Monsieur l’inspecteur
Les dessous des planchers chauffants
Collaboration spéciale
L’installation d’un système de chauffage par le plancher est coûteuse, alors tant mieux s’il est déjà en place dans la propriété qui vous intéresse. Voici quelques notions de chauffage radiant, assorties de mises en garde.
Les fils chauffants sous la céramique du plancher de la salle de bains sont en voie de devenir la norme, surtout lors de rénovations. Ce type de chauffage est très confortable et s’avère rarement problématique.
Quand le plancher radiant – sous forme de fils chauffants ou de tubulure d’eau chaude – s’étend à d’autres pièces, voire à toute la maison, il faut par contre vous assurer que les vendeurs propriétaires répondent à vos questions.
– Ne génèrent aucun bruit
– N’occupent aucun espace
– Assèchent les planchers mouillés
– Sensation de confort
– Aucune chaleur intense
– Économie d’énergie
Ces systèmes chauffent essentiellement par rayonnement, plutôt que par convection et circulation d’air. Les fils ou la tubulure communiquent leur énergie thermique au plancher, qui devient une masse qui irradie de la chaleur et réchauffe les autres masses dans la pièce.
À moins d’une installation fautive qui concentre des fils chauffants à un endroit sous le plancher, les pieds n’auront jamais trop chaud. On n’aura pas non plus l’impression de « rôtir » à cause des rayons émis, qui sont tout à fait semblables à ceux du soleil.
L’inspecteur préachat peut utiliser une caméra thermique ou un thermomètre à distance pour vérifier si les fils sont bien répartis dans le plancher.
En inspection, il y a aussi lieu de vérifier si le chauffage radiant du plancher sera suffisant. Dans les salles de bains, on ne doit pas installer de fils chauffants sous les appareils de plomberie, les armoires et la vanité. Souvent, il ne reste tout simplement pas assez de surface de plancher. On doit alors complémenter avec une petite plinthe électrique ou un convecteur.
« Il faut couvrir au moins 60 % de la superficie de la pièce pour pouvoir chauffer adéquatement et se servir des fils comme chauffage principal. »
— Philippe Beaulieu, copropriétaire chez le fabricant Ouellet
Dans une cuisine dotée de nombreuses armoires et d’un îlot, la règle du 60 % pourrait être difficile à appliquer. S’il y a dans la pièce une grande porte-fenêtre et des murs extérieurs mal isolés qui causent des déperditions de chaleur, le plancher chauffant pourrait alors ne pas suffire.
Si la céramique du plancher ne vous plaît pas, sachez qu’en la retirant, les fils ne survivront pas ! « Les câbles chauffants ont la durabilité du décor qu’on choisit, explique Sylvie Gagnon, présidente du distributeur et fabricant Flexco. Si je suis tanné de ma céramique, je devrai l’arracher en endommageant mes câbles, ou la couvrir et doubler l’épaisseur du plancher. »
Si c’est tout un niveau ou l’ensemble de la maison qui est chauffé par planchers radiants, il est fortement conseillé de questionner le propriétaire vendeur sur les matériaux et la main-d’œuvre utilisés.
– Les factures, garanties et autres documents peuvent-ils être consultés ?
– Les travaux ont-ils été accomplis par un entrepreneur spécialisé en chauffage ?
– Des calculs ont-ils été réalisés pour s’assurer d’une chaleur suffisante et uniforme ?
– Chaque pièce est-elle dotée d’un thermostat ?
– Des pièces sont-elles difficiles à chauffer par grand froid ?
Attention : certains matériaux sont incompatibles, comme le bois franc et les fils chauffants. L’efficacité est toujours moindre sous du tapis ou un prélart.
Les systèmes hydroniques (à l’eau chaude) sont encore plus complexes à installer, surtout quand ils sont divisés en plusieurs zones. On les retrouve de plus en plus dans le béton de la dalle du sous-sol.
Les fabricants de produits de planchers chauffants évoquent des économies de frais de chauffage de 30 % à 40 %, lorsqu’on les compare aux modes de chauffage traditionnels.
L’économie est réalisée d’après le principe suivant : quand les pieds ressentent la chaleur, le reste du corps peut être confortable à une température de l’air inférieure à 21 °C. On peut donc régler le thermostat autour de 19 °C.
Les gens qui vivent avec des planchers chauffants ajustent-ils ainsi leur thermostat à la baisse ? L’expert-conseil en bâtiment Yves Perrier en doute. Et même si c’était le cas, explique-t-il, sous notre climat nordique, l’économie d’énergie serait minime. Quand il fait -20 °C dehors, que l’on comble une différence de 39 ou 41 degrés pour arriver à 19 ou 21 degrés à l’intérieur, cela ne fait à peu près aucune différence sur la facture de chauffage.