ÉDITORIAL PISTES CYCLABLES

Sur la bonne voie

« Je ne roulerais pas ici [en vélo] avec mes enfants. »

C’est ce qu’a affirmé il y a deux ans celui qu’on surnomme « le pape du vélo urbain », Mikael Colville-Andersen. Le grand patron de la firme d’urbanisme danoise Copenhagenize – renommée pour son classement des meilleures villes cyclables au monde – s’était alors confié au Devoir lors d’un passage au Québec.

Il a par la suite fait chuter Montréal, dans son palmarès, de la 13e à la 20e place. Notamment parce qu’il jugeait que les autorités municipales montréalaises manquaient de « volonté politique » en la matière.

Il faut reconnaître que plusieurs autres grandes villes nord-américaines, notamment Toronto, ont fait ces dernières années des pas de géant pour ce qui est du développement des voies cyclables, tant sur le plan de la quantité que de la qualité.

Et que Montréal a progressé aussi vite qu’un vélo dont l’un des pneus a crevé. Par exemple, bon an, mal an, la Ville promet d’ajouter 50 kilomètres de voies cyclables de plus au réseau existant. Mais jusqu’ici, elle avait toujours raté cette cible annuelle.

Difficile, dans ces circonstances, de blâmer ceux qui doutaient de la volonté politique de nos dirigeants municipaux.

Or, la semaine dernière, ceux-ci ont démontré qu’ils semblent être, plus que jamais, sur la bonne voie. D’abord parce qu’il y a bel et bien eu plus de 50 kilomètres de voies cyclables aménagées à Montréal l’an dernier. (Ce qui est dommage, c’est que l’objectif annuel n’a pas été atteint, mais c’est surtout parce qu’on était en rattrapage et qu’on avait mis la barre visiblement trop haute : 67 kilomètres.)

Il reste que cet élan donné au vélo au cours des 12 derniers mois permet de croire la Ville lorsqu’elle affirme qu’on franchira à nouveau les 50 kilomètres de voies cyclables pour l’année en cours. D’autant plus qu’on vient d’annoncer la création d’un bureau de projet, autre preuve qu’on prend la chose plus au sérieux qu’auparavant.

Parmi les autres bonnes nouvelles :  l’aménagement de deux « vélorues », soit la transformation de tronçons des rues Saint-André et Mentana en espaces où tant les automobiles que les vélos pourront utiliser la chaussée.

De là à affirmer que le plan vélo de la Ville est maintenant bien en selle, il n’y a qu’un pas… que nous ne franchirons pas tout de suite.

En effet, il faut continuer d’insister pour que les millions investis servent le plus souvent possible à la création de véritables pistes cyclables sécurisées.

D’après les calculs de Projet Montréal, l’an dernier, « 90 % des kilomètres aménagés » ont été « des bandes cyclables ou des chaussées partagées ». La Ville parle plutôt de 70 %. Dans un cas comme dans l’autre, c’est insuffisant.

Par ailleurs, les endroits où les futures pistes seront situées doivent répondre à une véritable vision d’ensemble qui tient compte des besoins des usagers actuels et potentiels. Tout comme le choix des pistes à rénover. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas.

Ces améliorations sont aussi urgentes qu’essentielles. Pas uniquement pour améliorer les déplacements des cyclistes et encourager plus de monde à enfourcher un vélo, mais aussi pour accroître la sécurité de ceux pour qui c’est déjà un mode de vie.

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