Rendez-vous national sur la main-d’œuvre

Couillard fera une révision « ciblée » des normes du travail

Québec — Le premier ministre Philippe Couillard entend rouvrir la Loi sur les normes du travail, mais sa réforme sera « ciblée ». Il veut en priorité améliorer les conditions des travailleurs saisonniers et de ceux des agences de placement. Des mesures pour faciliter la conciliation travail-famille sont également dans les cartons.

L’enjeu divise le patronat et les syndicats, comme l’a démontré hier le Rendez-vous national sur la main-d’œuvre convoqué par le premier ministre. C’est donc avec prudence que Philippe Couillard s’est exprimé à la clôture de l’événement. « On est prêt à faire une ouverture ciblée » de la loi, a-t-il déclaré devant les participants réunis au Centre des congrès de Québec.

Les conditions des travailleurs des agences de placement, bien souvent des immigrants, le préoccupent. « On m’a raconté des histoires à dresser les cheveux sur la tête ! a-t-il lancé. Ce sont des entreprises instables, qui font faillite, renaissent sous un autre nom, et les travailleurs se retrouvent souvent abandonnés. »

Il a reconnu que le gouvernement a tardé à réagir à ce phénomène. « Je comprends qu’il y a eu plusieurs rapports, je comprends que c’est tombé entre deux chaises, mais on va coller les chaises ensemble. »

Pour ce qui est des travailleurs saisonniers, Philippe Couillard est resté bien vague. Le gouvernement veut s’assurer que ces employés, « qu’on a tendance à sous-évaluer », « ne sont pas pénalisés outre mesure », s’est-il limité à dire.

Avec sa réforme, Québec se donne pour objectif global d’« améliorer la qualité de vie au travail des salariés tout en augmentant les gains de productivité pour les entreprises ».

Travail-famille

Philippe Couillard a évoqué l’adoption de mesures de conciliation travail-famille, sans donner de détails. Il a fait valoir que « ce n’est pas économiquement négatif de faire des initiatives » en cette matière. C’est devenu un facteur incontournable pour attirer et retenir la main-d’œuvre, a-t-il plaidé.

Pour la ministre du Travail Dominique Vien, « on ne peut occulter la question de la conciliation travail-famille » dans le cadre de la réforme de la loi. « Jusqu’où nous pourrons aller ? C’est une autre paire de manches. »

La révision de la loi sera faite « le plus rapidement possible ». Mais la ministre n’a pas voulu s’engager à la compléter d’ici la fin du mandat du gouvernement Couillard à l’automne 2018.

Elle a cherché à contenir les attentes, soulignant que « le Québec est l’une des provinces où l’on retrouve les normes du travail parmi les plus progressistes ».

« Le moment est venu »

La dernière révision de la Loi sur les normes du travail remonte à 2002. On avait alors fait passer de cinq à dix le nombre de jours de congé, sans salaire, pour obligations familiales, par exemple.

Lors du Rendez-vous, les chefs syndicaux ont demandé l’adoption d’une loi-cadre sur la conciliation travail-famille-études et l’ajout à la Loi sur les normes du travail de congés rémunérés pour obligations familiales.

« Parler d’une législation, ça nous fait peur », a lancé de son côté Martine Hébert, de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. Elle préconise plutôt la création d’un guide de bonnes pratiques en matière de conciliation.

« Le moment est venu de revisiter la Loi sur les normes du travail, de la regarder, en fonction des nouvelles réalités du monde du travail. Certaines organisations sont plus frileuses, d’autres ont plus d’appétit sur cette révision. On va essayer d’atteindre un équilibre », a affirmé Dominique Vien.

Le Rendez-vous a été l’occasion pour le gouvernement de réitérer sa volonté d’offrir une meilleure adéquation entre la formation donnée dans les institutions d’enseignement et les besoins du marché du travail, par exemple. Mais aucune annonce concrète n’a été faite. Le budget, attendu en mars, « aura un accent très fort sur la formation », a toutefois indiqué le premier ministre.

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