EMPLOIS DANS LE DOMAINE DE LA SANTÉ

Des formulaires d’embauche au Québec considérés discriminatoires

Avez-vous déjà eu un problème mental, digestif, endocrinien, immunitaire, sanguin, urinaire, cutané, neurologique, cardiaque, respiratoire, musculo-squelettique, ophtalmique, auditif ou des allergies qui pourraient nuire au poste pour lequel vous postulez ? Avez-vous déjà été opéré ? Croyez-vous être enceinte ?

D’une seule voix, 28 organismes défendant entre autres des personnes atteintes de sida, de cancer, de maladies cardiaques ou de problèmes mentaux dénoncent les questionnaires d’embauche considérés discriminatoires qu’exige le gouvernement du Québec pour quantité d’emplois dans le domaine de la santé.

Déjà alertée par la plupart de ces mêmes organismes, la Commission des droits de la personne avait fait un rappel à l’ordre en 2010 et indiqué que « le simple fait de poser une question concernant l’un des motifs de discrimination prévus à l’article 10 de la Charte avant l’embauche est contraire à la loi sauf si cette question réfère à une qualité ou une aptitude requise par l’emploi ».

Depuis lors, quelques rares questionnaires ont été corrigés, mais c’est loin d’être suffisant, dénonce le regroupement après avoir lancé une nouvelle série de demandes d’accès à l’information dans le réseau de la santé puis consulté les formulaires d’embauche ainsi obtenus. 

« Dans beaucoup de questionnaires, on demande encore aux gens s’ils ont consulté un médecin au cours de la dernière année, s’ils prennent des médicaments et si oui, lesquels. D’emblée, une personne qui a le sida, par exemple, se sent obligée de le révéler. »

— Me Liz Lacharpagne, avocate chez COCQ-SIDA (coalition des organismes communautaires québécois de la lutte contre le sida)

Certains postes exigeants ou milieux de travail particulièrement difficiles peuvent justifier certaines questions précises et ciblées, mais jamais aussi larges et pour autant de postes que ce que l’on voit présentement, dénonce le regroupement d’organismes.

Pour le regroupement, il est inacceptable que des gens comme l’une de ses plaignantes doivent répondre à plus d’une quarantaine de questions très détaillées sur leur vie personnelle et ce, avant même d’avoir passé l’entrevue d’embauche.

Le regroupement presse donc la Commission des droits de la personne de mener une enquête nationale sur la question et de faire des recommandations pour en finir avec cette pratique.

Cette fois-ci, c’est le réseau de la santé qui est visé, mais Me Liz Lacharpagne est convaincue « que le problème est plus étendu que cela. Dans La Presse, il y a quelques semaines, vous évoquiez d’ailleurs un formulaire assez particulier qui avait cours à la Commission scolaire de Montréal ».

La CSDM demandait aux candidats s’ils avaient déjà eu des problèmes de santé liés à la qualité de l’air ou aux moisissures. La question avait été retirée quelques jours après la publication de l’article.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.