Visite à Téhéran

Coderre défend son rôle de diplomate urbain

Le rôle des grandes villes ne se limite plus à entretenir les rues et à ramasser les ordures, mais aussi à jouer un rôle diplomatique sur la scène internationale, selon le maire Denis Coderre

Critiqué à la suite d’un récent voyage à Téhéran, en Iran, le premier magistrat de Montréal s’est défendu en disant profiter de ses déplacements pour « passer des messages », sans préciser les messages qu’il avait passés ni à qui il l’avait fait. « Chaque fois que je me promène, que ce soit à Téhéran [en Iran], à Beyrouth [au Liban] ou à Jérusalem [en Israël] au mois de novembre, autant sur le plan du développement économique, du développement social que du développement durable, on passe des messages. Si on veut faire partie de ceux qui vont faire partie de la solution, on n’a pas à jouer la chaise vide non plus », a-t-il dit hier matin.

Il a tenu à assurer que sa présence dans certains pays au ban de la communauté internationale ne devait pas être interprétée comme un appui à ces régimes. « Quand on fait des voyages, on rencontre des villes, ça ne veut pas dire qu’on appuie tout, au contraire. Mais le fait d’avoir une première relation, d’avoir des canaux de communication, ça nous permet de passer des messages et d’avoir une stratégie d’accompagnement pour permettre de grandir et d’améliorer le sort de la planète. »

Le maire Coderre a souligné que plusieurs maires de grandes métropoles jouaient un rôle actif sur la scène internationale, citant les premiers magistrats de Paris (France), Berlin (Allemagne), Dakar (Sénégal), Hiroshima (Japon) et Séoul (Corée du Sud). Selon lui, « Montréal a énormément de retombées parce qu’on joue un rôle de chef de file en matière de diplomatie urbaine ».

L’ère des villes

Montréal a en effet beaucoup à gagner en s’impliquant sur la scène internationale, affirme Danielle Pilette, spécialiste en affaires municipales à l’Université du Québec à Montréal. « C’est une métropole de petite taille et, pour Denis Coderre, il y a un intérêt à s’insérer dans ce mouvement pour attirer des investissements. C’est vrai que l’avenir est métropolitain. Les gouvernements nationaux doivent arriver en soutien de ça, mais aujourd’hui, les réseaux se bâtissent plus entre métropoles qu’entre États-nations », dit-elle.

À ce titre, l’Iran est une cible de choix pour Montréal, puisque Bombardier convoite ce marché avec son avion C Series et que les universités courtisent les étudiants iraniens, précise Mme Pilette.

L’opposition à l’hôtel de ville ne voit d’ailleurs pas de problème à ce que le maire s’implique sur la scène internationale. Projet Montréal demande toutefois qu’il fixe plus clairement ses objectifs. « L’enjeu, ce n’est pas la quantité de voyages qu’il fait, mais la qualité. Quand il part, il n’y a jamais de plan de mission. On dirait qu’il écrit les objectifs en revenant dans l’avion. Il y a un manque de sérieux », déplore le conseiller Guillaume Lavoie.

L’élu, qui brigue la direction de l’opposition, se questionne toutefois sur le voyage en Iran, alors que le Canada a coupé les ponts avec ce pays. « Avait-il l’aval du ministère des Affaires étrangères ? La question se pose. »

« Je n’ai pas à demander la permission du Canada », a rétorqué Denis Coderre. Il dit ne pas être allé à Téhéran « en tant que maire de Montréal ou représentant du Canada, mais en tant que président de Métropolis ». Il préside en effet depuis quelques mois cette organisation regroupant plus de 130 villes du monde, dont Téhéran est membre depuis plus de 20 ans.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.