OPINION

REFUS DE SOINS Notre fille prenait des décisions réfléchies

Voilà 25 mois que nous vivons le deuil de notre fille chérie Éloïse et que nous tentons de le faire dans la plus grande discrétion même si les circonstances de sa mort ont braqué les projecteurs des médias sur notre famille.

Et comme si la peine d’avoir perdu notre fille ne suffisait pas, la campagne de dénigrement qui a suivi contribue à ternir sa mémoire. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de sortir de notre silence et de rétablir les faits.

Certaines personnes ne cessent d’affirmer dans les médias qu’Éloïse n’a pas pu exprimer un consentement libre et éclairé, qu’elle aurait été manipulée à son insu et que sa décision de refuser une transfusion de sang serait le fruit de cet endoctrinement. Ces gens ne connaissaient sûrement pas notre fille pour tenir de tels propos.

Éloïse était connue de tous ses proches comme une jeune femme épanouie et déterminée. Son parcours en témoigne.

À la fin de ses études secondaires, elle a reçu la Médaille académique du Gouverneur général remise aux diplômés qui ont obtenu la meilleure moyenne au terme de leurs études. Puis à 18 ans, elle a ouvert son propre commerce qu’elle a dirigé avec succès pendant sept ans. Deux exemples parmi d’autres qui offrent un aperçu de sa force de caractère.

Depuis deux ans, Manon Boyer [tante d’Éloïse], qui n’a pourtant jamais été proche de notre fille, se plaît à faire le procès des convictions d’Éloïse et de son entourage dans les médias. Ses propos déformant la réalité sont une atteinte à sa mémoire. Lorsqu’elle prétend qu’Éloïse n’a pu donner un consentement éclairé, elle nie les conclusions du rapport du coroner qui établit clairement qu’à plusieurs reprises, elle a fait connaître son choix alors qu’elle était seule avec le personnel médical.

Il est également tout à fait faux et même ridicule d’affirmer que Éloïse a été « séquestrée » pendant son hospitalisation. Nous ne pouvons que déplorer ce manque de respect pour toutes les personnes concernées.

Nous sommes conscients qu’il peut être difficile pour certains de comprendre la conscience et les convictions religieuses des autres.

Mais à défaut de les comprendre, est-il possible à tout le moins de reconnaître à Éloïse le droit fondamental de s’être prévalue de sa liberté de choix ?

Par cette lettre ouverte, nous ne cherchons pas à convaincre qui que ce soit du bien-fondé des croyances d’Éloïse. Nous voulons simplement qu’on respecte la personne qu’elle était, une personne autonome, intelligente et capable de prendre des décisions réfléchies. Nous parviendrons ainsi à mieux vivre notre deuil.

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