L’économie qui s’écrit

Des pistes pour faire mieux

On le sait, la croissance économique réelle du Québec est stable, mais faible. Depuis quatre ans, elle oscille entre 1 % et 1,5 %. Le vieillissement de la population et des gains de productivité anémiques ne permettent guère d’espérer davantage pendant encore des années. Devant ce constat plutôt déprimant, 13 économistes se sont retroussé les manches afin d’esquisser des voies pour faire mieux, dans Maximiser le potentiel économique du Québec.

La formule étant axée sur la libre réflexion des auteurs, on ne sera pas surpris d’y trouver des a priori où les forces du marché sont perçues tantôt à libérer, tantôt à encadrer. Le rôle de l’État est vu tantôt comme moteur, tantôt comme facilitateur, tantôt comme empêcheur de tourner en rond. 

TAUX D'EMPLOI

L’économiste émérite Pierre Fortin ouvre le bal en cernant la problématique du taux d’emploi, c’est-à-dire la portion de la population entre 15 et 64 ans qui a un emploi. Ce taux a beaucoup augmenté depuis 20 ans grâce à la participation accrue des femmes. Ce rattrapage étant terminé, les gains devront provenir du prolongement de la vie active, d’une meilleure intégration des immigrants et d’un relèvement du niveau d’éducation.

TRANSPORTS

Pierre-Paul Proulx énumère les défis d’une petite économie ouverte à l’ère de la mondialisation. Il formule 13 suggestions dont plusieurs portent sur la fluidité du transport des personnes et des marchandises.

PRODUCTIVITÉ

Yves St-Maurice se penche sur l’énigme de la productivité, mais se concentre sur celle des services qui représentent désormais 72 % de la taille de l’économie. Au moment où triomphe l’individualisme, il souligne que cette productivité est « d’abord et avant tout une question de souci des autres ». Si la productivité, c’est l’art de connecter le capital et le travail, alors les faibles gains observés sont moins l’affaire de travailleurs qui n’en font pas assez que de gestionnaires qui n’agissent pas en leaders dans leur domaine.

IMMIGRANTS

Thérèse Laflèche décortique la problématique des immigrants sur le marché du travail. Leur surqualification n’est pas un problème plus aigu au Québec que dans d’autres provinces, mais la discrimination, si. Elle propose notamment d’améliorer la reconnaissance des diplômes et de sélectionner davantage d’immigrants ayant une meilleure connaissance de l’anglais.

FONCTION PUBLIQUE

Jean-Pierre Aubry se porte à la défense d’une solide expertise au sein de la fonction publique. Il plaide pour l’apport complémentaire de ressources externes au besoin, la révision permanente des programmes et l’appréciation du poids de la taxation en fonction des services reçus lorsqu’on se livre à des comparaisons.

COMMISSIONS CHARBONNEAU ET GODBOUT

Marcellin Joanis plaide pour l’application des recommandations de la commission Charbonneau tandis que Luc Godbout revient sur les prémisses qui ont conduit à la proposition de réforme de la fiscalité par la commission qu’il a présidée.

TAUX D’IMPOSITION

Jean-Michel Cousineau s’attarde au taux effectif marginal d’imposition qui agit comme un frein au retour sur le marché du travail des moins nantis. C’est un problème que visent à corriger en partie le bouclier fiscal provincial recommandé par la commission Godbout et la baisse d’impôt sur le revenu de la classe moyenne mise en vigueur par Ottawa.

DETTE

François Delorme se veut rassurant : « Le ratio dette/PIB devrait diminuer au Québec quel que soit le concept de dette utilisé. » Pour appuyer cette prévision, il met en lumière la relation entre taux de croissance et taux d’intérêt et définit ce qu’est un déficit ou un surplus primaire.

COURS D’ÉCONOMIE

Jean-Claude Cloutier tente de cerner ce qui distingue notre entrepreneuriat dont les Québécois ont une image ambivalente. L’État devrait en faire davantage la promotion, tenter d’attirer des immigrants entrepreneurs (à ne pas confondre avec investisseurs) et réinsérer des cours d’économie dans le cursus scolaire.

TGV

Jean-Pierre Lessard se fait l’apôtre d’un train à grande vitesse (TGV) dans le corridor Québec-Windsor, un projet structurant, vert, et capable de mobilier l’économie du savoir et le secteur manufacturier. « S’il existe un déficit, c’en est un de vision », lance-t-il pour faire taire ceux qui jugent pharaonique un tel chantier.

VILLES

Sur la même voie, Mario Lefebvre prône la reconnaissance du rôle moteur des villes. Or, celles-ci pâtissent d’infrastructures vieillissantes et d’un impôt foncier inadapté à leurs responsabilités grandissantes dans la formation des immigrants ou le logement social.

DÉCISIONS

Jean-Luc Landry boucle l’ouvrage en préconisant la modernisation libérale du modèle québécois. Faisant table rase du vieux clivage gauche-droite, il souligne que l’austérité est à demeure. Pour sauver les programmes sociaux, il faudra donc briser quelques monopoles étatiques et corporatifs et éliminer la sécurité d’emploi dans le secteur public, qui freine la mobilité de la main-d’œuvre. Il propose aussi la création d’un Bureau indépendant du budget et de privilégier Montréal, le moteur économique du Québec.

Maximiser le potentiel économique du Québec

Sous la direction de Mario Lefebvre, Marcelin Joanis et Luc Godbout, Presses de l’Université Laval, 189 pages

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