redonnent de l’espoir, mais il va y avoir une compétition féroce entre les villes pour obtenir les faveurs du gouvernement fédéral. »

— Le consultant Normand Parisien

M. Parisien souligne ainsi que pendant que la première ministre ontarienne Kathleen Wynne travaillait activement à défaire le gouvernement conservateur, au cours des derniers mois, « le Québec n’a pas fait grand-chose pour articuler une nouvelle vision de développement, à part brasser des structures de gouvernance ».

Le président de la Société de transport de Montréal, Philippe Schnobb, qui est aussi président de l’Association du transport urbain du Québec, qui regroupe les neuf plus grandes sociétés de transports en commun de la province, trouve ces critiques injustes et estime qu’il faut d’abord réformer cette gouvernance avant de pouvoir dégager une vision claire du développement des réseaux de transports en commun.

« Les projets, a-t-il assuré, on les connaît, et on sera là avec tous nos partenaires, dont le gouvernement du Québec, pour les faire valoir en temps voulu. »

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