PERSONNALITÉ DE LA SEMAINE

Les jeunes philanthropes du Défi-Jeunesse Sainte-Justine des écoles privées

On a souvent parlé du fossé qui séparait le Québec du reste du pays en matière de philanthropie. La province accusait du retard. Amasser des fonds pour aider une bonne cause, tant dans le domaine de la culture que dans ceux de la santé ou des sciences, peu importe, était moins facile qu’ailleurs sur le continent parce que les traditions en matière de bienfaisance étaient moins ancrées. Mais les choses ont changé.

La semaine dernière à l’hôpital Sainte-Justine, l’homme d’affaires Paul Desmarais, jr, coprésident d’honneur de la grande campagne de financement de l’établissement montréalais, appelée Plus mieux guérir, a expliqué que cette époque était révolue et que ce décalage n’existait plus. Les Canadiens français donnent généreusement à leurs grandes institutions, aident, s’engagent, participent à cet aspect du développement de la société. « Donner est un pas vers le bonheur », a-t-il expliqué. « Et les gens le comprennent. » Et les jeunes, suivant l’exemple de leurs parents, le voient et le sentent mieux que jamais.

La relève est-elle assurée ?

On dirait que oui, car cette semaine, La Presse a choisi de souligner l’engagement de quelque 40 000 élèves de 5 à 17 ans d’une cinquantaine d’écoles privées de partout au Québec, qui participent au Défi-Jeunesse Sainte-Justine des écoles privées et dont les efforts dépassent toutes les attentes. Tous ensemble, ils sont notre personnalité de la semaine.

Jusqu’à présent, ces élèves ont réussi à amasser plus de la moitié de l’objectif de 5 millions établi en 2013 pour leur campagne quinquennale. Et la collecte continue.

Ce Défi-Jeunesse est un des trois volets de la stratégie de Sainte-Justine auprès des jeunes et des très jeunes pour aller chercher l’engagement humain et financier de la relève philanthropique. À travers trois axes, la fondation de l’hôpital compte trouver 15 des 150 millions visés d’ici 2018 avec sa grande campagne Plus mieux guérir. Mais alors que des cellules d’action philanthropique comme le Cercle des jeunes leaders ou le groupe de relève du « cabinet de campagne » de Plus mieux guérir – une sorte d’aile jeunesse du conseil central de la grande opération de financement – vont chercher des appuis chez les jeunes gens d’affaires et autres nouveaux influenceurs de la société québécoise devenus adultes, le volet Défi-Jeunesse, lui, se passe dans les écoles. Avec des élèves du primaire et du secondaire.

« On organise toutes sortes d’activités », expliquent Djammy Charles et Raphaële Maltais, deux élèves de cinquième secondaire de l’école Saint-Sacrement, à Terrebonne, qui sont les porte-parole de l’activité dans leur établissement. Événements sportifs, culturels… Toute l’école est sollicitée. 

« On rencontre les parents, on mobilise tout le monde, dit Raphaële, on met du matériel sur les réseaux sociaux pour expliquer c’est quoi le Défi et comment et pourquoi il faut donner. »

Est-ce difficile ? Pas du tout, répondent les jeunes.

« Quand on leur explique c’est pour quoi et comment il faut aider les enfants malades et comme on est chanceux, ça marche. Quand on parle d’enfants malades, personne ne peut rester indifférent. » 

— Djammy Charles, coporte-parole du Défi-Jeunesse à l’école Saint-Sacrement, à Terrebonne

Les deux jeunes ont appris au sein de leur famille l’importance de donner à ceux qui sont moins chanceux.

Depuis septembre, le Défi a permis de récolter 92 000 $ dans leur seule école. Un record pour Saint-Sacrement. Et est-ce que cela leur apporte du bonheur ?

« Oui, vraiment ! », lancent les adolescents. « C’est vraiment très motivant. Encourageant. Et aussi de savoir qu’on est parmi les grands parce que nous aussi on participe à l’effort collectif. »

Djammy et Raphaële étaient en effet à Sainte-Justine la semaine dernière pour la Journée nationale de la philanthropie, en compagnie de M. Desmarais, de François-Charles Sirois, de France-Élaine Duranceau ou de François Rivard, président du Cercle des jeunes leaders, ainsi que de plusieurs autres personnalités qui participent à Plus mieux guérir. Pour eux, ont confié les adolescents, c’était un honneur de faire équipe avec toutes ces figures marquantes et en devenir de la philanthropie québécoise et canadienne, mais aussi en compagnie de dizaines d’autres élèves comme eux, engagés dans ce processus.

Et il y avait aussi les grandes porte-parole du Défi-Jeunesse : les trois sœurs Dufour-Lapointe, Maxime, Chloé et Justine, championnes de ski acrobatique.

Le Défi-Jeunesse Sainte-Justine des écoles privées est une initiative lancée il y a sept ans. Le but cette année : récolter 700 000 $ pour le centre de traumatologie, donc une tranche des 5 millions au total que vise la campagne répartie sur plusieurs années. Les activités du Cercle des jeunes leaders, qui elles visent une relève un peu plus âgée avec des activités comme le Bal de Sainte-Justine, un duathlon ou un triathlon et même un gala, cherchent à aider le centre de soins intensifs pour les nouveau-nés et elles ont permis jusqu’à présent d’amasser 9 millions.

Et est-ce que cela rend tous ces nouveaux philanthropes heureux ?

« C’est sûr, répond Djammy, cette expérience va nous marquer pour la vie. Et on va toujours être prêts ! »

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