Livre

Maxime Bernier prédit la fin prochaine de la gestion de l'offre

Ottawa — À l’instar de la chute du mur de Berlin il y a près de 30 ans, le système de gestion de l’offre pour les produits laitiers et la volaille est voué à disparaître tôt ou tard, prédit le député de Beauce Maxime Bernier, qui a perdu la course à la direction du Parti conservateur l’an dernier en bonne partie à cause de sa promesse d’abolir ce régime mis sur pied dans les années 70.

Dans un livre qui paraîtra cet automne, intitulé Faire de la politique autrement : Ma vision du Canada, Maxime Bernier revient sur l’enjeu dominant de la course au leadership qui a permis à son principal adversaire, Andrew Scheer, de remporter la victoire au 13e tour avec 51 % des voix contre 49 % pour le député de Beauce. M. Scheer avait vertement dénoncé cette promesse de M. Bernier durant la course.

D’entrée de jeu, M. Bernier rejette l’argument de certains selon lequel il a commis une grave erreur stratégique en promettant de tout mettre en œuvre pour abolir le système de gestion de l’offre – « un cartel » qui permet à un petit groupe d’agriculteurs de s’enrichir aux dépens des consommateurs, selon lui.

Certes, sa promesse a fouetté les agriculteurs qui se sont organisés et ont acheté des cartes de membre afin de lui barrer la route, y compris dans sa propre circonscription de Beauce. Mais en tant que défenseur du libre marché, défendre ce système simplement pour remporter la course à la direction du parti aurait relevé de l’hypocrisie, selon lui.

« Je ne vois pas comment j’aurais pu faire campagne autrement. Je n’aurais certainement pas pu prendre position en faveur de la gestion de l’offre. Ma campagne aurait été basée sur un mensonge. »

— Extrait du chapitre 5 du livre de Maxime Bernier, consacré entièrement à la question de la gestion de l’offre

S’il a mobilisé les agriculteurs contre lui, il affirme toutefois : « j’ai également motivé des milliers de personnes à acheter leur carte et à voter pour moi, et à me soutenir avec enthousiasme, car elles ont compris que c’était le symbole le plus évident de mon engagement à faire de la politique autrement. Cette prise de position rapportait également beaucoup d’argent chaque fois que nous la mentionnions dans nos courriels de collecte de fonds, ce qui m’a permis de payer pour l’organisation de la campagne. C’était certainement une arme à double tranchant. Cela a rendu mes adversaires plus forts, mais cela m’a aussi rendu plus fort », soutient-il.

M. Bernier se désole tout de même de constater qu’un un plus tard, « les faux conservateurs » au Québec qui ont permis à Andrew Scheer de l’emporter ne sont même plus membres du Parti conservateur aujourd’hui.

Dans son livre, M. Bernier affirme qu’il ne défendra plus jamais la gestion de l’offre, comme il a été contraint de le faire du bout des lèvres lorsqu’il était ministre dans le gouvernement Harper afin de respecter le principe de solidarité ministérielle, et qu’il n’hésitera pas à reprendre le « combat » si l’occasion se présente.

Le propriétaire de la maison d’édition Optimum Publishing International, Dean Baxendale, a décidé de publier le chapitre 5 portant sur la gestion de l’offre maintenant, compte tenu que les négociations entre le Canada, les États-Unis et le Mexique visant à moderniser l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) pourraient déboucher sur une entente d’ici vendredi et que la nouvelle mouture de l’ALENA pourrait inclure d’importantes modifications à la gestion de l’offre.

Pour Maxime Bernier, qui rappelle que le président des États-Unis, Donald Trump, a critiqué à plusieurs reprises la gestion de l’offre au Canada, il est évident que ce régime tire à sa fin. Il croit d’ailleurs avoir provoqué un véritable débat sur cette politique durant la course à la direction du Parti conservateur et que le travail qu’il a accompli servira quiconque voudra défendre la même position durant une autre course au leadership ou au sein d’un gouvernement.

« Si ce n’est pas sur la base de principes et de bonnes politiques économiques, le changement surviendra parce qu’il sera devenu inévitable politiquement et économiquement, peut-être très bientôt s’il fait partie du renouvellement de l’ALENA. Un système instable basé sur des mensonges, des mesures coercitives, et sur l’exploitation de la majorité au profit d’une minuscule minorité est voué à s’effondrer d’une manière ou d’une autre. Tout comme il était inévitable que le mur de Berlin finisse par tomber », écrit M. Bernier.

ALENA

Une « très forte probabilité » d’accord début mai

Il y a une « très forte probabilité » que le Mexique, les États-Unis et le Canada parviennent pendant la première semaine de mai à un accord préliminaire pour la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), a déclaré hier le ministre mexicain de l’Économie Ildefonso Guajardo. « Il y a une très forte probabilité, je dirais un 80 %. Ça va beaucoup dépendre de la flexibilité », a ajouté M. Guajardo, qui dirige l’équipe mexicaine de négociations, dans un entretien avec la chaîne Televisa. Selon le ministre, les partenaires devraient parvenir à un « accord de principe », qu’ils devront ensuite signer dans un délai « de 30 jours », en vue de la rénovation de ce traité commercial sur lequel les difficiles négociations ont débuté en août dernier. D’ailleurs, le président américain Donald Trump a estimé aussi hier qu’un accord pourrait être trouvé prochainement, confortant des déclarations du ministre de l’Économie mexicain. « Il y a encore beaucoup à faire mais nous avons fait d’incroyables progrès, nous sommes plutôt près [de parvenir à un accord] sur l’ALENA», a-t-il déclaré avant le début d’une réunion de son cabinet. — Agence France-Presse

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