Un besoin d’amour « démesuré »

Julie Sirois est technicienne en éducation spécialisée. Elle travaille avec les jeunes à l’école secondaire depuis 22 ans. Elle constate que la violence est banalisée chez les jeunes.

Les filles sont de plus en plus violentes verbalement, mais aussi physiquement. « J’ai vu des filles gifler des gars ou leur donner des coups de poing, parce qu’il y avait eu atteinte à leur réputation », dit-elle. Elle pense que les adolescents n’ont plus de repères. Qu’ils n’ont plus de modèles solides, et que certains d’entre eux parlent très peu avec leurs parents.

Dans les relations de couple aussi, elle est surprise de voir autant de violence et surtout de constater à quel point celle-ci est devenue normale à leurs yeux.

« Les filles sont en couple très jeunes et certaines se font insulter par leur copain, se font bousculer, voire frapper. Pour elles, c’est normal d’accepter toutes les demandes des gars. Elles ont besoin d’amour de manière démesurée et c’est pour ça qu’elles acceptent n’importe quoi. »

– Julie Sirois

Il y a un an et demi, Julie Sirois a décidé qu’il fallait renforcer l’estime de soi des filles et a lancé le programme Les Olympes. Ce programme a été créé en hommage à Olympe de Gouges, la première femme au XVIIIe siècle, en France, à formuler une déclaration du droit des femmes. Elle a été guillotinée le 3 novembre 1793 en raison de ses idées révolutionnaires.

En acceptant de rejoindre le groupe, les jeunes filles doivent prendre un engagement personnel et le respecter. Par exemple, elles peuvent s’engager à faire les bons choix amoureux, à cesser de critiquer leur apparence, à s’aimer telles qu’elles sont, etc. « Au lieu de se détruire, les filles vont s’entraider, dit-elle. Je vois qu’en mettant l’accent sur la solidarité et sur l’entraide au féminin, il y a un vrai progrès. Ça marche ! »

Amanda, 18 ans, est une Olympe. Elle a pris l’engagement de se respecter et de ne pas se laisser toucher par les critiques négatives, car elle estime que les filles entre elles se jugent beaucoup. « J’ai un trouble de concentration avec hyperactivité et je suis très timide, explique-t-elle. Cette différence entraînait à l’école quelques remarques ou injures. Grâce aux Olympes, je me suis fait des amies et je suis moins solitaire. »

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