RÉPLIQUE 

LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ
Ni trop peu ni trop tard !

En réponse au texte de Virginie Larivière et de Serge Petitclerc du Collectif pour un Québec sans pauvreté, publié le 26 juin dernier

Le Collectif pour un Québec sans pauvreté a dressé dans ces pages un bilan des actions du gouvernement du Québec en matière de lutte contre la pauvreté.

Comme il fallait s’y attendre, compte tenu de son fort parti pris idéologique, ce bilan sombre repose sur des omissions et sur un manque d’objectivité commandant une réplique.

Au premier rang canadien

Parlant de mesures objectives, Statistique Canada fait état une fois l’an de l’évolution de la pauvreté au pays. Les données les plus récentes remontent à 2016, période où, selon le Collectif, le Québec était « ravagé par l’austérité ». Celui-ci sera donc déçu d’apprendre que le Québec a pourtant atteint à ce moment le taux de pauvreté le plus bas de son histoire (8,6 %), ce qui lui a permis de figurer en tête des provinces canadiennes pour la première fois. 

La performance économique du Québec et notamment la création d’emplois constituent fort probablement les principales causes de cette performance enviable.

Historiquement, la fluctuation du taux de pauvreté au Québec fut liée à deux variables : le niveau des investissements dans les programmes (pour un impact de 40 %) et l’activité économique (pour un impact de 60 %). Ceci m’amène à conclure que cette tendance positive devrait se maintenir, puisque la création d’emplois a été particulièrement vigoureuse en 2017 et en 2018, tout comme le niveau d’investissement gouvernemental dans différents programmes sociaux.

Parmi les premiers au monde

Le dernier Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale 2017-2023 a permis la mise en place d’un revenu de base s’adressant aux personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi, programme de transfert qui les hissera à terme au-dessus du seuil de faible revenu de façon permanente. Une première au Canada qui représente un effort financier de près de 1,3 milliard de dollars.

Les deux premiers plans déposés au cours des 15 dernières années ont contribué à sortir 140 000 personnes de la pauvreté, essentiel-lement des personnes vivant dans des familles.

Le troisième aura pour effet d’en sortir à lui seul plus de 100 000, essentiellement des personnes vivant seules.

Nos calculs indiquent qu’avec ce nouvel effort en faveur des personnes très vulnérables, le Québec devrait se retrouver pour la première fois dans le peloton de tête des pays industrialisés comptant le moins de personnes pauvres, peloton constitué des Pays-Bas, de la Norvège, de la Finlande et du Danemark. Nous atteindrions ainsi la cible déterminée en 2002 par les parlementaires québécois lors de l’adoption de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale alors que plusieurs commentateurs croyaient cela impossible.

Le reproche que peut faire le Collectif au gouvernement du Québec, j’en conviens, c’est de ne pas avoir souscrit à leur vision en matière de lutte contre la pauvreté qui reste essentiellement calquée sur celle de Québec solidaire.

Mais lutter efficacement contre la pauvreté exige une économie forte et des politiques publiques bien réfléchies s’appuyant sur des principes de justice clairs.

Le Québec se porte mieux sur tous les plans, car il est demeuré, dans son développement économique, extrêmement inclusif et égalitaire. Il faut continuer sur cet élan et ne pas le briser. À quelques mois de la prochaine élection, l’arbre idéologique et partisan du Collectif l’empêche tout simplement de voir la forêt.

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