Témoignage

Deux-Montagnes sauvée des eaux

Petit matin, 7 h. De mon lit douillet j’entends les camions, tracteurs et pelles mécaniques de la Ville qui travaillent encore, sans relâche, à renforcer la digue temporaire construite la veille de Pâques.

Depuis une dizaine de jours, la Ville de Deux-Montagnes a déployé des moyens extraordinaires pour sécuriser le territoire. Les pompiers, les travaux publics, la police, le maire, son équipe et la population de Deux-Montagnes, dont de nombreux habitants ont tant souffert en 2017, mettent la main à la pâte , veillent 24 heures sur 24, colmatent les brèches ou les points faibles de cette digue incroyable qui tient le coup. 

En 2017, le lac des Deux-Montagnes s’était introduit très loin à l’intérieur de la municipalité, ravageant plus de 125 résidences. Nous, riverains, étions aux premières loges. Notre maison entourée d’eau comme une île, nous nous déplacions en canot dans notre voisinage. La station de pompage voisine ne fonctionnait pas : bris mécanique.

Le week-end de Pâques, les employés de la Ville étaient en congé, tout était fermé, malgré l’urgence. 

Nous avions 10 pompes dans notre sous-sol de service, évacuant 50 000 gallons d’eau à l’heure. Nuit et jour, l’oreille tendue, nous veillions nos pompes. Nous avions démonté et transporté toute la cuisine dans les chambres du deuxième étage. Nous étions des naufragés sur une île frappée par les vagues gonflées par le vent d’ouest qui ravageait sur son passage notre petite piscine.

Deux ans plus tard

Cette année, le lac des Deux-Montagnes atteint le même niveau centenaire qu’il y a deux ans et pourtant nous avons bien dormi cette nuit. De mon lit, j’entends une pompe de ma cave, la seule qui crache un filet d’eau sur un rythme intermittent. Tout va bien. Tout est sous contrôle. Nous sommes sauvés. 

Que s’est-il donc passé pour que, dans les mêmes conditions, notre terrain en bordure du lac reste au sec ? 

Nous sommes Deux-Montagnes sauvée des eaux grâce à notre équipe municipale. Ici, notre maire et son équipe sont devenus nos héros. Si l’intelligence consiste à ne pas reproduire les mêmes erreurs en espérant obtenir des résultats différents, on peut affirmer que l’intelligence se manifeste actuellement dans la ville de Deux-Montagnes. 

Ici, depuis deux ans, la municipalité travaille à maîtriser les inondations. L’été dernier, on s’est assuré d’avoir des pompes fonctionnelles. On a installé des génératrices au cas où les inondations forceraient une interruption d’électricité. Sachant que les digues de sable sont fragiles, on a empilé des milliers de blocs de béton dans le parc municipal central afin de déployer rapidement une digue temporaire si nécessaire. On a forcé le personnel à rester sur le qui-vive, même pendant les week-ends, même pendant le congé pascal. 

Il faut le dire, à Deux-Montagnes, les dirigeants ont vu leurs citoyens durement éprouvés en 2017. Ils ont constaté le stress, la maladie, les dépressions qui se sont multipliées. Le cœur vaillant, ils ne se sont pas avoués vaincus.

Diligents, ils ont retroussé leurs manches et se sont préparés à braver la nature. Ils ont pris des décisions difficiles, pas toujours évidentes mais qui se révèlent aujourd’hui être les bonnes. La méga-digue tient le coup, nos maisons sont protégées, et les sommes investies en prévention ne représentent qu’une fraction des millions de dollars qu’il aurait fallu payer en dédommagements. 

Si nous restons inquiets de constater que nous atteignons encore une fois la crue centenaire de 2017, nous sommes aussi reconnaissants d’avoir la chance d’être entourés d’élus courageux, qui font preuve de leadership. 

Merci, M. le maire Denis Martin, M. le directeur général Benoit Ferland. Merci aux pompiers, aux travaux publics, aux policiers, à tous les braves qui gardent le fort depuis tant de journées. Vous êtes nos héros !

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